Nutrition & Santé veut être un acteur majeur de la transition alimentaire

À la tête de Nutrition & Santé, Didier Suberbielle défend une vision exigeante de l’alimentation. Le président du directoire du groupe agroalimentaire de Revel était le 12 septembre l’invité de La Tribune à Toulouse. Transition alimentaire, naturalité, états généraux de l’alimentation, il a partagé sa vision et dénonce les pratiques de la grande distribution "dans une spirale négative de destruction de valeur".
L'invité de la Matinale La Tribune Toulouse : Didier Suberbielle, dirigeant de Nutrition & Santé depuis 11 ans.

Répondant aux questions de la rédaction et des participants de la Matinale La Tribune Toulouse, Didier Suberbielle, dirigeant de Nutrition & Santé depuis 11 ans, a évoqué l'identité et les projets de l'entreprise ainsi que les problématiques des industries agroalimentaires.

L'ère de la transition alimentaire

"Une société se définit avant tout par sa mission. La nôtre est d'assurer la santé du consommateur par l'alimentation. Il ne s'agit pas de ce qu'on a appelé 'les alicaments' dont les consommateurs ne veulent pas mais d'une alimentation qui assure la santé par la naturalité. Pour moi nous sommes entrés dans l'ère de la transition alimentaire comme il y a une transition énergétique. En devenant flexitarien, il faut passer des protéines animales vers les protéines végétales et d'une alimentation mondialisée vers une alimentation locale. Ces deux mutations sont majeures et Nutrition & Santé en sera un des acteurs principaux."

L'alimentation a un prix

"En 25 ans, le poids de l'alimentation dans le panier moyen des Français est passé de 25 à 15%. Aujourd'hui, le consommateur n'est pas prêt à payer l'alimentation à son juste prix. Il faut aussi avoir conscience que si l'on ne paye pas l'alimentation au juste prix, en bout de chaîne, c'est l'agriculteur qui est perdant. Aux États-Unis, l'évolution va plutôt dans le bon sens. L'obésité infantile est en train de diminuer ainsi que la consommation de soda. Je crois qu'un certain nombre de signaux faibles nous indiquent qu'on peut avoir l'espoir qu'une alimentation saine soit considérée comme une priorité."

Fournisseurs VS distributeurs, un rapport de force déséquilibré

"L'industrie agroalimentaire (500 000 emplois en France) est mal en point avec des taux de marge en chute libre en raison des baisses de prix obtenues par la grande distribution depuis 4 ans, sous peine de déréférencement. 50% des agriculteurs gagnent moins de 500 euros par mois. La grande distribution est dans une spirale négative de destruction de valeur. Ça ne peut plus continuer comme cela. Avec les dispositions réglementaires de la loi LME, le rapport de force (4 distributeurs face à 13 000 fournisseurs) est complètement déséquilibré."

Un actionnaire de long terme

"Le changement d'actionnaire en 2009 nous a permis de changer radicalement de stratégie et d'horizon de temps. Sous LBO, il était très difficile de piloter la société à long terme. Désormais, avec Otuska, nous avons toute latitude pour engager des dépenses de R&D (45 personnes actuellement au sein du groupe, NDLR), ainsi que des investissements sur les outils industriels qui ne sont pas rentables à court mais à long terme. Même chose sur la formation pour laquelle nous avons doublé nos budgets. On ne voit plus à six mois, mais à 10 ou même parfois 20 ans. Depuis 11 ans, Otuska n'a pas pris un euro de dividende."

Lire aussi : Didier Suberbielle (Nutrition & Santé), invité de La Matinale de La Tribune à Toulouse

Portrait

Didier Suberbielle a 55 ans. Diplômé d'HEC en 1984, il commence sa carrière chez Procter & Gamble en tant que directeur marketing, d'abord en France pour la branche Health and Beauty Care puis en Espagne dans la branche pharmacie. En 1990, il co-fonde ce qui va devenir l'un des grands succès de la décennie : la première chaîne de parapharmacies Parashop.

En 1995, il devient directeur marketing international puis directeur commercial international de Moët & Chandon au sein du groupe LVMH. De 2000 à 2002, il est PDG des Champagnes Pommery toujours au sein de LVMH.

Changement radical de secteur en 2002 quand Didier Suberbielle devient PDG des publications Condé Nast, groupe américain d'édition de presse magazine (Vogue, Vanity Fair), et lance la version française du magazine Glamour. En 2006, il rejoint à Toulouse sa ville natale. Approché par le chef d'entreprise Alain Chatillon, fondateur du groupe Diététique et Santé, devenu Nutrition & Santé, il en prend la direction et devient président du directoire.

Onze ans plus tard, le groupe a doublé de taille, changé d'actionnaire, multiplié les opérations de croissance externe et pris une dimension très internationale. 50% du chiffre d'affaires se fait à l'export, pour un chiffre d'affaires global 2016 de 458 millions d'euros. Administrateur de l'Ania (Association Nationale des Industries Agroalimentaires) et président du SFNS (Syndicat Français de La Nutrition Spécialisée), Didier Suberbielle est engagé dans le combat qui oppose actuellement l'industrie agrolimentaire et la grande distribution.

Didier Suberbielle est actionnaire minoritaire et à titre personnel d'Hima News, groupe qui édite La Tribune Toulouse.

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