TAT Productions a réussi son pari. Avec 600 000 entrées en salles sur cinq semaines pour son premier long-métrage "Les As de la Jungle", la société de production a franchi le seuil de rentabilité. La performance est d'autant plus notable que le film d'animation était concurrencé cet été par les blockbusters Cars 3 ou Moi, moche et méchant 3. Fondée en 2000, TAT Productions est aujourd'hui la figure de proue de la filière animation dans la région Occitanie. "Nous faisons vivre à l'année 120 personnes, ce qui correspond à 60 ETP (équivalent temps plein). La filière animation représente 150 à 200 emplois rien qu'à Toulouse et plus de 500 emplois sur la région Occitanie", estime Jean-François Tosti, cofondateur de TAT Productions. Pour lui, la filière occitane de l'animation a pu s'imposer grâce à un modèle économique atypique :

"TAT comme d'autres acteurs toulousains est à la fois studio de création et producteur des œuvres. L'intérêt de ce modèle est que les revenus issus de la propriété intellectuelle nous reviennent entièrement. C'est la différence majeure avec par exemple une ville comme Angoulême. Là-bas, il y a beaucoup de studios créatifs mais qui sont des prestataires de producteurs parisiens."

Les studios locaux ont su également tirer profit du Cartoon Forum, le rendez-vous européen de la production de série d'animation, qui se tient pour la 6e année consécutive à Toulouse du 11 au 14 septembre prochain. "En 10 ans, la filière a explosé : on est passé de 2 à 12 studios d'animation. Le Cartoon forum a eu un impact très fort dans ce développement", estime Dominique Salomon, vice-présidente de la Région Occitanie en charge de la Culture.

Les studios joignent leurs forcent pour grandir

Pour continuer de grandir, les studios cherchent depuis quelques années à structurer une filière régionale. Alors que l'idée évoquée en 2013 par l'ex-Région Midi-Pyrénées de créer un cluster animation n'a finalement jamais vu le jour, en 2014 six studios d'animation ont créé l'ARPAnim.

Cette association régionale des producteurs d'animation compte TAT Production et d'autres figures montantes du secteur comme les Toulousains Anoki ou XBO Film. Elle a pour objectif de "participer au développement d'une filière du film d'animation allant de la formation à la diffusion, ainsi que d'œuvrer pour la création et le maintien de l'emploi local lié à ce secteur".

Les studios s'associent également pour répondre à des besoins spécifiques. Ainsi, TAT et XBO ont signé une convention de partenariat avec Pôle emploi pour former 12 stagiaires en storyboard (suite de dessins correspondant chacun à un plan d'un épisode ou d'un film). "Il y a très peu de personnes qui ont ce profil en France. À l'issue de la formation, 7 à 8 emplois devraient être créés", explique le cofondateur de TAT.

De la même manière, trois sociétés de production audiovisuelle régionales (Anoki, Le-Lokal, et Xbo Films) et le producteur parisien Melting productions ont annoncé ce mardi 5 septembre la création d'un studio d'animation en commun pour réaliser de la 2D. "Notre spécialité est le stop-motion mais il nous arrive parfois d'avoir des besoins en dessin animé traditionnel. Nous ne sommes pas une société assez grande pour avoir notre propre studio 2D alors nous avons décidé de nous associer avec plusieurs autres studios locaux", raconte Luc Camilli, gérant de XBO Film.

En revanche, le lancement d'un "creative district" reste pour le moment à l'état de projet. Il y a un an, Toulouse Métropole avait annoncé l'acquisition de locaux en vue de la création d'un quartier dédié aux startups du domaine de l'industrie créative (médias, jeu vidéos, animation, cinéma, tourisme).