Easyjet : "le low cost long-courrier n'est pas notre modèle économique"

Venu à Toulouse pour la livraison du premier A320neo, François Bacchetta, directeur général d'Easyjet pour la France, revient dans une interview à la Tribune sur la stratégie de la compagnie low-cost. Où compte-t-elle déployer de nouvelles lignes ? Va-t-elle se lancer dans la bataille du low cost long-courrier ? Combien d'emplois seront créés à Toulouse ?
François Bacchetta, le directeur général d'Easyjet en France.

Easyjet a annoncé l'ouverture de 15 nouvelles lignes cette année en France dont trois à Toulouse (Malaga, Venise, Valence). Comptez-vous maintenir ce rythme de croissance pour l'année 2018 ?

Nous sommes en train de travailler dessus. Easyjet connaît cette année une dynamique de croissance très forte, à deux chiffres. Mais la pénétration de notre segment en France est encore très largement inférieure à la moyenne européenne : 30 % des vols intra-européens sont opérés par des compagnies low cost en France quand la moyenne européenne est de 45 à 47 % des vols.

Il existe encore des opportunités en France notamment en région. En termes d'aménagement du territoire, il reste notamment beaucoup à faire pour placer chaque région au centre de l'Europe. Il faut savoir que sur les 230 lignes créées par Easyjet en France, la moitié sont des destinations qui n'étaient proposées jusqu'alors par aucune compagnie. À Toulouse, nous avons ouvert par exemple des liaisons vers Berlin et Milan alors qu'il n'existait pas de vols auparavant vers ces destinations.

De même, les vols intérieurs, qui ont fait le succès d'Easyjet en France, ont également un fort potentiel de croissance pour le voyage d'affaires : il est toujours difficile pour une PME de Toulouse de se déplacer à bas coût pour travailler avec une PME alsacienne, bretonne ou lilloise.

Le marché du low cost long-courrier connaît un succès inattendu. Des compagnies comme Norwegian, WOW Air ou XL Airways se sont positionnées sur ce segment. Bientôt au tour d'Easyjet ?

Easyjet est spécialisée sur les vols réguliers court et moyen-courrier en Europe. Notre modèle économique repose sur des vols sans correspondance. Nous venons d'acheter à Airbus 33 A321neo. Ce ne sont pas des avions pour le long-courrier, ce type d'engin est fait pour des trajets de 4 heures de vol au maximum.

Il ne faut jamais dire jamais mais pour l'instant le low cost long-courrier n'est pas du tout notre modèle économique. Par ailleurs, il nous reste encore beaucoup à faire dans notre domaine de compétence. Notre part de marché en Europe est seulement de 8 %.

Qu'attendez-vous des constructeurs aéronautiques en matière de confort en cabine ? Le wifi et la connectivité se développent de plus en plus, est-ce un sujet à l'étude pour votre compagnie ?

Autant je peux comprendre la demande d'un service wifi à bord quand on fait du long-courrier, 6-12 heures de vol, mais le vol moyen en Easyjet est de 1h20, soit l'équivalent d'un Orly-Toulouse. Si le standard wifi s'impose sur le court-courrier, nous reverrons notre position mais nous n'allons pas générer des coûts fixes avec une utilité marginale qui risque de renchérir le prix du billet d'avion. Notre priorité est d'offrir le meilleur rapport qualité-prix sur le court-courrier.

Avec 27 destinations et 2 116 962 passagers en 2016, Easyjet est la première compagnie à bas coût à Toulouse, loin devant Volotea ou Ryanair. Quel est le potentiel de croissance dans la Ville rose ?

Nous sommes la deuxième compagnie aérienne à Toulouse avec 23 % de parts de marché. Nous avons assuré l'essentiel de la croissance du trafic aérien de l'aéroport depuis 10 ans. Toulouse est la plateforme en France qui a la plus forte proportion de clientèle d'affaire (30 % des voyageurs). Nous avons déjà développé les liaisons qui ont des liens économiques avec Toulouse au travers d'Airbus comme Bristol ou Séville. À l'avenir, tout ce qui sera dans le rayon d'action de l'A320 sera étudié.

Concernant les "destinations loisirs", Toulouse a une appétence particulière pour l'Espagne, nous allons donc ouvrir des routes vers ce pays. Il existe aussi des destinations mixtes. Par exemple, la ligne Toulouse-Venise est bien entendu une destination loisir, mais pas seulement. C'est une nouvelle opportunité économique puisque vous touchez l'est de la Plaine du Pô, une région industrielle très dense, ce qui peut faciliter la naissance de partenariats.

Easyjet a lancé une campagne pour recruter 450 pilotes à travers l'Europe. Combien d'emplois seront créés à Toulouse ?

36 nouveaux emplois sont créés à Toulouse cette année. Ce sont à la fois des pilotes et du personnel de cabine. Les effectifs d'Easyjet à Toulouse sont désormais de 550 employés permanents.

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