Aéronautique : à Toulouse, une balise de détresse connectée pour sauver des vies

Sauver le maximum de vies en cas de catastrophe : c'est l'objectif des 83 salariés et ingénieurs d'Elta (groupe Eca), PME toulousaine spécialisée dans les balises de détresse pour l'aéronautique civil. Avec la mise en service de la constellation de satellites Galileo et une nouvelle balise connectée, alerter les secours sera plus rapide en cas de problème sur un avion. Explications.
Elite, la balise de detresse connectée, sera sur le marché en septembre 2017

20 janvier 1992, 19 h 20 : le crash d'un A320 d'Air Inter sur le Mont Saint-Odile, en Alsace, tue 87 passagers. À l'époque, la balise Argos de l'avion (système de localisation et de collecte de données par satellites) est entièrement détruite au moment de l'accident. Les secours mettent plusieurs heures à arriver sur le lieu du crash. En cause : un périmètre de recherche trop large, et des hommes retardés par une route encombrée de badauds alertés par les médias. Plus de quatre heures s'écoulent entre le crash et l'arrivée des secours. Durant ce laps de temps, plusieurs rescapés seraient décédés.

C'est à la suite de ce drame que la présence d'une balise de détresse à bord d'un avion commercial devient obligatoire, en 1995, afin notamment de mieux localiser l'appareil. À Toulouse, dans le quartier de Basso Cambo, une PME de 83 salariés s'est spécialisée dans la conception et la fabrication de ces balises, grâce à des compétences très pointues en électronique sécuritaire, radiofréquence et radionavigation.

La balise qui sauve des vies

"Elite", c'est le nom d'un petit appareil embarqué qui sera mis sur le marché en 2017 pour équiper les avions commerciaux dans un objectif : sauver des vies en cas de crash. Cet engin bourré de technologie (rien à voir avec la boîte noire, qui est un simple enregistreur) est développé par la société toulousaine Elta, spécialisée dans les balises de détresse. Ses produits sont présents sur les aéronefs des plus grandes compagnies aériennes mondiales (350 des 440 compagnies dans le monde, dont les majors comme Air France ou Emirates).
Elite, le nouveau produit d'Elta, a deux particularités : tout d'abord, cette balise s'adapte à une nouvelle réglementation ICAO (organisation de l'aviation civile internationale) qui entrera en vigueur en 2021.

"La réglementation, se basant sur des événements d'avions en détresse ces dernières années, demande que l'on suive de manière plus précise les avions, avant même que le crash n'intervienne", indique Éric Pautal, directeur des ventes d'Elta.

Pour cela, la nouvelle balise sera capable de lire le "bus" (l'axe de communication d'informations entre tous les organes actifs de l'avion). "La balise saura alors s'il y a des paramètres qui font dire que l'avion est en péril. Cela permet d'émettre un premier signal pour détecter le plus tôt possible un avion en détresse. La performance du nouveau système améliorera la précision de la localisation d'un avion en détresse, qui se réduira à 6 miles nautiques (soit 11 km environ, NDLR)."

Deuxième particularité ce cette balise : elle sera prête au moment de la mise en service de la constellation de satellites Galileo.

"À l'heure actuelle, si une balise détecte une anomalie sur un avion, elle envoie un signal via le système Cospas / Sarsat, composé de 6 satellites. Il peut se passer parfois deux heures avant que le signal ne soit détecté par un satellite. Avec la couverture Galileo, une constellation de trente satellites, on change d'échelle : le signal de détresse pourra être détecté en moins de 30 secondes", décrit Éric Pautal.

Enfin, autre nouveauté : en 2021, un signal retour sera désormais possible et la balise Elite sera capable de le capter. Le contenu de ce message retour n'a pas été défini mais il pourrait s'agir d'"une sorte d'accusé de réception, qui pourrait être psychologiquement très important pour les personnes en situation de détresse". Cette dernière option fait l'objet d'une collaboration entre Elta, le Cnes et Thales, dans le cadre du programme européen Horizon 2020.

Elta, rachetée par Eca Group

Elta (15 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2016) était jusqu'à décembre 2016 une société du groupe Areva. Afin de renforcer ses compétences en aéronautique, le groupe Eca (112 millions d'euros de CA en 2016, coté sur Euronext Paris), a racheté la PME. Gilbert Rosso, directeur des activités Aerospace du groupe, est ainsi devenu le nouveau directeur général d'Elta :

"Les synergies sont nombreuses entre Elta et Eca, tant au niveau technologique que commercial. Cette acquisition permet à Eca de se positionner davantage sur l'embarqué, mais aussi sur le spatial. Eca Aerospace atteint par la même occasion une taille critique, en tant qu'ETI, pour être visible auprès des donneurs d'ordres qui attendent une supply chain robuste financièrement", insiste-t-il.

Eca Aerospace vise en effet dans les 4 à 5 ans un chiffre d'affaires de 60 millions d'euros, contre 28 millions à l'heure actuelle (environ 30 % de l'activité du groupe). Elta, quant à elle, poursuit sa croissance, non seulement dans le secteur des balises de détresse, mais aussi sur la connectivité et le sans fil dans les avions (wifi), ainsi que l'électronique embarqué.

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