L'"impossibilité" de créer une ligne Toulouse-Dubaï pour Emirates

Une ligne long courrier entre Toulouse et le hub mondial de Dubaï, pour le moment, c'est impossible. Thierry de Bailleul, PDG France d'Emirates, le regrette, d'autant plus que la compagnie du Golfe a ouvert il y a 4 ans des lignes au départ de Lyon qui sont quasiment saturées. En cause : les droits de trafic délivrés par le gouvernement sont limités.

Une ligne directe au départ de Toulouse vers le Moyen-Orient : Jean-Michel Vernhes, le directeur de l'aéroport de Toulouse, en rêve depuis longtemps. Et Emirates se positionne déjà pour assurer le vol. Pour le PDG France de la compagnie du Golfe, Thierry de Bailleul, en visite dans la Ville rose la semaine dernière, "Toulouse mériterait sans aucun doute une liaison quotidienne vers Dubaï". Les deux dirigeants sont également soutenus par les collectivités locales (voir encadré ci-dessous) mais c'est désormais au niveau européen que les décisions se prennent. En effet, jusqu'à maintenant, le gouvernement français refusait d'attribuer des droits de trafic supplémentaires aux compagnies du Golfe mais, depuis juin 2016, c'est l'Union européenne qui négocie ces droits. À l'heure actuelle, Emirates a l'autorisation d'effectuer 32 vols au départ de la France chaque semaine, pas un de plus.

"Nous utilisons déjà à fond nos 32 vols. 20 au départ de Paris, 7 au départ de Nice et 5 au départ de Lyon", explique le PDG France d'Emirates.

"Il y a une très forte demande des clients qui veulent voyager vers l'est et le sud, nous avons donc fait grossir la capacité des avions au départ de Paris avec environ 3 vols par jour en A380. Sur Nice, nous passerons le 1er juillet prochain d'un Boeing 777 à un A380. Ça en dit long sur la demande."

Lobbying indirect

Par ailleurs, Thierry de Bailleul se plait à rappeler : "Emirates représente plus de 2 000 emplois à Toulouse et plus de 14 000 emplois en France. Le programme A380 est économiquement viable grâce à Emirates puisque nous représentons 40 % du carnet de commandes Airbus A380. Nous achetons aussi en France nos sièges d'avions et sommes, par exemple, le premier acheteur mondial de Dom Pérignon, un vin que nous servons à bord de nos avions. Au total, par ses achats, la compagnie génère 6 500 emplois indirects en France, c'est considérable."

Un argument pour peser dans les négociations sur les droits de trafic ? "Ce n'est pas ce que je dit", répond sobrement le PDG, pour qui "les compagnies ne peuvent pas influencer les décisions prises par les États souverains, et se contentent d'émettre des vœux". Néanmoins, Thierry De Bailleul semble opérer discrètement un lobbying indirect, en se rendant régulièrement à Toulouse pour rencontrer les responsables de l'aéroport et ceux des collectivité locales. Il assure d'ailleurs qu'à Lyon, les fréquences ont pu passer de 5 à 7 vols par semaine "grâce la mobilisation des élus locaux, et à une sorte d'union sacrée entre élus de tous bord pour défendre ce projet qui est stratégique pour eux."

Retombées économiques

Il y a quatre ans, Emirates s'est implantée à Lyon, avec des retombées économiques "évidentes" selon le PDG d'Emirates France :

"On a vu arriver à Lyon des touristes chinois, australiens ou en provenance du Moyen-Orient, qui viennent pour le ski ou la gastronomie. Cela fait marcher les commerces, les restaurants, les musées, les parc d'attractions, les stations service, etc."

Par ailleurs, la création de la ligne "a ouvert de nouveaux business" : "Quand il faut passer par Paris pour se rendre au Moyen-Orient, beaucoup de patrons de TPE / PME jugent cela peu pratique et très cher. Mais à partir du moment où ils peuvent se rendre à Dubaï directement en six heures, ils le font. Cela crée du business et, par la suite, des clients, des fournisseurs, vont à leur tour venir en France avec cette même ligne. Il y a un effet d'entraînement. L'ouverture d'une ligne crée un marché."

La Région a saisi le gouvernement

En décembre 2016, Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, a défendu auprès d'Alain Vidalies (secrétaire d'État chargé des Transports) l'ouverture d'une liaison aérienne Toulouse-Dubaï, avec la compagnie Emirates.

Pour la présidente de Région, "une ligne intercontinentale long-courrier constitue un atout majeur pour une connexion au monde entier, en faveur de nos entreprises, mais aussi pour attirer des touristes. Cette ligne permettrait un accès direct depuis Toulouse au marché des Émirats Arabes Unis, mais aussi des échanges plus faciles avec les zones géographiques desservies par le hub de la compagnie Emirates à Dubaï."L'élue a saisi le gouvernement pour permettre un déblocage de nouveaux droits de trafic et pour ouvrir une liaison quotidienne entre Toulouse et Dubaï.

En réponse, Alain Vidalies a indiqué par courrier qu'il "partage avec la Région l'intérêt de voir se développer la connexion directe de Toulouse vers les marchés des Émirats Arabes Unis". Il ajoute par ailleurs que, désormais, la négociation des droits de trafic avec les Émirats Arabes Unis a été confiée à la Commission Européenne.

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