Aéronautique : une année 2017 mouvementée attend Latécoère

Beaucoup de chantiers importants attendent le groupe aéronautique Latécoère en 2017 dans le cadre du plan transformation 2020. Yannick Assouad, directrice générale du groupe depuis novembre 2016, s'est exprimée pour la première fois devant la presse toulousaine ce 28 mars, au lendemain de la publication des résultats du groupe. En plus de la spécialisation des usines et de la vente du site de Périole, elle mise sur l'excellence technologique pour redresser Latécoère.
Yannick Assouad, directrice générale de Latécoère
Yannick Assouad, directrice générale de Latécoère (Crédits : Rémi Benoit)

Arrivée en novembre 2016 à la tête du groupe Latécoère (après le départ assez brutal de Frédéric Michelland), Yannick Assouad a pour mission de poursuivre le plan Transformation 2020, annoncé par son prédécesseur en juin 2016.

"Le plan Boost, en 2015, visait à remettre à flot des programmes qui se passaient mal ou nous faisaient perdre de l'argent. Transformation 2020 va au-delà : il s'agit de donner à Latécoère les moyens de sa croissance future", indique la directrice générale du groupe (en provenance du groupe Zodiac).

Plusieurs étapes de ce plan ont déjà été franchies en 2016, notamment la vente de Latécoère Services, justifiée par un "recentrage sur le cœur de métier : fabriquer du matériel aéronautique", mais aussi par une baisse de l'activité d'ingénierie due à l'absence de nouveaux programmes chez les constructeurs. L'opération a permis, en partie, de dégager une trésorerie positive l'année dernière de 1,8 million d'euros.

Nouvelle usine automatisée à Toulouse

Le deuxième volet de ce plan, entamé en 2016 et dont la montée en puissance est prévue en 2017, concerne la "modernisation" des sites industriels. Ce volet comprend notamment la vente de l'intégralité du site historique de Périole, à Toulouse, même si le siège restera sur place (dans un nouvel immeuble de bureaux), ainsi que le hall d'assemblage des fuselages de l'A330.

Lire aussi : Latécoère revend son siège toulousain au promoteur Icade

Parallèlement, une usine "4.0" sera construite sur la zone de Montredon, à Toulouse, sur un terrain actuellement propriété de la Mairie. La première pierre devrait être posée en avril prochain.

"Ce sera un site extrêmement automatisé, capable de produire 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, destiné à réintégrer de la valeur ajoutée sur l'usinage qui est le cœur de métier de l'aérostructure", indique Yannick Assouad.

Sur ce site seront transférées des machines présentes à Périole et d'autres seront achetées. L'investissement représente environ 25 millions d'euros et le site comptera à terme une centaine de personnes.

Toujours dans la perspective de moderniser les sites, ceux-ci seront spécialisés : Gimont sera consacré au fuselage d'avion et se verra transférer certaines activités du site de Périole. Le site montpelliérain sera uniquement dédié aux interconnexions dans le secteur du spatial avec des clients comme Thales Alenia Space ou OneWeb. Le site de Labège sera consacré aux études, prototypes et services après vente.

Accentuer le best cost

Troisième volet du plan : le "best cost". "Même si le coût de la main-d'œuvre est beaucoup moins cher (4 dollars de l'heure au Mexique contre 30 euros en France, NDLR), les coûts indirects d'une structure d'un site best cost sont quasiment les mêmes qu'un site dans un pays industrialisé. Il faut donc remplir ces sites", estime Yannick Assouad.

Aujourd'hui, le groupe possède une usine en République tchèque, dédiée à l'activité aérostructure, qui compte 900 personnes (l'équivalent du site de Toulouse) mais qui est en tension à cause de problèmes de recrutements. C'est pour cette raison que sera ouverte une nouvelle unité en Bulgarie d'ici à la fin de l'année : "Il s'agit de donner de la souplesse au site de Prague et de réduire les coûts de production sur les tâches à faible valeur ajoutée." Contrairement à ce qui était prévu avant l'arrivée de Yannick Assouad, le site bulgare sera dédié à l'aérostructure et ne fera pas de systèmes d'interconnexion (spécialité des usines marocaines et tunisiennes).

Le transfert des portes du B787 de Toulouse vers le Mexique va se poursuivre. Les programmes A350 et A320 sont transférés dans les usines marocaines du groupe. Le site de Tarbes (35 salariés) sera quant à lui définitivement fermé d'ici à quelques jours.

Miser sur la R&T

Yannick Assouad assure qu'elle n'a modifié "qu'à la marge" le plan Transformation 2020 présenté par son prédécesseur. Elle y a notamment ajouté un volet "R&T".

"Pourquoi nous faisons tout ça ? Pour être compétitif. Si on n'est pas au bon prix, on n'est pas retenu par les avionneurs. Mais la deuxième chose, c'est qu'il faut être techniquement reconnu par les avionneurs comme étant capables de mettre en œuvre les développements et maîtriser les technologies. Nous devons assurer notre positionnement technologique. Notre bureau d'études est un point fort."

Ainsi, Yannick Assouad souhaite que le groupe accélère sur la conception et la fabrication de portes d'avions plus électriques et automatisées (à l'image de la porte Nexged qui sera présentée au Bourget comme la "porte d'avion du futur"). Un travail est mené également sur le composite et la fabrication additive, sur les pièces en titane en particulier. Côté interconnexions, "on ne pourra pas faire l'économie de la fibre optique", assure la cheffe d'entreprise.

À terme, Latécoère souhaite adresser des nouveaux marchés comme les cabines, les trains d'atterrissage et les moteurs, des activités encore largement réalisées en interne chez certains avionneurs et équipementiers et qui représentent "des opportunités de développement".

Latécoère en chiffres

Deux activités : aérostructures (en repli de 4,4 %) et systèmes d'interconnexion (en croissance de 10,1 %)

4 500 salariés dans le monde dont 2 000 en Occitanie

Chiffre d'affaires 2016 en hausse de 5,3 % à 655,2 millions d'euros, destiné à baisser de 6 % en 2017 (baisse des cadences de l'E1 d'Embraer) pour se stabiliser ensuite sur la période 2018 - 2020.

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Commentaire 1
à écrit le 28/03/2017 à 20:17
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Il faut une sacrée dose de patience pour ne pas se décourager avec l'action Aviation Latecoere, quand on voit comment Airbus grimpe au ciel et que celle-ci stagne lamentablement. Et encore, a-t-il fallu emprunter pour souscrire aux actions à 3€, ce q...

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