Une filiale d'Airbus veut équiper les A380 de mini-suites de luxe

Spécialisée depuis près de 10 ans dans l'aménagement de cabines VIP pour les avions d'États et les jets privés, Airbus Corporate Jet Centre travaille désormais sur des mini-suites pour les A380. Cette nouvelle activité répond à la course au confort lancée par les compagnies aériennes et doit permettre à ACJC de faire face à la crise de l'aviation d'affaires.
Mini-suite conçue par Airbus Corporate Jet Centre.

Dormir dans un vrai lit en plein vol : ce privilège n'est désormais plus réservé aux chefs d'État ou aux propriétaires d'un jet privé. Depuis quelques années, les compagnies aériennes se sont lancées dans une véritable course aux cabines les plus luxueuses en première classe. La compagnie nationale des Emirats Arabes Unis a placé la barre très haut en lançant en 2014 une cabine de 11 m² pour deux personnes, équipée d'une chambre, d'une salle de bain et d'une pièce à vivre. À Toulouse, Airbus Corporate Jet Centre (ACJC) travaille depuis un an sur ce nouveau créneau porteur. La société a mis au point des mini-suites de 2,5 m2 incluant un siège convertible en un vrai lit à destination des espaces 1re classe des A380 et A350.

Parmi les leaders mondiaux sur l'aménagement de cabines de jets privés

Fondée en 2007, cette filiale à 100% d'Airbus est devenu l'un des leaders mondiaux dans l'aménagement de cabines d'avion à destination des gouvernements et des jets privés. Sur ce segment, elle détient 50% de parts de marché au niveau mondial avec seulement trois concurrents en Europe, (deux sociétés suisses et une entreprise allemande). "Nous partons d'un avion nu d'une surface d'environ 100m2 et le client choisit l'aménagement des pièces: chambre, salle de bains, salle de réunion ou salon lounge comme il dessinerait les plans d'une belle villa", explique Sylvain Mariat, responsable du studio de design créatif d'ACJC.

Les rêves les plus fous des clients sont exaucés pour des prix allant de 27 à 40 millions la cabine.

"Je me souviens d'un passionné de photographie qui collectionnait les clichés de montagnes entourées de nuages. Il souhaitait avoir un hublot en dessous de l'avion pour prendre des photos en vol. Techniquement, ce n'était pas possible mais nous avons optimisé le hublot latéral pour une meilleure visibilité", poursuit Sylvain Mariat.

Un autre client asiatique voulait pouvoir contrôler l'ensemble des équipements de l'avion (éclairages, musique...) depuis son téléphone. Nous avons donc créé une application spécialement dédiée à son smartphone et remplacé le cablâge électrique par une connexion wifi. Finalement, cette solution allège l'appareil et permet de consommer moins de carburant."

Airbus Corporate Jet Centre

Chambre aménagée au sein d'un ACJ319 VVIP (Crédit : Airbus Corporate Jet Centre).

Ces demandes originales sont plutôt rares puisque "au moment de l'achat, les clients pensent déjà à la revente donc la customisation atypique est assez rare". Du côté des gouvernements, fini les gros téléphones rouges reliés avec les organes de l'État. "Désormais les présidents peuvent utiliser leur portable sans coupure de réseau au cours du trajets. Les États nous demandent également de crypter les données de communication", ajoute Sylvain Mariat.

L'aviation d'affaires en pleine crise, l'aviation commerciale toujours plus luxueuse

La société ACJC livre à 1 à 2 appareils de ce type par an, ce qui lui a permis de réaliser 85 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2014. Mais depuis quelques années, l'entreprise toulousaine est frappée de plein fouet par la crise traversée par l'aviation d'affaires. "La crise politique en Ukraine a fait chuter de moitié la valeur du rouble; en Chine le marché s'est arrêté du fait de nouvelles régulations d'État; et le Moyen-Orient est affecté par la chute du prix du baril de pétrole", explique Joël Frugier, directeur général d'ACJC. L'entreprise qui comptait 270 salariés en 2013, en compte aujourd'hui 200.

La société a donc décidé de diversifier son activité et de mettre à profit son expérience de cabine VIP au sein de l'aviation commerciale. "Jusqu'à présent, dans la première classe des avions, les améliorations se sont concentrées sur l'amélioration du confort du siège. Désormais, le confort est aussi axé sur la connectivité. À terme, vous trouverez normal de pouvoir téléphoner ou aller sur internet en plein vol", poursuit le DG. La société compte convaincre les compagnies aériennes de son projet de mini-suites pour finaliser d'ici quelques années les premiers contrats. Autre piste de diversification pour la société : la location. "Nous travaillons beaucoup avec les sociétés de leasing, la location d'un jet privé est une activité en en plein développement", avance Joël Frugier, directeur général d'ACJC.

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