Une coopérative informatique pour échapper à la logique des SSII

"Dégoûtés" par les conditions de travail dans les sociétés de services informatiques (SSII), cinq consultants toulousains ont décidé de monter leur propre coopérative à Toulouse et d'opter pour un management d'entreprise libérée. Une initiative atypique dans le monde très concurrentiel des services informatiques.
Vincent Ruiz et ses associés ont fondé Scopea en octobre 2015.
Vincent Ruiz et ses associés ont fondé Scopea en octobre 2015. (Crédits : Rémi Benoit)

C'est une initiative relativement inédite dans le monde des services informatiques. À Toulouse, cinq consultants se sont associés en coopérative pour échapper selon eux aux "conditions de travail déplorables des SSII".

Les SSII (société de services et d'ingénierie en informatique), ces grandes entreprises à l'image d'Atos, IBM, CGI, Sopra Steria ou Capgemini, ont recours à des ingénieurs pour de courtes missions dans les entreprises clientes, pour du conseil ou de la maintenance. Ces sociétés embauchent massivement des jeunes diplômés, à l'image de Sopra Steria qui figurait dans le trio de tête de notre palmarès des entreprises qui recrutent, avec 150 postes juniors ouverts à Toulouse pour l'année 2015. Mais ce mode de fonctionnement ne convenait plus à Vincent Ruiz, le gérant de la coopérative Scopea :

"Le modèle économique des grandes SSII repose sur le recrutement de jeunes diplômés ou de stagiaires. Ces consultants débutants sont livrés à eux-mêmes pendant 6 mois sur une mission en entreprise et pourtant ils sont présentés auprès des clients comme des consultants très qualifiés.

Entre la pression de la société de services (l'employeur) et de celle du client, certains font des burn-out car ils n'arrivent pas à accomplir leur mission. "

Après 15 années passées dans cet univers, Vincent Ruiz a voulu "changer de modèle pour créer une entreprise où l'on prendrait plaisir à rester" et parer ainsi l'important turn-over en cours dans le secteur : "Généralement les consultants juniors survivent tant bien que mal pendant 3 ans avant de quitter le monde du conseil, dégoûtés par les conditions de travail. J'ai quelques copains qui sont devenus comme ça carreleurs".

En octobre 2015, Vincent Ruiz et ses associés fondent Scopea. La coopérative s'est spécialisée dans l'intégration de logiciels de gestion (SAP et Odoo). Elle travaille en lien avec CGI, Sopra Steria ou Capgemini sur des logiciels utilisés ensuite par Airbus, Thales, Turboméca ou encore Bleu Jour, créateur de l'ordinateur Kubb.

Hébergée au sein de l'espace de travail partagé les Imaginations fertiles, elle est accompagnée par la Scop de conseil en développement durable Palanca pour mettre en marche une démarche coopérative :

"Nous avons toujours été habitués à un système pyramidal et nous n'avions pas de point de référence sur les modèles alternatifs. Nous avons mis en place un partage du pouvoir sur le principe un associé = une voix, y compris pour le recrutement", détaille Vincent Ruiz.

La Scop a également mis en place une politique de transparence totale sur les chiffres de l'activité. Tous les associés ont par ailleurs accès aux fiches de salaire de leurs collègues.

À peine après un an d'existence, la coopérative est à l'équilibre et commence à entrer en compétition avec d'autres sociétés de services toulousaines. Scopea prévoit un chiffre d'affaires de 400 000 euros en 2016 et espère à moyen-terme atteindre une coopérative de 25 à 30 personnes.

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