"Prenez-moi quand vous voulez, laissez-moi où vous voulez." Sur son coffre rouge, l'une des vingt Smart Yea bientôt en circulation à Toulouse affiche ses intentions. Mis à disposition par l'opérateur d'autopartage Citiz Toulouse à partir de samedi 14 mai, ces véhicules pourront être utilisés sans réservation par les abonnés.

Concrètement, un usager consulte l'application Citiz Toulouse ou le site internet pour localiser la Yea disponible la plus proche. Avec son badge, son téléphone portable ou sa carte Tisséo, il déverrouille le véhicule et récupère la clef laissée dans l'habitacle. Après un état des lieux pour vérifier que la voiture n'est pas abîmée, il met le contact et le tour est joué.

Quelques heures ou quelques jours. À Toulouse ou pour une escapade de plusieurs centaines de kilomètres. Libre à chaque usager d'utiliser le véhicule partagé comme bon lui semble. À la différence des 42 autres voitures de Citiz Toulouse, nul besoin de restituer les Yea dans une station attitrée. À la fin de son utilisation, l'usager n'a qu'à trouver une place de stationnement publique dans le périmètre du centre-ville de Toulouse et d'y laisser le véhicule. Le prix du parcmètre est inclus dans la réservation grâce à un partenariat avec la Mairie de Toulouse. Même chose pour le carburant. Chaque utilisateur devra cependant laisser un quart de plein pour ne pas pénaliser le suivant.

Diviser par deux les frais automobile

Mis en place dans le centre-ville, Yea doit compléter l'offre actuelle des stations Citiz Toulouse. Un élargissement aux communes voisines de Toulouse n'est cependant pas à l'ordre du jour.

"Pour que le modèle fonctionne, il doit y avoir un certain nombre d'usagers et c'est plus difficile dans les villes de banlieue, explique Thierry Bourret, le président de Citiz Toulouse. Nos voitures Citiz sont utilisées en moyenne 8 heures par jour par plusieurs utilisateurs. Il y a une complémentarité entre les différents usagers. Des professionnels, comme des avocats ou des architectes, peuvent les utiliser en journée, tandis que des particuliers s'en serviront le soir pour sortir."

Même le service régional de Pôle Emploi a fait appel aux services de Citiz Toulouse pour compléter sa flotte de véhicules.

En moyenne, un particulier débourse 50 euros par mois pour utiliser le service. Les profils d'utilisateurs sont cependant très divers puisque certains payent jusqu'à 500 euros par mois, notamment pendant les vacances et pour de longs trajets.

"Le fait d'avoir une flexibilité dans l'offre rassure les usagers qui hésitent à passer d'un véhicule personnel à l'autopartage, constate Céline Soulié, la directrice de Citiz Toulouse. Nous offrons une certaine tranquillité aux gens qui n'ont plus à se soucier de l'entretien."

D'après les calculs de Citiz Toulouse, l'autopartage permettrait de diviser par deux les frais annuels liés à une automobile (achat, amortissement, assurance, usure, carburant, etc.). "Pour une voiture neuve et 10 000 kilomètres par an, une voiture personnelle coûtera 5 000 euros en moyenne, contre 2 500 en autopartage", précise Céline Soulié.

Doubler le nombre d'abonnés

Fondée en 2008 par une soixantaine de Toulousains, la société coopérative d'intérêt collectif Mobilib, devenue entre temps Citiz Toulouse, compte aujourd'hui 42 véhicules partagés par 1 500 abonnés.

"Avec Yea, nous espérons doubler ce nombre et attirer peut-être des usagers plus jeunes et plus connectés, estime Thierry Bourret. Citiz Strasbourg l'a déjà mis en place et cela a généré une hausse des abonnements."

Une bonne nouvelle pour le président de Citiz Toulouse qui insiste sur l'intérêt de l'autopartage en zone urbaine : "Cela permettra de libérer de la place dans la ville car une voiture partagée correspond à 10 véhicules utilisés classiquement."

Le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc a fait un tour en Yea! lors de la présenation à la presse de ces nouvelles voitures © Rémi Benoit.

Pour la Mairie de Toulouse et pour le SMTC Tisséo, le partenariat avec Citiz Toulouse permet d'enrichir l'offre de transport en commun dans l'agglomération. "La mobilité, c'est aussi l'autopartage, a rappelé Jean-Michel Lattes, président de Tisséo et premier adjoint du maire de Toulouse. Qui plus est, Citiz a un modèle différent des grands groupes. Son équipe est très mobilisée. Il nous fallait les soutenir."

Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse, a pour sa part insisté sur l'importance environnementale de l'autopartage. "La COP 21 a permis de fixer des objectifs ambitieux pour le développement durable. Il faut ensuite mettre en place des actions concrètes sur le terrain. C'est le rôle des modestes élus locaux que nous sommes", s'est-il félicité.