Objets connectés : comment la PME Orme passe de l'aéronautique à la silver économie

En équipant les maisons de retraite de son détecteur de chute, Orme, issue de l’aéronautique et l’industrie, pourrait faire un bond de géant grâce à la silver économie. La PME toulousaine n'est pas seule sur le marché des objets connectés pour la domotique, mais mise sur son savoir-faire.
Capteur de mouvements Orme pour les Ehpad, présenté par le directeur général Luc Oriat

Un succès en appelle un autre. Orme, spécialiste toulousain du traitement de l'image et du signal, a mis au point un détecteur de chute pour les personnes âgées. L'entreprise tire cette technologie de son savoir-faire dans l'industrie aéronautique et automobile. Elle a ainsi pour client Airbus, Safran/Snecma, PSA, Renault. Orme a d'ailleurs été nominée lors des Trophées de l'Aéronautique 2015, dans la catégorie Numérique.

Mais cette nouvelle application dans le secteur de la silver économie pourrait faire passer la PME à une autre dimension. En cas de succès, la société, qui compte 16 employés, verrait alors ses effectifs gonfler.

"Si nous réussissons la commercialisation du capteur de mouvement, nous pourrions dégager un chiffre d'affaires de plusieurs millions d'euros alors que nous enregistrons aujourd'hui environ un million d'euros de chiffre d'affaires sur nos activités industrielles. Nous pourrions alors externaliser cette nouvelle activité, en créant une société dédiée. C'est une idée en cours", confie Luc Oriat, directeur général d'Orme.

L'idée est la suivante : un boîtier, accroché au mur, scanne un espace en 3D par infrarouges pour restituer la constitution d'une pièce et détecter un mouvement de chute d'une personne (âgée) en mesurant son altitude. Le système est relié aux téléphones des personnels soignants, avertis en cas de chute. Il a nécessité quatre ans de recherche et a été présenté pour la première fois au Salon Silver Economy Expo, en décembre dernier à Paris.

De l'aéronautique aux maisons de retraite

Orme souhaite d'abord équiper les Ephad (Établissement d'hébergement des personnes âgées dépendantes), comme la résidence La Cocagne Sainte-Foy-d'Aigrefeuille (Haute-Garonne) où le capteur a été expérimenté pour la première fois. Orme devrait fournir dès cette année une dizaine d'autres établissements en France dans sa phase pilote. Reste à bien choisir les canaux de distribution.

"Nous entamons en ce moment des discussions avec des distributeurs pour permettre une commercialisation de notre technologie dans le courant de cette année. Mais c'est un nouveau marché que nous découvrons", indique Luc Oriat.

Au total, les Ehpad représentent 800 000 lits et environ 100 lits par établissement. "Les directeurs d'Ehpad sont intéressés par notre technologie pour une dizaine de chambres prioritaires", précise le dirigeant.

Mais le marché est déjà en partie occupé. À Toulouse, on connaît la startup Telegrafik, spécialisée dans les systèmes d'alerte pour personnes âgées isolées. Adveez développe, lui, un système de gestion de la déambulation pour des personnes âgées. À Foix (Ariège), Oxyma propose une solution à domicile de détection des comportements inhabituels pour les personnes en perte d'autonomie. Enfin d'autres concurrents directs sont présents sur le créneau avec des bracelets ou des ceintures connectés (Vivago, Co-assist, Geotonome). De son côté, Orme fait valoir une technologie plus adaptée aux besoins des personnes fragiles.

"30 à 40 % des établissements utilisent déjà des bracelets détecteurs de mouvements. Mais, à la différence de nos concurrents, nous n'utilisons ni bracelets, ni médaillons, ni caméras, ce qui permet de préserver l'intimité des usagers et d'être moins contraignant pour les personnes suivies", souligne le dirigeant.

Si le prix public n'est pas encore connu, l'équipement de ce matériel en location pourrait représenter un coût de 50 euros par mois au maximum.

Synox et Airbus intéressés

Dans un deuxième temps, l'entreprise proposera sa technologie, en l'adaptant, au marché du particulier. Elle développe ce projet avec Synox, entreprise toulousaine spécialisée dans les objets connectés. Ce dernier doit permettre de trouver un moyen efficace de prévenir l'aidant sur son smartphone lors de la détection d'une chute. Le projet bénéficie du soutien financier de la Région Midi-Pyrénées à travers le programme Easynov.

"Nous travaillons avec le groupe Synox pour adapter ce capteur de chute au maintien à domicile des personnes âgées. Il y a là une vraie demande. Nous améliorons continuellement notre capteur en essayant de détecter les scénarios précurseurs de chutes, comme des tentatives répétées de se lever de son lit, et en analysant la cause des chutes, afin d'orienter les premiers soins et faciliter ainsi la prévention", précise le dirigeant.

Par un effet boomerang, l'innovation développée par la startup pour les Ehpad et les personnes dépendantes va bénéficier à ses clients classiques. Grâce à des algorithmes similaires, Orme compte adapter son capteur pour les travailleurs isolés dans l'industrie qui présentent des risques de chute. L'aéronautique est aussi concernée.

"Nous sommes en train de mettre au point pour Airbus une technologie de détection des signaux d'endormissement ou de chute d'un pilote en mesurant son altitude dans la cabine de pilotage de l'avion", dévoile Luc Oriat.

 Un projet de R&D est en cours.

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