Fusion des régions, une opportunité pour les cabinets de conseil ?

Élargissement des compétences et des responsabilités, fusion des administrations... À quelques mois du grand chamboulement territorial, les conseils régionaux se sont lancés dans une redéfinition en profondeur et pourraient faire appel aux services des cabinets de conseils pour les épauler. Une belle opportunité qui pourrait fournir, selon certains, du "chiffre d'affaires pour 10 ans" à ces spécialistes.
Un appel d'offres a été lancé en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées pour une mission de conseil dans le cadre de la fusion.

"La fusion des régions crée un marché pour les cabinets de conseil", confirme Nathalie Van Vliet, associée à EY (ex-Ernst and Young) secteur public, l'un des quatre plus importants cabinets d'audit au monde avec Deloitte, KPMG et PricewaterhouseCoopers.

"Tout projet de transformation majeure nécessite un accompagnement, que ce soit au plan technique (aide à la décision, expertise) ou capacitaire (apport de ressources), pour se donner les moyens de maîtriser les risques liés au projet. Ceux-ci sont en effet multiples et générateurs de surcoûts, de perte temporaire ou plus durable de qualité de service, de choix ou orientations pouvant obérer l'avenir", explique-t-elle.

Quelles missions ?

S'il s'avère nécessaire, le recours au conseil devrait se faire "avec raison et modération", selon Nathalie Van Vliet. Les "contraintes budgétaires pesant sur les collectivités", les échanges de bonnes pratiques entre les administrations régionales, notamment via l'ARF, et les compétences internes en organisation et gestion de projet dont se dotent les Régions depuis quelques années, "peuvent limiter le recours au conseil extérieur", explique l'associée chez EY.

Les collectivités pourraient cependant avoir recours aux cabinets de conseils pour l'aide à la décision "pour, par exemple, unifier les fonctions financières et harmoniser les systèmes d'information et les outils de RH", le pilotage de projet et "l'appui à la conduite du changement".

"La fusion effective des administrations sera réalisée au terme de la conduite de nombreux chantiers. Or, la gestion en mode projet, la tenue des échéances, et le pilotage n'étant généralement pas un point fort des collectivités, un appui dans ce domaine a une forte valeur ajoutée, estime Nathalie Van Vliet. L'acceptation de ces changements est loin d'être assurée par les canaux de communication interne et d'encadrement traditionnels des régions. Ce volet constitue un chantier majeur en tant que tel, où l'expertise et la pratique de professionnels est essentielle."

Un appel d'offre pour LRMP

"Les premières missions commencent à tomber, reconnaît un cadre toulousain de Deloitte. Mais 10 ans de chiffre d'affaires, c'est très exagéré." Impossible d'en savoir davantage, Deloitte refusant catégoriquement de s'exprimer sur le sujet.

Professeur à l'université de Paris Est Marne la Vallée, où il enseigne l'économie sociale et les politiques publiques, Michel Abhervé estime lui aussi exagéré les "10 ans de chiffre d'affaires" et considère qu'il faudra "un ou deux ans de missions de conseils pour aider à harmoniser les politiques".

Un avis partagé par Françoise Larpin, associée et directrice nationale du secteur public local chez KPMG, selon qui les appels d'offres actuels portent sur une période d'accompagnement de 2 à 4 ans. "Je pense que cela suffira car il s'agit de missions d'appui à une fusion institutionnelle. Quand les nouvelles organisations seront en place et les politiques harmonisées, ils n'auront plus besoin de nous en dehors des missions de conseil habituelles", ajoute-t-elle.

D'après Nathalie Van Vliet, "certaines régions comme les Normandie, l'Aquitaine, le Poitou-Charentes et le Limousin, ont déjà mobilisé des prestataires extérieurs, dans des enveloppes d'honoraires variées. Le recours au conseil devrait être très variable selon les territoires."

"Il y a quelques missions en cours notamment une en Aquitaine-Poitou-Charente-Limousin réalisée par un regroupement de cabinets, et une en Normandie réalisée par KPMG, précise Françoise Larpin, de KPMG. Ce sont des missions de fusion comme nous en faisons déjà pour d'autres catégories de collectivités. Il est difficile d'en estimer le montant car cela dépend des besoins de chaque administration.

Un manque de visibilité qui poserait d'ailleurs problème aux cabinets de conseil mobiliser les ressources nécessaires en interne.

Quid de Midi-Pyrénées ? Un appel d'offres a été lancé en septembre par les conseils régionaux de Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées "pour nous assister sur l'évolution des systèmes financiers car les systèmes comptable et budgétaire de Languedoc-Roussillon et de Midi-Pyrénées sont différents. Cette mission permettra de nous assister pour l'évolution de nos outils", expliquent les services régionaux de Midi-Pyrénées. En 2016, un second appel d'offres devrait être lancé sur le volet ressource humaine pour assister les services "à la conduite du changements, aux risques psychosociaux, et l'aide à la mobilité fonctionnelle".

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