Sogeclair Aerospace mise sur l'impression 3D pour se démarquer de la concurrence

Depuis 2011, Sogeclair Aerospace investit sur l'impression 3D. L'enjeu pour ce bureau d'étude en ingénierie électrique et mécanique en aéronautique et défense ? Devenir l'un des futurs grands acteurs industriels de cette nouvelle technologie. Lancées cette année, les premières opérations commerciales ont donné lieu à des contrats signés avec de nombreux acteurs de l'aéronautique. Des premiers pas concluants selon Marc Darolles, le président de Sogeclair Aerospace. Entretien.
Marc Darolles

Que représente pour vous l'impression 3D ?
C'est une rupture technologique. Ce procédé permet de fabriquer des pièces par ajout de matière en empilant des couches successives, à l'opposé de la fabrication classique par enlèvement de matière. Cette technologie est encore confidentielle dans le domaine de l'aéronautique et du spatial, mais elle pourrait devenir une technologie majeure à l'avenir quand les verrous technologiques seront levés. Il est important d'être au début de l'histoire.

Quand avez commencé à vous y intéresser ?
En 2011, au travers de projets collaboratifs comme le projet ALMIA qui avait été lancé avec le Conseil régional de Midi-Pyrénées et Aerospace Valley entre autres. Ce projet consistait en une étude de marché de la technologie avec des cas d'applications concrets.

Pourquoi vous lancer dans l'impression 3D ?
Dans notre secteur, les temps d'industrialisation constituent un paramètre non négligeable dans les délais. Sur certains produits, l'impression 3D permet de passer de 6 mois d'industrialisation en procédé classique à deux semaines. Aujourd'hui, par exemple, pour un sous-ensemble aéronautique qui demande l'assemblage de plusieurs pièces entre elles, il faut concevoir les pièces en question et l'outillage nécessaire à leur assemblage. Demain, cette phase d'industrialisation disparaîtra en grande partie grâce à l'impression 3D. Cette technologie permet aussi de réduire la masse des produits, ce qui est un atout très important dans l'aéronautique. Enfin, l'impression 3D permet une flexibilité et une réactivité par rapport au besoin client.

Quels sont les freins actuels au développement de l'impression 3D industrielle ?
Le premier est d'ordre technologique. Les poudres de matière utilisées (métallique ou plastique) ne sont pas qualifiées par les autorités pour les pièces de classe 1 et 2. Pour ces dernières, les donneurs d'ordre, en étroite collaboration avec les producteurs de poudres, sont en train de mettre en œuvre les qualifications nécessaires mais, pour les pièces de classe 1, dont la perte est jugée catastrophique, cela n'arrivera pas avant longtemps. Actuellement, seules des pièces de classe 3 sont fabriquées par impression 3D pour des usages industriels de type support de caméra embarquée par exemple.

Le deuxième frein concerne la taille des imprimantes elles-mêmes qui, aujourd'hui, ne permettent pas de produire des pièces de grandes tailles, comme par exemple des cadres ou des panneaux. Encore que certains fabricants comme Stratasys ou Proadways devraient en sortir dans quelques mois.

Enfin, le 3e frein est celui de la production en série. L'impression 3D est adaptée pour le prototypage et la petite série mais pas plus car le procédé est lent. Les projets de production en grande série sont dans les cartons mais on n'y est pas encore.

Comment se situe Sogeclair par rapport à ses concurrents ?
L'impression 3D est à la mode depuis un an et de nombreuses entreprises essaient d'y aller, même si le marché n'est pas encore mature. Nous pensons que, dans 12 à 18 mois, les premiers grands acteurs devraient se positionner. Sogeclair Aerospace compte en être.

Ce qui importe dans l'impression 3D, c'est autant la conception et la fabrication que la livraison au client. Il y a tout un processus de supply chain à mettre en place. C'est là que nous nous démarquons de notre concurrence car nous proposons une offre complète à nos clients, depuis la conception jusqu'à la livraison du produit.

Pensez-vous que l'impression 3D remplacera complètement la fabrication classique ?
Je pense que l'impression 3D élargira la palette de technologie disponible mais ne saurait remplacer totalement la fabrication classique. Il est difficile de dire quel pourcentage de la fabrication classique sera remplacé par la production 3D. Mais pour Sogeclair Aerospace, la question n'est pas là. Il s'agit de se placer sur des marchés de haute technologie. Il faut voir l'impression 3D comme un avantage concurrentiel et comme une source d'opportunité vers de nouveaux marchés auprès des équipementiers. Pour nous, c'est aussi une façon d'être à la pointe de la technologie et d'offrir à nos clients des réponses à leurs besoins naissants.

Quels nouveaux marchés visez-vous ?
Notre marché est l'aéronautique et le spatial et nous allons nous y consacrer. Nous avons été sollicité pour aller sur le secteur médical, mais nous ne le souhaitons pas. Notre marché actuel est déjà très important et les procédés sont différents. L'idée est d'apporter des solutions nouvelles à nos clients.

Quel investissement l'impression 3D représente-t-elle pour Sogeclair Aerospace ?
Nous travaillons dessus depuis 2011 via notre service de R&D. Ce dernier représente entre 10 et 20 % de notre chiffre d'affaires (73 millions d'euros en 2014), ce qui est colossal.

Quelles retombées prévoyez-vous ?
Le business plan n'est pas finalisé. Les premières opérations commerciales ont été lancées cette année. Des contrats ont déjà été signés avec Zodiac, Dassault, Airbus, Thales et Snecma. Nous ne pensions pas que cela serait si rapide. Nous allons donc accélérer les choses du point de vu commercial. Une offre plus structurée sera annoncée avant la fin de l'année.

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