Ces entreprises indiennes qui travaillent à Toulouse

9e investisseur en Inde, la France est aussi un marché pour les entreprises indiennes. Implantées à Toulouse sur le créneau des offset, ces contrats qui obligent à réinvestir en Inde via des entreprises indiennes, Tech Mahindra et Axiscades prévoient d'y accroître leurs activités dans les années à venir.
Le Premier ministre indien Narendra Modi

Si les entreprises françaises s'intéressent de plus en plus à l'Inde, l'intérêt est réciproque. Avec une croissance de 7,5 % prévue en 2015 par le Fonds monétaire international, l'Inde affiche ses ambitions et son intérêt croissant pour la France. En 2013, elle a investi 410 millions d'euros en France, portant l'investissement indien en France à un total d'un milliard d'euros. À cette date, 120 sociétés indiennes opéraient en France, selon les services douaniers français, notamment dans le secteur pharmaceutique (Ranbaxy & Wockhardt), l'aérospatiale (Axiscades), les logiciels (Tech Mahindra, Tata Consultancy Services, Infosys & Wipro), l'automobile (Jyoti) et le vin (Kingfisher).

"Nous essayons d'augmenter ce nombre et nous souhaitons que les investisseurs indiens s'intéressent à d'autres secteurs, indique Rakesh Sharma, premier secrétaire aux affaires économiques et commerciales à l'ambassade d'Inde en France. Nous avons par exemple un accord avec le gouvernement français pour un échange de technologies de refroidissement, car 40 % de la nourriture est gaspillée chaque année par manque de ressources pour le stockage. Cela fait des milliers et des milliers de tonnes perdues."

Sur le créneau des Offset

À Toulouse des entreprises indiennes, comme Wipro, Tech Mahindra ou Axiscades par exemple, ont ouvert des centres d'études pour se rapprocher de leurs clients, Airbus notamment. Signe de son importance pour l'économie indienne, la Ville rose a accueilli ces derniers mois l'ambassadeur Arun Kumar Singh, puis le Premier ministre indien Narendra Modi.

"Cette visite historique a permis de faire connaître Toulouse en Inde et montre le renforcement des relations entre l'Inde et la France", souligne Vivek Srivastava, vice-président de Tech Mahindra France, SSII implantée en France depuis 2006.

Cette filiale du groupe international Mahindra & Mahindra emploie 300 personnes en France, dont 210 dans la région toulousaine. "Depuis trois ans, nous accroissons notre présence en France pour renforcer nos équipes locales", assure Vivek Srivastava. Et pour cause, Tech Mahindra prévoit une hausse de 20 % de son activité en France en 2016, grâce notamment aux contrats liés aux lois d'offset, qui obligent à en réinvestir une partie de la valeur en Inde par de la formation de personnels ou l'utilisation de composants indiens.

D'après le site Distributique.com, la SSII réalisait un chiffre d'affaires inférieur à 50 millions d'euros en France en 2014. Un chiffre non commenté par Vivek Srivastava qui se refuse à communiquer sur le chiffre d'affaires de sa société :

"Ce sont des informations confidentielles qui pourraient avoir une influence sur notre cotation en bourse. Je peux seulement vous dire que Tech Mahindra réalise 3 milliards de dollars de chiffre d'affaires dans le monde et que l'Europe représente 35 % de notre activité."

Société indienne d'une relative moindre envergure (85 millions de dollars de chiffre d'affaires en 2014), Axiscades (ex Cades) est présente en France depuis 2004 et à Toulouse depuis 2007. Comme Tech Mahindra, Axiscades se positionne également sur le créneau des offset ce qui lui a permis de nouer des contrats avec Airbus, en tant que bureau d'étude. L'entreprise indienne compte une quarantaine de salariés en France répartis à Toulouse, Nantes et Saint-Nazaire.

"Le climat des affaires, les bonnes relations entre l'Inde et la France et la demande indienne croissante pour les produits français, notamment dans les domaines de l'aérospatiale et la défense, sont une opportunité pour Axiscades, s'enthousiasme Sanjeev Kumar, directeur marketing basé à Bangalore.

La France représente une part significative de notre activité car nos clients stratégiques sont des leaders de l'industrie française comme Airbus, Thales, DCNS, etc. L'Inde a une demande grandissante en aéronautique et Axiscades est bien positionnée pour aider les compagnies françaises à remplir leurs obligations offset dans le cadre de la politique "Make In India" menée par le gouvernement indien."

Quel chiffre d'affaires Axiscades réalise-t-elle en France ? À la différence des sociétés européennes, celle-ci, à l'instar de Tech Mahindra, ne souhaite pas communiquer sur ses résultats par pays. Globalement, elle affichait un résultat de 85 millions de dollars en 2014.

Vers un avenir radieux ?

Comparés aux échanges franco-chinois (56,8 milliards d'euros en 2014), les relations commerciales franco-indiennes, en hausse depuis 2004, pourraient paraître basses avec un total de 7,9 milliards d'euros échangés en 2014.

Pour les interlocuteurs indiens, la comparaison n'a cependant pas lieu d'être. "Ce sont des commerces très différents, argumente Vivek Srivastava, vice-président de Tech Mahindra France. La Chine est leader sur le marché des biens de consommation mais les échanges entre la France et l'Inde concernent des produits technologiques dans les domaines de l'aérospatiale, l'aéronautique et le nucléaire."

Et d'assurer : "Le commerce est déjà fort et il va le devenir encore plus à l'avenir, ce qui est très important pour une entreprise comme la nôtre".

Même analyse du côté d'Axiscades, même si Sanjeev Kumar, son directeur marketing reconnaît un "déclin marginal récent attribuable à un cycle économique en contraction ou simplement aux réalités du marché, plutôt qu'un accroc dans les relations franco-indiennes".

"Le commerce va augmenter considérablement dans les prochaines années, car la France est un leader reconnu dans l'aérospatiale, la défense, le contre-terrorisme, l'énergie nucléaire, et le transport ferroviaire, prévoit-il.

L'Inde est sur le point d'être l'une des plus importantes consommatrices d'aviation civile et militaire pour les 20 prochaines années. L'industrie aéronautique française est bien placée pour capitaliser sur cette demande. L'accord sur les 36 Rafale est un pas concret qui pourrait ouvrir la voie à d'autres accords entre nos deux gouvernements.

Le rail va aussi contribuer a augmenter le commerce avec la France car le gouvernement indien vient d'y autoriser les investissements étrangers. Pour le nucléaire, un accord a été signé pour aider l'Inde à se doter d'une centrale via un partenariat entre Areva et Larsen & Toubro."

Et de conclure : "Dans les années à venir, nos relations de clients-fournisseurs devraient évoluer vers un partenariat stratégique bénéfique mutuellement". En février dernier, Axiscades a d'ailleurs signé une alliance qualifiée de "stratégique" avec l'ingénieriste Assystem "pour accroître la valeur ajoutée de leur offre respective de services à Airbus Group".

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