Comment les boulangeries Galzin vont vendre leurs baguettes en Chine

Fondée en 1938, la boulangerie aveyronnaise Galzin compte aujourd'hui une dizaine d'enseignes à travers la France. L'entreprise familiale mise désormais sur l'international et elle a signé début juillet un partenariat avec deux groupes chinois. Dans quelques mois à peine, deux boulangeries et une école de formation verront le jour au cœur de l'Empire du milieu. Là-bas, la baguette est vue comme un produit de luxe.
William Galzin incarne la 3e génération de boulangers de la famille.

L'image d'Épinal du Français avec un béret sur la tête et une baguette sous le bras n'a pas fini de faire recette. En Chine, ce petit bout de pain s'apparente à un produit de luxe au même titre qu'un macaron, un parfum ou un sac d'une grande marque parisienne.
Dans l'Aveyron, la boulangerie Galzin a donc décidé de tenter sa chance en Asie. Fondée en 1938 dans la petite commune de Creissels, l'entreprise familiale compte aujourd'hui 14 boulangeries à travers la France. Le 2 juillet dernier, lors du sommet France-Chine organisé à Toulouse, elle a signé un partenariat avec deux groupes chinois (la société Jiahe et le groupe Senyu). Le contrat prévoit l'implantation d'une école de formation et de quatre boulangeries à Suzhou et Chengdu, deux villes comptant chacune 10 millions d'habitants.

Fabrication sur place et ingrédients du Sud-Ouest

Wiliam Galzin, le gérant de la boulangerie aveyronnaise, avait rencontré ces partenaires en octobre dernier à l'occasion d'une mission régionale organisée à Chengdu. Il faisait alors partie des chefs d'entreprise qui accompagnaient Martin Malvy lors de ce voyage. Sur place, il  constate l'engouement des Chinois pour le pain :

"Les Chinois raffolent du pain mais ils ne disposent pas d'artisans. Les baguettes et viennoiseries sont donc importées depuis Taïwan, Singapour ou la Corée. Il s'agit parfois d'artisans mais il existe aussi des usines à pains qui vont alimenter 3 000 points de vente."

Depuis quelques années, plusieurs boulangers français ont commencé à s'installer en Chine. "Les Chinois sont attirés par cette tradition française, ce mode de vie occidental", note l'artisan. Selon lui, les Français ont également une carte à jouer dans un pays "où la sécurité alimentaire devient un enjeu national". "Les consommateurs font de plus en plus attention au contenu de leurs assiettes, ils sont à la recherche de bons produits", assure-t-il.

Représentant la 3e génération d'artisan de la famille, William Galzin souhaite donc prendre le contrepied de cette industrialisation de la boulangerie :

"Le pain et les viennoiseries seront fabriqués sur place, dans la plus pure tradition française, en exportant les ingrédients du Sud-Ouest que nous utilisons : la farine du Moulin Calvet de Rignac, le beurre et la crème fraîche de la coopérative Sodiaal, ou encore le chocolat de la maison Cémoi de Perpignan."

À Suzhou, une demi-douzaine de Chinois seront formés pendant quatre mois avant d'intégrer les enseignes : "Il existe déjà des écoles dans le pays mais le savoir-faire est parfois éloigné de la tradition française, le mélange des ingrédients n'est pas toujours bon", remarque l'Aveyronais.

Des créations d'emplois en France

La première boulangerie devrait ouvrir ses portes dès février 2016. L'implantation de chaque boutique représente un investissement de 400 000 euros mais la société table sur un chiffre d'affaires d'au moins un million d'euros par boutique dès la première année. Galzin prévoit au total un accroissement de 20 % de son chiffre d'affaires en 2015 (il était de 15,1 millions d'euros en 2014).

Cet ancrage en Chine va aussi permettre à la boulangerie de créer 6 emplois en France. Sans compter tous les emplois indirects via les partenaires locaux de Galzin, qui fournissent farine, beurre et chocolat.

Si la Chine est séduite, la baguette aveyronnaise pourrait franchir de nouvelles frontières. L'artisan confie : "Deux autres pays sont très intéressés : la Roumanie et Israël."

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