Agence SapienSapiens : l'art de rendre les scientifiques compréhensibles

Créée en 2010, l'agence toulousaine SapienSapiens s'est spécialisée dans la réalisation d'objets multimédias de vulgarisation scientifique. Fondée par trois reporters, elle repose sur un modèle économique original, en combinant des sujets pour la presse mais aussi pour le compte d'entreprises et d'organismes du milieu aéronautique et spatial. La PME fête ses cinq ans cette année.
L'agence SapienSapiens est installée à Toulouse depuis 2010.

Le temps du tournage, Clément Debeir s'est grimé en archéologue. Armé d'une pelle et d'une pioche, il cherche désespérément des lieux de fouilles en plein désert. Quand soudain, il décide de faire appel aux images satellitaires pour mieux les repérer. En réalité, Clément Debeir n'est ni acteur, ni archéologue mais il figure dans la vidéo d'introduction d'un jeu interactif à destination du Cnes. Intitulé ArchéoSa, ce "serious game" est l'une des créations développées par SapienSapiens pour le compte du centre spatial. L'utilisateur peut ensuite naviguer sur divers sites archéologiques via les images prises par les satellites Pléiades au Pérou, au Cambodge, en Syrie... Cette agence de réalisations multimédia a été fondée en 2010 par trois reporters toulousains.

"J'étais alors photographe pour le groupe Milan-Bayard Presse. À la suite d'un plan social, j'ai proposé à Caroline Carissoni, ma rédactrice en chef au magazine Les Clés de l'actualité, de créer notre propre agence. Claire Burgain, reporter freelance pour Radio France nous a également rejoints", explique Clément Debeir.

Une expertise dans l'aéronautique et le spatial

En plein centre-ville de Toulouse, ils installent leur agence qui produit à la fois photos, textes web, vidéos, infographies et objets multimédias. Très vite, SapienSapiens se spécialise sur des thèmes scientifiques, tels que l'aéronautique et le spatial, avec pour mission de vulgariser auprès du grand public des informations parfois très techniques. C'est ce qui fait l'avantage concurrentiel de l'agence selon Clément Debeir :

"Si vous interroger un astrophysicien, vous n'avez pas le droit de trahir sa pensée. Souvent, la com' fait dans l'à peu près. Au contraire, nous nous appuyons sur des collaborateurs spécialisés. Notre effectif est aujourd'hui de 5 personnes et nous faisons appel à des 'pigistes' avec chacun une expertise : biologie, espace..."

Parmi leurs gros clients figurent aujourd'hui le Cnes et le constructeur ATR. La société est en forte croissance : elle a réalisé 200 000 euros de chiffre d'affaires en 2014 (contre 150 000 euros en 2013). Il faut dire que l'écosystème local est très porteur :

"Toulouse est l'une des villes les plus dynamiques en termes de médiation scientifique. Toute une économie gravite autour des deux secteurs majeurs de l'aéronautique et du spatial avec beaucoup de laboratoires, le CNRS... C'est une force et un marché quasi inépuisable", poursuit le cofondateur de l'agence.

Une tendance qui devrait s'accentuer alors que Toulouse sera en 2018 la capitale européenne de la science.

Un mix entre la communication et la presse

L'autre particularité de SapienSapiens, c'est son modèle économique. Les prestations de communication représentent entre 60 et 80 % des ressources de l'agence, l'autre partie de l'activité étant dédiée à la réalisation de supports journalistiques. "Nous ne faisons pas de webdocu si nous ne sommes pas sûrs d'avoir le financement. En revanche, nos prestations 'corporate' nous permettent de constituer une trésorerie pour nous lancer dans de nouveaux projets journalistiques", note Clément Debeir.

L'agence a ainsi réalisé un portfolio sonore pour Le Monde sur la révolution silencieuse des femmes au Yémen, un webdocu pour Le Pèlerin et plusieurs collaborations pour le JDD. Des formats originaux qui intéressent beaucoup les médias à l'ère de la transformation numérique. Mais, paradoxalement, peu de diffuseurs de presse sont prêts à investir dans de telles création.

"Les petits objets multimédias (POM) représentent un coût important pour les rédactions. Un webdocumentaire requiert la présence d'un photographe, d'un preneur de son et d'un monteur. Au plus bas, cela coûte 1 500 euros la minute !", explique Clément Debeir.

En parallèle, SapienSapiens compte développer une partie formation à destination des journalistes. En effet, à l'occasion de ses cinq ans et dans l'optique de se diversifier, l'agence souhaite développer des modules professionnels sur l'écriture web, le community management, la gestion de vidéos ou encore la création de petits objets multimédias.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.