
C'était un vendredi 13 mai 2022. Ce jour-là, Toulouse est sous le feu des projecteurs. La quatrième ville de France inaugure son téléphérique urbain, après notamment ceux de Grenoble et de Brest. Grâce à un week-end gratuit, les deux premiers jours d'exploitation et d'ouverture au public se soldent par « plus de 50.000 trajets réalisés », selon des chiffres communiqués à l'époque par Tisseo, le syndicat mixte gestionnaire des transports en commun sur l'agglomération toulousaine.
Seulement, un an plus tard, l'agitation autour du téléphérique semble retombée. Tisseo a récemment fait savoir que la fréquentation de sa quinzaine de cabines entre l'université Paul-Sabatier et l'Oncopole, en passant par le CHU de Rangueil, a atteint une moyenne de 6.000 usagers par jour. Soit 25 % de moins que l'objectif affiché à l'ouverture, à savoir les 8.000 usagers quotidiens.
« Être à 6.000, nous considérons cela comme une réussite quand même. Nous ne sommes pas loin de l'objectif en régime établi seulement un an après son entrée en service c'est quand même très bien », estime Jean-Claude Dardelet, adjoint au maire de Toulouse et vice-président de la Métropole chargé de l'attractivité, du tourisme, de l'Europe et de l'international.
Tous les voyants ne sont pas au vert
Fin décembre dernier, Téléo, le nom du téléphérique urbain de Toulouse, a même atteint le cap du million de validations, mais son rythme de croisière reste néanmoins trop faible face aux promesses affichées. Un fragment du gap à franchir peut s'expliquer en partie par le fait que Tisséo a décidé, en octobre 2022, de fermer l'infrastructure à 22 heures et non plus à minuit pour des soucis de sobriété énergétique. À en croire Tisséo Voyageurs, cette mesure n'aurait impacté que 3% des usagers du téléphérique.
Au-delà d'un bilan chiffré mitigé, des tendances importantes ont pu être observées et tout d'abord l'aspect touristique de l'équipement. Celui-ci - qui survole la côte de Pech David, ainsi que la Garonne et une zone très verdoyante - offre un point de vue rare sur la Ville rose. « Nous avons effectivement un effet touristique collatéral que nous n'avions pas prévu, mais qui reste minoritaire sur la fréquentation », estime Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de la Métropole. Néanmoins, Tisséo compte entretenir ce phénomène et vient de lancer la commercialisation d'un ticket aller-retour Téléo (au prix de 3,50 euros) dans les distributeurs automatiques des trois stations du téléphérique. 2.600 tickets de ce genre ont été vendus depuis le 21 avril selon Tisséo.
Par ailleurs, l'engin qui dessert des bassins de vie ou économiques importants (37.000 étudiants à l'université Paul-Sabatier et connexion à la ligne B du métro, plusieurs milliers d'emplois à l'Oncopole, sans parler des dizaines de milliers de consultations qui ont lieu au CHU de Rangueil) est très emprunté par des cyclistes qui veulent se rendent sur ces pôles. « Nous sommes submergés par le nombre de vélos qui prennent le téléphérique », confiait récemment Jean-Michel Lattes, le président de Tisséo
Enfin, la disponibilité est la véritable satisfaction de la première année d'exploitation du téléphérique à Toulouse, malgré quelques pannes au démarrage. « Téléo a, dès le début trouvé son public et enregistre un taux de niveau de service très satisfaisant avec une disponibilité de l'ordre de 99,3%, malgré les interruptions dues à la période dite de « déverminage » de ce type de système très technique », avait notamment précisé Tisséo dans un communiqué pour fêter le million de validations en fin d'année passée. Depuis, aucune véritable panne notable n'a été remontée. Cette performance est particulièrement liée au choix technologique dit des 3 S, qui consiste à tracter les cabines avec trois câbles et non un comme c'est le cas pour certains téléphériques en France.
Toulouse, un exemple qui inspire
L'autre signal positif du téléphérique urbain est l'attractivité dont dispose la Ville rose auprès des élus locaux.
« Il ne se passe pas une semaine sans que je mène une visite de Téléo avec des élus locaux intéressés pour en faire de même sur leur territoire et qui commencent à étudier le sujet. C'est frappant. Il faut vraiment avoir en tête que c'est un outil véritablement intéressant pour franchir des reliefs », commente Jean-Michel Lattes.
Des délégations du Canada et du Rwanda sont venues à Toulouse, tout comme une de l'île de la Réunion, ou encore de l'Andorre. Sur la métropole, Perpignan, Avignon, Lyon, Nîmes, Grenoble et surtout Bordeaux ont fait un détour par la Ville rose pour voir son téléphérique.
L'exemple toulousain a maintes fois servi d'argument aux promoteurs du télécabine à Bordeaux, pour faire valoir l'efficacité d'un franchissement de la Garonne par câble. La Métropole a conduit une concertation de novembre à février afin de recueillir l'avis des habitants et des acteurs économiques concernés. Objectif : retenir un tracé parmi six propositions reliant les deux rives. Mais derrière un coût annoncé à 80 millions d'euros maximum pour moins de trois kilomètres, la facture pourrait s'envoler à 130 millions d'euros si la technologie retenue est la même qu'à Toulouse. Un célèbre constructeur nautique voit quant à lui d'un mauvais œil le survol quotidien de son site de R&D. Les élus de droite, opposés au projet, privilégient la réalisation d'une voie de tramway au-dessus du fleuve, via un pont déjà existant. Le projet télécabine sera mis aux voies le mois prochain en conseil métropolitain, avec une certaine incertitude sur son issue.
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