Reportage. Pyxis Conteneur construit, à Albi, des logements à partir de conteneurs maritimes hors d'usage

En périphérie d'Albi, la jeune société Pyxis Conteneur est en pleine ascension grâce à son concept. Ses deux associés récupèrent des conteneurs maritimes hors d'usage pour les transformer en logements aux normes RE2020, mais pas seulement. Avec leur procédé, les deux entrepreneurs vont notamment réaliser en 2023 l'extension d'une clinique. Reportage dans les ateliers de Pyxis Conteneur, qui témoignent de l'agitation autour de cette nouvelle forme d'habitat.
Florian Ludwiczak et Bastian Lacombe transforment des conteneurs maritimes hors d'usage en logements, bureaux voire cabinets médicaux.
Florian Ludwiczak et Bastian Lacombe transforment des conteneurs maritimes hors d'usage en logements, bureaux voire cabinets médicaux. (Crédits : Rémi Benoit)

Le rendez-vous est fixé dans une modeste zone industrielle de Cambon, en périphérie d'Albi (Tarn). Sur place, le décor laisse penser à une base logistique, dans laquelle une petite dizaine de conteneurs maritimes de différentes tailles sont éparpillés. Mais une partie de la cour extérieure est occupée par une petite maison flambant neuve. « C'est notre maison témoin. Elle fait 30 m2, avec une surface habitable de 28,75m2 et elle est aux normes de la RE2020 (la nouvelle norme française en matière de construction censée améliorer le confort des occupants face au changement climatique, ndlr) », présente Bastian Lacombe. À l'intérieur, tout y est rondement pensé, avec un espace cuisine, chambre/salon et un coin sanitaire, ainsi que plusieurs ouvertures sur l'extérieur.

Sa seule particularité est d'être une maison à toit plat. Et pour cause, cette maison a été réalisée à partir d'un conteneur maritime hors d'usage, considéré comme un déchet. C'est tout le concept de l'entreprise Pyxis Conteneur, qui a établi sur place son siège social, fondée en 2021 par Bastian Lacombe et son associé Florian Ludwiczak, deux Albigeois d'origine. « Tout l'intérêt de la démarche est de recycler des conteneurs maritimes qui ne repartiront plus en mer et non pas produire de nouveaux conteneurs et consommer de la matière », explique l'entrepreneur. Charge au duo par la suite de transformer ce déchet en un logement, des bureaux voire un équipement public.

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« Au départ, nous passions par des revendeurs classiques de conteneurs. Depuis peu désormais, nous avons rejoint le réseau Netbox, qui fait ce travail de sourcing pour l'approvisionnement à notre place et c'est en résumé ce réseau notre fournisseur. Cela nous offre une plus grande force de frappe et la plupart du temps ce sont des conteneurs qui viennent de Fos-sur-Mer », explique Bastian Lacombe.

Pyxis Conteneur

Pyxis Conteneur est installée à Cambon, non loin d'Albi (Crédits : Rémi Benoit).

Des recrutements attendus

Avant de créer officiellement la société en septembre 2021, les deux jeunes entrepreneurs se sont lancés dans le projet dès l'année précédente, à l'issue d'un cursus Erasmus suivi par Bastian, ingénieur de formation. « À cette occasion, j'ai vécu dans une maison conteneur en Norvège pendant plusieurs mois et j'ai été séduit par le concept. De retour, j'ai rencontré Florian dans mon précédent travail, je lui ai parlé de l'idée et on a commencé à travailler dessus », raconte l'entrepreneur. Depuis, Pyxis Conteneur, en plus de la maison témoin, a déjà livré quelques chantiers. La société a tout d'abord livré un studio de 28 m2 à partir de deux conteneurs et une Pool House, d'une surface plus modeste à partir d'un seul conteneur.

« Grâce à nos diverses compétences, nous faisons 60% du travail, et notamment l'isolation par l'extérieur, dans nos ateliers actuellement et nous avons des sous-traitants qui interviennent pour le second oeuvre. Mais l'idée à terme est bien évidemment de recruter et d'être capable de réaliser totalement une commande de la réception du conteneur maritime jusqu'à la livraison du chantier, » projette Florian Ludwiczak.

À court terme, le duo prépare le recrutement de deux apprentis et dans quelques mois aussi celui d'un commercial, bien que pour le moment la curiosité et le bouche-à-oreille font leur effet. « Quasiment tous les jours, nous recevons des prises de contact, c'est beaucoup de curieux qui viennent même à notre atelier. Mais certaines démarches débouchent sur des contrats. Les gens sont attirés par le toit plat et son côté contemporain », ajoute l'associé de Bastian. Preuve de cette attraction, les locaux de Pyxis Conteneur ne manquent pas de grandes boîtes en acier dont l'aménagement a déjà débuté.

Pyxis Conteneur

Pyxis Conteneur va prochainement prendre possession de locaux supplémentaires pour assurer sa montée en puissance (Crédits : Rémi Benoit).

L'intérêt des consommateurs pour ces maisons conteneurs n'est ainsi par ralenti par les possibilités limitées, sur le papier, des conteneurs maritimes avec leur largeur standard de 2,44 mètres, des hauteurs de 2,6 à 2,9 mètres et des longueurs de 6 à 12 mètres. « Nous avons la possibilité d'associer deux ou bien plus de conteneurs », tient à souligner Florian Ludwiczak, ce qui démultiplie ainsi les possibilités d'aménagement et d'architecture.

Une année 2024 déjà en préparation

Selon leurs calculs, les deux jeunes dirigeants s'attendent à réaliser environ 700.000 euros de chiffre d'affaires au cours de l'année 2023. « Nous allons avoir quatre gros chantiers et quelques petits comme des extensions de bureaux », précise Bastian Lacombe. Parmi ces gros chantiers, la jeune pousse va réaliser une maison de 60 m2 pour un couple de retraités à Pampelonne (Tarn). Deux autres maisons, plus importantes, sont inscrites au carnet de commandes (120 m2 encore à Pampelonne et 105 m2 à Albi). Mais surtout, Pyxis Conteneur va réaliser en 2023 l'extension de la clinique Toulouse Lautrec à Albi, pour 240m2, afin d'accueillir un nouveau service de kinésithérapie.

Pyxis Conteneur

Bastian Lacombe et Florian Ludwiczak ont d'autres demandes pour des maisons en préparation (Crédits : Rémi Benoit).

Les gens s'intéressent à notre concept car nous allons beaucoup plus vite que le bâti traditionnel dans la livraison et surtout nous sommes beaucoup moins chers qu'un maçon classique. En moyenne c'est 250 euros de moins par mètre carré mais pour le cabinet de kiné, nous atteignons les 300 euros de moins, se félicite Florian Ludwiczak.

Fiers de « transformer des déchets en maisons » et de se sortir « des salaires convenables », les deux entrepreneurs travaillent déjà avec quelques prospects pour une livraison espérée en 2024. « Nous avons deux maisons en discussion », conclut Bastian Lacombe, ce qui présage de belles perspectives pour la jeune TPE tarnaise.

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