Décoration discount  : « L'Espagne est un super challenge pour Centrakor » (Olivier Rondolotto et Nathalie Grand-Clément)

Basée à Toulouse, l'enseigne de décoration et équipements de maison à bas prix Centrakor vient de franchir le cap symbolique du milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2022. Pour cette nouvelle année, le réseau, qui emploie plus de 5.000 personnes, s'engage sur le marché espagnol avec un premier magasin test à Valence. Entretien croisé avec son président, Olivier Rondolotto et sa directrice générale, Nathalie Grand-Clément, sur les prochains défis de Centrakor qui doit comme beaucoup composer avec une inflation qui rogne leur rentabilité.
Basée à Toulouse, l'enseigne de l'équipement de maison et de la décoration à bas prix Centrakor approche la barre symbolique des 500 magasins.
Basée à Toulouse, l'enseigne de l'équipement de maison et de la décoration à bas prix Centrakor approche la barre symbolique des 500 magasins. (Crédits : Centrakor)

La Tribune - En 2022, votre enseigne d'équipements de la maison et de décoration à petits prix a franchi le cap symbolique du milliard d'euros de chiffre d'affaires. Qu'est-ce-que cela traduit pour le Toulousain Centrakor ?

Olivier Rondolotto (président) - Ce n'est qu'un chiffre... Nous ne l'avons pas atteint en étant focalisé dessus et ce n'était pas notre objectif. Pour nous, notre objectif est d'avoir le plus de magasins possibles pour accroître autant que nécessaire la notoriété de notre enseigne. Nous voulons avoir le bon nombre de magasins en France et les zones de chalandise ne sont pas extensibles à l'infini donc un jour cela s'arrêtera.

Aujourd'hui, nous nous développons très vite, avec 98 magasins en propre et 370 magasins adhérents, mais nous souffrons d'un déficit de notoriété par rapport à nos concurrents qui sont, pour certains, d'une taille plus modeste. À notre désavantage, nous sommes plus jeunes et nous avons seulement soufflé notre 15ème bougie en 2022. Mais franchir le cap du milliard d'euros de chiffre d'affaires peut, peut-être, provoquer une certaine prise de conscience chez certaines clientèles.

Selon vous, quelle est la recette du succès de Centrakor ? Pourquoi les consommateurs sont attirés par votre enseigne ?

Olivier Rondolotto - Nous sommes sans cesse en mouvement car nous sommes challengés en permanence par nos propriétaires de magasins adhérents qui sont de véritables chefs d'entreprises.

Nathalie Grand-Clément (directrice générale) - Nous avons un modèle commun et une identité d'enseigne commune, mais nous laissons une certaine latitude à des spécificités locales afin qu'ils apportent leur patte dans un modèle très carré. Pour nous, c'est vital de garder cet équilibre entre nos magasins intégrés et les magasins des adhérents. Nos magasins en propre sont aussi et avant tout des espaces de tests, qui nous permettent de porter le risque entrepreneurial sur des produits avant de le généraliser.

Centrakor

Olivier Rondolotto et Nathalie Grand-Clément dirigent ensemble l'enseigne Centrakor (crédits : Centrakor).

Vous êtes parti d'une quarantaine de magasins en 2004, date à laquelle vous rachetez ce qui deviendra Centrakor en 2007 et vous approchez aujourd'hui les 500 implantations. Est-ce un cap que vous pourriez franchir en 2023 ?

Nathalie Grand-Clément - Nous voulons ouvrir entre 15 et 25 magasins en 2023 afin de tenir une croissance soutenue. Nous en avons ouvert 22 l'année passée, 30 en 2021 et même en 2020, toujours avec l'objectif d'être rentable dès la première année. Nous ne sommes pas là pour faire des flagship. Nous voulons des magasins qui tournent et qui soient rentables.

Olivier Rondolotto - Nous sommes présents presque partout en France. Sur les zones à couvrir davantage, nous sommes très peu présents en région parisienne car les loyers sont hors de prix et dans le coin Sud-Est car les terrains y sont très rares. Au final, nous sommes une enseigne de Province.

Vous vous développez aussi à l'étranger. Après la Belgique il y a quatre ans, pays dans lequel vous comptez six magasins actuellement, vous vous attaquez à l'Espagne. Quelles sont vos ambitions dans ce pays ?

Olivier Rondolotto - Nous venons effectivement d'ouvrir en propre notre premier magasin à Valence. Nous avons d'ailleurs sous-estimé le défi d'ouvrir un magasin dans un pays non-francophone, mais nous sommes fiers d'y être parvenu. Nous avons déjà de la demande pour ouvrir des magasins adhérents en Espagne. Mais nous allons attendre 12 mois pour voir comment cela se passe. D'ici deux ans, nous saurons si nous ouvrons d'autres magasins ou si nous arrêtons, mais nous croyons en ce marché. Pour preuve, nous avons déjà recruté un directeur chargé du marché espagnol et nous avons investi plus que d'habitude sur ce magasin qui se devait d'être exemplaire. Nous avons investi 2 millions d'euros, contre 500.000 à un million pour un magasin en France.

Nathalie Grand-Clément - L'Espagne est un super challenge pour Centrakor car il y a pas mal d'enseignes qui s'y sont cassés les dents sur ce marché. Il y a des spécificités locales, une culture différente et des habitudes de consommation différentes à celles de la France. Notre magasin est ouvert jusqu'à 22 heures là-bas. Dans cette surface de 1.500 m2, nous allons tester un maximum de rayons et de références de notre enseigne afin de mettre l'ensemble de notre offre à l'épreuve du marché espagnol.

Centrakor Espagne

Le premier magasin espagnol de Centrakor a ouvert ses portes au début du mois de mars (Crédits : Centrakor).

Olivier Rondolotto - Pour la suite, nous avons déjà des demandes pour le Portugal. Mais nous regardons aussi de près l'Italie et la Suisse, qui nous plaisent plutôt bien.

Pour Centrakor, qui se présente comme une marque à petits prix, comment êtes-vous touchés par l'inflation ?

Olivier Rondolotto - La grande majorité de nos prix d'achats auprès de nos fournisseurs a augmenté. Mais nous n'avons pas répercuté toute la hausse sur nos prix de vente, c'est impossible. Nous ne pouvons pas faire exploser nos prix sur ce marché concurrentiel, nous avons besoin de tenir cet axe prix bras. C'est du cas par cas, article par article, mais nous avons essayé de limiter au maximum la hausse des prix. Nous avons écrasé nos marges. Aujourd'hui, le prix de vente moyen chez nous est de 7 euros.

Nathalie Grand-Clément - Depuis le début de la crise inflationniste, nous avons observé une baisse de notre flux clients dans nos magasins, mais notre panier client moyen a augmenté. Aussi, grâce à la démocratisation du discount, nous captons une nouvelle clientèle qui ne venait pas dans nos magasins auparavant. Quoi qu'il arrive, les prix bas font partie de notre ADN. Nous avons d'ailleurs une gamme de produits « prix bas toute l'année », pour une centaine de références dont pour lesquels le prix est imprimé sur l'emballage.

Olivier Rondolotto - Par exemple, nous avons huit cintres en bois à 3,99 euros depuis leur mise en rayon en 2017 et leur prix de vente n'a toujours pas bougé aujourd'hui alors que leur prix d'achat a flambé. Pour autant, sur 2022 et 2023 nous avons été beaucoup plus brutal sur le déréférencement de certains produits car nous atteignons des prix qui n'étaient pas acceptables par le client. L'un de nos produits très demandé par les clients, la litière à chat, est passé de 2,99 euros à 7,99 euros. Nous l'avons retiré et nous le remettrons en rayon quand notre fournisseur nous proposera à nouveau un prix acceptable.

Nathalie Grand-Clément - Par chance, nous avons 300 nouvelles références par mois au sein de l'enseigne. Nos clients peuvent donc trouver parfois une alternative.

Comment vous projettes-vous sur 2023 ? Quels sont vos indicateurs sur le premier trimestre de l'année 2023 ?

Nathalie Grand-Clément - Pour l'instant, notre flux clients repart à la hausse et nous tenons nos objectifs, à réseau constant. Nos voyants sont au vert à l'aube de l'été qui est une période de vente importante pour Centrakor avec des prix de vente plus élevés.

Olivier Rondolotto - En 2022, nous avons eu une profitabilité en baisse en comparaison à celle de l'année 2021. Pour l'instant, sur le plan économique, les trois premiers mois de l'année ça va. En 2023, l'objectif dans tous les secteurs sera que les entreprises tiennent le coup face à ces crises multiples. Aujourd'hui, nous n'avons pas de points d'alerte sur nos magasins.

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