Le Tarnais ARM Engineering veut profiter du futur accord européen sur les carburants de synthèse

Installée dans le Tarn, la société ARM Engineering a mis au point un carburant de nouvelle génération, le G-H3, avec les caractéristiques à la fois du biocarburant et du carburant de synthèse. Elle compte ainsi sur la future législation promise pour 2024 par la Commission européenne à ce sujet. En attendant, l'entreprise développe des kits de conversion au G-H3 pour des véhicules thermiques et électriques.
ARM Engineering a mis au point un carburant hybride, mêlant les caractéristiques d'un carburant de synthèse et celles d'un biocarburant.
ARM Engineering a mis au point un carburant hybride, mêlant les caractéristiques d'un carburant de synthèse et celles d'un biocarburant. (Crédits : ARM Engineering)

« Cette initiative européenne va faciliter grandement notre avenir », estime Marc Lambec, le président de la société ARM Engineering. Le dirigeant fait référence à l'accord des pays membres de la Commission européenne sur la fin de la vente des véhicules thermiques en 2035, comprenant un accord séparé d'ici fin 2024 sur les véhicules roulant avec des carburants de synthèse. « Le tout électrique, c'est une utopie », ajoute-t-il, lui qui estime que « les carburants de synthèse peuvent révolutionner le monde des transports ».

Fondée en 2017 dans le Tarn, sa société a mis au point l'un de ces carburants de synthèse, le G-H3. « Le composé chimique principal c'est du méthanol, mais notre carburant est réalisé à partir de la méthanisation du biogaz avec comme intrant de la biomasse alimentaire, et non pas à partir de captation de CO2 », décrit le président d'ARM Engineering.

Plus précisément, le G-H3 est présenté comme un carburant hybride qui combine les caractéristiques des biocarburants et des carburants de synthèse. Il est fabriqué à partir de matières premières renouvelables et est produit par des procédés chimiques de synthèse, à savoir la catalyse.

Un prix similaire à l'essence ?

Il a confié la production à un partenaire danois dont il préfère taire le nom afin de préserver cette collaboration de toute sollicitation extérieure. Pour la suite, le dirigeant aimerait compléter ce partenariat par des fournisseurs locaux, et particulièrement français. De ce fait, la société installée à Montans (Tarn) a déjà référencé 1.600 méthaniseurs dans le pays, sans pour autant les démarcher pour le moment. Cependant, des réserves existent autour de cette énergie de demain qu'est le carburant de synthèse et tout d'abord sur son prix.

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« Aujourd'hui, malgré une production à une très petite échelle, nous avons un prix équivalent à celui du carburant actuellement. Nous sommes autour de deux euros le litre, grâce à notre choix technologique de la méthanisation, moins chère que celle de la captation de CO2 bien plus complexe. Avec une production à plus grande échelle, nous serons beaucoup plus compétitifs avec un prix 40 voire 50% moins cher que le sans plomb 95 », conteste Marc Lambec.

Quant à l'empreinte carbone de son G-H3, il précise que celui-ci émet 18 grammes de CO2 par mégajoule, de la production à sa consommation, contre 90 pour l'essence et 40 pour le bioéthanol, selon ses chiffres. « Il y a de la marge pour faire mieux car nous sommes aux prémices, mais un carburant qui ne pollue pas cela n'existe pas », quand Marc Lambec évoque la volonté de la Commission européenne d'avoir des véhicules thermiques rejetant zéro émission polluante et circulant avec du carburant de synthèse au-delà de 2035.

Une législation à modifier

Consciente de maîtriser un savoir-faire prometteur, à défaut qu'il fasse l'objet encore d'un usage massif, ARM Engineering veut développer prioritairement les usages de son G-H3 avant d'actionner la production de masse de son carburant de synthèse. Pour ce faire, la société tarnaise travaille sur plusieurs prototypes et plusieurs démonstrateurs sur des véhicules.

Elle a ainsi mis au point un boîtier additionnel pour les moteurs à essence afin de les convertir à son G-H3, tout comme un procédé portant sur la modification du logiciel moteur afin que des véhicules thermiques utilisant de l'essence puissent rouler uniquement avec son biométhanol. « Nos produits sont prêts à être commercialisés en l'état actuel des choses. Mais nous allons certainement commencer leur commercialisation avec un système de flex-fioul afin de permettre dans un premier temps aussi l'usage du super-éthanol, plus répandu », précise Marc Lambec.

Pour ces véhicules thermiques, l'entreprise innovante a notamment monté un démonstrateur sur un Renault Espace, mais Marc Lambec dénonce un procédé d'homologation pour le rétrofit « anti-constructif pour les PME et fait pour les grands industriels ». « C'est plus de 100.000 euros pour chaque type de véhicule dans un même modèle, donc un Renault Espace avec 10 déclinaisons c'est un million d'euros d'investissement... », poursuit-il. Néanmoins, après une concertation avec certains ministères, le dirigeant s'attend à une modification de la législation voire à un assouplissement de celle-ci concernant le rétrofit.

Les 15 salariés d'ARM Engineering portent les mêmes projets sur le rétrofit de véhicules électriques. Tout d'abord, l'entreprise développe une pile à combustible fonctionnant au G-H3, avec batterie, pour convertir totalement un véhicule électrique. Pour ce dernier, et particulièrement les utilitaires électriques, les équipes ont aussi mis au point un prolongateur d'autonomie avec une pile à combustible à ajouter au système moteur du véhicule concerné. « Il y a la possibilité de multiplier par deux l'autonomie d'origine grâce au G-H3 », ajoute Marc Lambec. C'est d'ailleurs avec cette dernière technologie qu'ARM Engineering a battu le record du monde de kilomètres parcourus avec une seule recharge sur un véhicule électrique en utilisant une Renault Zoé.

Afin de préparer la commercialisation de ses futurs kits de conversation au G-H3, ARM Engineering finalise actuellement l'acquisition de la société toulousaine Utopia Electronics.  Cette « pépite », comme la qualifie Marc Lambec, est capable de produire des systèmes électriques, jusqu'à plusieurs milliers d'exemplaires. Une aubaine pour la société tarnaise qui est également à la recherche de fonds pour accélérer.

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