Entre pénurie de candidats et forte reprise d'activité post-Covid, les services RH de la filière aéronautique doivent faire face à un véritable casse-tête.
« Actuellement, nous mettons des gros contrats en stand-by car nous n'avons pas les personnes en interne pour y répondre. Mais en 2023, nous voulons vraiment nous développer, le recrutement sera important », commente Pauline Sanchez, gestionnaire RH chez Airplane.
Spécialisée dans la maintenance et la peinture aéronautique, cette société toulousaine propose 55 postes ouverts actuellement et emploie déjà 110 salariés, sur ses deux sites de Toulouse et Agen. Parmi les emplois proposés, les plus en tension reviennent tout particulièrement, à savoir les peintres aéronautiques et les préparateurs de surface qu'Airplane est prêt à former en interne si un candidat fait preuve d'un vrai intérêt pour le poste.
« En deux heures, on a eu un peu plus d'une vingtaine de CV. Si déjà, nous arrivons à recruter deux peintres sur les cinq que nous recherchons, la journée sera bonne », ajoute Pauline Sanchez, dont l'employeur travaille à la création d'un centre de formation en interne.
Les opérateurs de maintenance plus que jamais dans le besoin
Ils étaient plusieurs centaines à se rendre, ce mardi 14 mars, à proximité immédiate du stade Ernest Wallon, à Toulouse. Dans un chapiteau blanc qui jouxte le stade, une cinquantaine de sociétés de la filière aéronautique avait donné rendez-vous aux intéressés dans l'espoir d'y trouver leurs futurs salariés, dont Airplane. « Il y avait plus de 3.000 postes à pourvoir lors de cette édition 2023. Nous n'avions pas vu un tel volume d'offres depuis l'apogée du programme A380 », précise Thierry Abad, le directeur des opérations Grand Sud chez l'agence de recrutement Synergie qui organise ce salon annuel.
Dans le lot, un peu plus de 10% des offres proposées sont ouvertes à des personnes non qualifiées grâce à des formations rémunérées et fléchées pour ces postes, ou bien prévues en interne comme chez Airplane. Du côté de Galvanoplastie Industrielle Toulousaine (GIT), qui recherche en particulier des opérateurs de traitement de surfaces à former en interne, la problématique est similaire. « Si à l'issue du salon, je parviens à recruter au moins un opérateur, la journée sera réussie », témoigne Valentine Mangold, la responsable des ressources humaines chez GIT, installée à Cugnaux. La PME, qui emploie 75 personnes, propose actuellement une petite dizaine de postes ouverts dont un commercial et un technicien de laboratoire.
Un peu plus loin dans les allées du stand, un autre MRO (sous-traitant spécialisé dans la maintenance) toulousain fait la court aux candidats. Le gersois Air Support prévoit 25 embauches cette année, lui qui prévoit un meilleur chiffre d'affaires qu'avant la crise sanitaire dès 2023. « Nous avons besoin de recruter, nos équipes sont en train de souffrir », témoigne avec une pointe d'humour Élisabeth Reybroeck, assistante de direction dans cette PME qui emploie une centaine de personnes aujourd'hui.
SI certains témoignent d'une forte reprise d'activité, d'autres sentent aussi ce redémarrage mais s'y avancent avec prudence. « Nous préférons recruter en 1+1+1, etc, plutôt que trop recruter d'un coup et se retrouver avec des équipes trop importantes », ne cache pas Anaïs Finkelstein, responsable RH chez Vartan Aéro, preuve que le trou d'air de la Covid 19 est encore dans les esprits. Cette société basée à Colomiers, spécialisée dans la réparation cabines et aérostructures sur FAL et en maintenance, ne propose à court terme que quatre postes ouverts (électricien et technicien aménagement cabine principalement). Mais cette PME de 96 salariés pourrait recruter dans les mois qui viennent des peintres aéronautiques et des ouvriers spécialisés dans le composite si le redémarrage se confirme.
Les avionneurs attirent beaucoup
En plus de ces sous-traitants, les grands noms de la filière étaient présents à ce salon. Airbus, Safran, ATR, Thales... Ce sont d'ailleurs eux qui ont attiré le plus de monde et causés le plus d'attente avant d'avoir un entretien pour les candidats intéressés. « La nouvelle ligne d'assemblage (FAL) pour l'A321 XLR à Toulouse crée un engouement chez les candidats », estime Anaïs Finkelstein de Vartan Aéro. « L'industrie aéronautique attire toujours et n'est pas morte », commente fièrement devant cette foule Élisabeth Reybroeck d'Air Support. Chez les nouveaux acteurs, comme Aura Aéro, la joie est aussi au rendez-vous face à la multiplication des prises de contact de la part des candidats.
« Nous attirons beaucoup de salariés déjà en poste. Nous le voyons, ils sont plus que jamais en quête de sens. En plus, ils peuvent participer à la construction d'un avionneur à partir de rien, c'est historique, avec des moments fédérateurs comme un premier vol, etc », commente Florence Faucheur, la responsable RH d'Aura Aéro.
Membre du Comex de l'avionneur qui veut décarboner l'aviation régional avec un aéronef électrique nommé ERA, la dirigeante table sur 250 recrutements rien qu'en 2023 alors que les effectifs sont aujourd'hui de seulement 150 personnes. Son équipe RH devrait aussi passer de cinq à dix personnes. « Nous sommes en plein boom », commente-t-elle. Comme toute la filière.
Selon le Gifas, les industriels de l'aéronautique et de la défense prévoient 15.000 recrutements en France au cours de l'année 2023.
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