Railcoop, en recherche de cash, revoit sa copie

Le nouvel opérateur ferroviaire coopératif va finalement lancer plus tôt que prévu son service de transport de voyageurs entre Lyon et Bordeaux. Au-delà d'une nécessité de convaincre encore des acteurs financiers pour proposer un service plus ambitieux, Railcoop doit surtout faire face à un besoin de cash. Installée à Figeac, la société a même été contrainte de réduire la voilure.
Railcoop compte lancer son service voyageurs dès l'été 2024.
Railcoop compte lancer son service voyageurs dès l'été 2024. (Crédits : Railcoop - Lucas Madebos)

Réunis en assemblée générale fin février, les 14.000 sociétaires de la coopérative ferroviaire Railcoop ont revu leur copie. Il a été finalement décidé de lancer un service de transport de voyageurs, à raison d'un aller par jour et dans les deux sens, sur leur future ligne Bordeaux-Lyon dès l'été 2024. Initialement, le lancement sur le transport de voyageurs de ce nouvel opérateur ferroviaire sociétaire devait intervenir entre 2025 et 2026, avec une fréquence plus importante.

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« Attendre de rassembler les 40 millions d'euros nécessaires pour lancer un service voyageurs optimum était un scénario. Mais cette nouvelle décision répond à une demande du terrain et des collectivités locales concernées, tout comme le besoin de convaincre encore », justifie Nicolas Debaisieux, le directeur général de Railcoop.

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Pour l'instant, le nouvel opérateur français basé dans le Lot assure avoir levé 8,5 millions d'euros depuis sa création et dit en avoir sécurisé un total de 11 millions, avec l'engagement de certains acteurs d'intervenir dans le financement sur des étapes futures. Seulement, certains manquent à l'appel comme les conseils régionaux d'Occitanie et de Nouvelle-Aquitaine, dont le transport ferroviaire fait partie de leurs compétences.

« Je pense qu'il y a une incompréhension sur qui nous sommes avec ce format coopératif », tente d'expliquer Alexandra Debaisieux, la directrice générale déléguée.

Levée de fonds en cours

Avec cette initiative, Railcoop espère convaincre plus rapidement des potentiels investisseurs de venir soutenir le projet, avant de monter en puissance. « Nous avons infléchi la vitesse de déploiement du projet pour être sur quelque chose de beaucoup plus progressif », confirme Philippe Bourguignon, le nouveau président de Railcoop et porteur du projet d'écotrain à Albi, dévoilé en exclusivité par La Tribune.

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Pour lancer ce service minimum en accéléré, la coopérative est actuellement en pleine  levée de fonds à travers l'émission de titres participatifs sur la plateforme Lita, pour un montant total de 4,1 millions d'euros plus que nécessaires. « Le cash est aujourd'hui un sujet car pour l'instant nous avançons uniquement sur nos fonds propres. Nous supportons intégralement le risque et l'investissement », admet Nicolas Debaisieux. « Nous sommes plutôt dans une logique d'investissement comme toute entreprise qui se développe et nous devons encore investir pour lancer ce service », tempère sa directrice générale déléguée.

Preuve que le cash est un sujet, Railcoop n'a pas hésité à réduire la voilure ces derniers mois. « Nous avons réduit nos coûts structurels au maximum dès le mois de décembre (...) Nous les avons réduit de 10% en nous passant de prestataires externes et avec quelques réductions de dépenses sur le personnel », admet Philippe Bourguignon sans trop vouloir rentrer dans les détails. Aujourd'hui, le nouvel opérateur ferroviaire déclare employer « une trentaine » de collaborateurs. De plus, il prévoit d'entamer le recrutement de neuf personnes pour le personnel roulant de la future ligne Bordeaux-Lyon dès cet automne.

Le fret ferroviaire patine

À contrario, Railcoop se fait déjà la main sur son service de fret ferroviaire lancé en fin d'année 2021. Avec en moyenne un flux par semaine, l'opérateur livre du bois pour le compte d'un client entre Figeac et Saint-Gaudens. Un deuxième flux de transport de marchandises doit débuter dans les prochaines semaines et c'est une bonne nouvelle économique pour l'opérateur lotois.

« En 2022, nous avons réalisé un chiffre d'affaires de 120.000 euros sur le fret ferroviaire, ce qui est largement en-dessous de nos attentes. Mais les perspectives pour 2023 sont bien meilleures et le conseil d'administration nous a fixé l'objectif d'atteindre les 2,1 millions d'euros de chiffre d'affaires sur le fret ferroviaire en 2023 », précise Nicolas Debaisieux.

Sur cette activité, le nouvel opérateur ferroviaire fustige d'ailleurs le refus du versement de subventions dans le cadre du plan France 2030 des opérateurs publics pour soutenir ce nouveau service.

Quant à l'activité globale de Railcoop, celle-ci a déjà fait savoir que son résultat net de 2023 serait négatif face aux investissements qui vont être réalisés dans les prochains mois.

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