Comment Louis veut « tuer le mobilier de bureau made in China en Europe »

À l'origine d'un mobilier de bureau sur mesure, en bois de forêts éco-gérées et réutilisable, l'entreprise toulousaine Louis ne cache pas ses ambitions. Elle s'apprête à lancer une offre par abonnement à un prix agressif pour son mobilier de bureau durable afin de mettre à mal la concurrence asiatique. En 2022, son chiffre d'affaires a connu une croissance de +40%.
L'entreprise toulousaine Louis s'attend à un chiffre d'affaires record en 2023 avec son mobilier de bureau évolutif.
L'entreprise toulousaine Louis s'attend à un chiffre d'affaires record en 2023 avec son mobilier de bureau évolutif. (Crédits : Rémi Benoit)

« Dans le monde, l'industrie du mobilier de bureau est responsable de 5% des émissions de gaz à effet de serre. C'est plus que le transport aérien... Rien qu'en France, ce sont 15.000 bureaux qui sont jetés chaque jour et 93% sont enfouis ou brûlés », présente Thomas Devineaux. Ces nouveaux chiffres l'encouragent à donner une impulsion nouvelle à sa société Louis, cofondée en 2018 à Toulouse avec des associés.

Son concept depuis quatre ans ? Proposer à une clientèle professionnelle du mobilier de bureau sur mesure et en bois, issues de forets européennes éco-gérées, affichant une durée de vie de 80 ans. En cinq années, la startup industrielle a mis en circulation pas moins de 2.000 pièces. Dernier projet phare en date ? La PME a équipé totalement en mobilier de bureau le nouveau Campus Cyber à Paris, soit environ 500 pièces livrés en 2022 rien que pour ce projet.

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Thomas Devineaux souhaite développer Louis tout en ayant de l'impact (Crédits : Rémi Benoit).

« Au final, les organisations du travail hybrides, qui mêlent présentiel et télétravail, nous servent. Les entreprises ont compris qu'elles doivent créer des espaces de travail informels et ouverts et non plus des espaces clos avec du mobilier made in China. Le mobilier de bureau est devenu un levier important pour redonner envie au personnel de revenir au bureau. Pour les sociétés, c'est aussi l'un des leviers pour avoir de l'impact sur le plan environnemental, en plus du transport et des serveurs informatiques (...) Selon nos derniers calculs, nos bureaux ont un impact carbone dix fois moins important qu'un bureau classique », analyse Thomas Devineaux.

L'ambition d'être autonome en bois

Mais ce n'est pas suffisant pour les 19 salariés de la jeune pousse, qui jouissent pourtant d'un business florissant : un chiffre d'affaires de 1,4 million d'euros fin 2022, en croissance de + 40% par rapport à 2021, et l'ambition de franchir le cap des trois millions en 2023. « Nous voulons avoir encore plus d'impact et diviser par 50 l'empreinte carbone d'un poste de travail sur mesure Louis par rapport à un bureau classique made in China », ajoute le CEO.

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La menuiserie 4.0 emploie une vingtaine de collaborateurs (Crédits : Rémi Benoit).

Pour ce faire, la société installée précisément à Labège (Haute-Garonne) mise sur le réemploi de ses bureaux à partir de cette exercice comptable 2023. Dès à présent, la menuiserie innovante veut proposer à ses clients de reprendre le mobilier livré par Louis pour le remettre à neuf et aux goûts du jour et ainsi le réutiliser. « Grâce à l'essence de bois que nous avons choisi, le bouleau, notre mobilier peut être réemployé cinq à dix fois sur un cycle de vie de 80 ans », fait savoir l'entrepreneur. Pour autant, l'entreprise va continuer à vendre du mobilier neuf, toujours avec l'optique de le récupérer et le remettre à neuf quand le client voudra renouveler son parc.

« L'idée est d'être à terme autonome en bois grâce à ce fonctionnement (...) Ces derniers mois, le bois a connu une hausse de son prix de +120% et nous répercutons ce prix sur nos ventes. Malgré ça, nous n'avons jamais aussi bien vendu notre mobilier évolutif (...) Depuis la crise sanitaire, il y a beaucoup plus de demandes de la part des entreprises pour du mobilier de bureau durable », se projette Thomas Devineaux.

Pour tenir ses promesses via des capacités de production adéquates, Louis va investir un total de 200.000 euros dans son usine de Labège, et ainsi tripler ses capacités de production d'ici fin 2023 sur 700 m2 d'ateliers bas carbone avec la possibilité de sortir jusqu'à 10.000 pièces par an. Cet investissement va aussi permettre de passer de 40% à 80% d'automatisation du procédé de fabrication. Une ligne de production sera dédiée au mobilier neuf et une autre sera consacrée au réemploi.

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L'ensemble du nouvel outil industriel de Louis sera finalisé fin d'année 2023 (Crédits : Rémi Benoit).

Une offre commerciale agressive en préparation

Toujours dans cette logique de conquérir le marché européen, avec ce nouvel outil de production, Louis prévoit de boucler dans les 12 prochains mois une levée de fonds de 10 à 15 millions d'euros en série A avec des fonds à impact. L'intérêt de cette future opération financière est de se doter d'un BFR suffisant en lien avec une future offre commerciale : l'abonnement mensuel.

« Nous allons lancer une offre à un tarif ultra compétitif, à savoir 10 euros par mois et par poste de travail. L'idée est de tuer le mobilier de bureau made in China en Europe et devenir ainsi le Pentagonia du meuble sur le continent », annonce Thomas Devineaux.

Cette offre sera même complétée par une option mensuelle du même montant pour des assises de bureau aussi made In France à partir de matériaux éco-responsables. Louis vient en effet de ficeler un partenariat avec l'industriel basque Sokoa dans l'optique de proposer une approche commerciale complémentaire.

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Commentaires 2
à écrit le 09/03/2023 à 20:48
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Très bonne idée. Cela m interesse

à écrit le 09/03/2023 à 10:41
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"Rien qu'en France, ce sont 15.000 bureaux qui sont jetés chaque jour et 93% sont enfouis ou brûlés" Merci beaucoup pour ces chiffres qui sont beaucoup trop rares alors que bilans indispensables si on veut commencer à convaincre, et si on prend ce ph...

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