Toulouse, bastion des billetteries nouvelle génération pour la culture

Face au manque de renouvellement dans le secteur des billetteries en ligne en France, Toulouse s'est imposé ces dernières années comme une place forte de l'innovation dans l'interface entre les organisateurs culturels et les consommateurs. NFT, achat en groupe, modélisation 3D... Les idées ne manquent pas. Décryptage.
Le Toulousain Festik est notamment en charge de la billetterie du Festival des Lanternes, qui se tient depuis 2022 à Montauban (Tarn).
Le Toulousain Festik est notamment en charge de la billetterie du Festival des Lanternes, qui se tient depuis 2022 à Montauban (Tarn). (Crédits : DR)

Le marché de la billetterie est un secteur très concentré en France, reposant principalement sur deux grands acteurs : Ticketmaster, américain ou Francebillet, proposé par la Fnac. Ces deux mastodontes se contentent simplement de vendre des billets de diverses manifestations culturelles et sportives en s'octroyant une commission. Néanmoins, à Toulouse, plusieurs acteurs tentent de rafraîchir l'approche commerciale de ces entreprises devenues incontournables.

« Toulouse est une ville très culturelle, qui est un grand terrain de jeu en terme d'innovation. Il y a plein d'événements, de soirées, de festivals, etc... C'est la quatrième plus grande ville de France, ça apporte un cadre idéal », justifie Vincent Santacruz, cofondateur de OandB.

Dans les faits, la Ville rose est une place de choix pour lancer une billetterie 4.0. En plus d'être la quatrième ville de France, et première ville étudiante, la cité toulousaine accueille plus de 1.800 événements organisés par les communes de l'agglomération, sans oublier les musées et les clubs sportifs qui y vont aussi de leurs manifestations.

Les NFT prennent le pouvoir

La société de Vincent Santacruz propose un système de billetterie classique, en ajoutant un système de numérotation de places par une modélisation 3D du lieu. En complément, la startup fondée en 2016 offre la possibilité de réserver nourriture et boissons depuis leur siège dans la salle de spectacle grâce à un nouveau procédé, la digi-buvette.

La société mise également sur la technologie de la blockchain. Grâce au système d'identification unique des chaînes de blocs, la startup souhaite proposer ses billets sous forme de NFT. Cela permettrait à l'utilisateur et aux organisateurs de garantir l'authenticité du billet et d'éviter des problèmes tel que la vente de places au marché noir, parfois en doublon. Chaque utilisateur aurait alors un wallet (portefeuille numérique) en sa possession, permettant de consulter ses événements passés mais également d'obtenir des récompenses exclusives.

« Lors du match TFC - Troyes début février, les personnes ayant acheté leurs places via notre billetterie ont pu accéder à une vidéo exclusive des joueurs qui fêtait la victoire dans les vestiaires ainsi qu'une autre de Bigflo et Oli par exemple.

Il y a deux sujets importants sur notre technologie, le dispositif anti-fraude du billet et l'expérience même qui est offerte. Nous sommes nostalgiques des billets que l'on pouvait garder en souvenir sur notre frigo c'est pour cela que nous essayons de rendre à l'utilisateur cette expérience », rajoute le cofondateur de OandB.

Premier vent nouveau en 2010

Sur le plan économique, OandB n'offre pas de révolution avec une commission de 2.8% et 39 centimes d'euros par billet. Souhaitant une croissance rapide, la jeune pousse de cinq salariés espère atteindre les 10 millions d'euros de chiffre d'affaires d'ici cinq ans (actuellement à 300.000 euros) et étudie l'éventualité d'une levée de fonds dans le futur.

La startup a ainsi adopté le modèle économique du plan ancien des néo-boutiques de spectacles toulousaine, Festik, qui se finance avec le prélèvement d'une commission de 80 centimes d'euros. Cette société concurrente, née en 2010, a vu le jour à partir du constat d'un manque de solutions pour les organisateurs d'événements.

« Nous avons réfléchi avec les acteurs culturels toulousains à une solution équivalente aux acteurs traditionnels, mais moins chère et surtout qui garantit aux organisateurs la restitution des données personnelles », témoigne Etienne Kemlin, fondateur de Festik.

L'arrivée de Festik sur le marché toulousain a jeté un bol d'air frais dans l'univers de la musique et des festivals. La société s'est très vite imposée comme leader de la billetterie toulousaine grâce au bouche à oreille et ses tarifs plus attractifs. Dix ans en arrière, les solutions étaient peu nombreuses en province et les salles de spectacles étaient limitées aux grandes institutions de la billetterie. Festik a permis à ces organisateurs de s'affranchir des solutions traditionnelles.

« Les organisateurs sont très ouverts à de nouvelles propositions à Toulouse, ils partagent nos valeurs tels que l'indépendance. À nos débuts, nous avons eu la chance de tomber sur des personnes qui ont accepter d'utiliser notre billetterie comme canal principal et les grandes institutions (Ticketmaster, Francebillet) comme canaux secondaires » raconte Etienne Kemlik.

Achat en groupe, l'avenir ?

Après 11 d'existence, Festik, qui collabore avec plusieurs lieux culturels locaux, va prochainement faire une mise à jour de l'interface de son site web. Elle espère ainsi donner un nouveau coup de fouet à son activité, après avoir bouclé l'année 2022 avec un chiffre d'affaires de 13 millions d'euros et une équipe de sept salariés. Elle compte également collaborer avec une nouvelle startup dénommée Billeon.

Spécialisée dans les événements musicaux et sportifs, la jeune pousse propose une technologie innovante, permettant de simplifier les réservations de groupe. Lors d'un achat, l'utilisateur peut bloquer des places à côté des siennes, sans avancer les frais. Un message est alors envoyé aux personnes concernées afin qu'ils payent et valident ainsi la réservation de leurs places dans les 24 heures. Cette solution est proposée sur la billetterie de la startup ou en marque blanche pour d'autres entreprises. In fine, l'idée de Billeon est de créer des ambassadeurs parmi les acheteurs en partageant dans leur entourage les informations concernant un spectacle référencé dans leur système.

« Nous avons remarqué que les organisateurs d'événements essayaient de plus en plus d'avoir des relais et des partages dans différentes communautés pour vendre des billets. La solution que nous proposons, c'est que chaque utilisateur et client deviennent un ambassadeur. De son côté, l'organisateur voit les données et peut récompenser les ambassadeurs qui rapportent le plus de personnes » précise Justine Routhiau, cofondatrice de Billeon.

L'objectif de cette démarche est d'augmenter le panier moyen des billetteries , actuellement à deux voire trois billets en moyenne par client.

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