Réorganisation majeure chez Wyca Robotics et nouveaux objectifs pour la startup

Les actionnaires de la startup toulousaine - dédiée au développement de robots autonomes indoor à usage industriel - ont décidé de renverser la table. Nouveau CEO, nouvelles équipes et nouveau modèle économique... Wyca Robotics affiche désormais un tout autre visage et séduit déjà quelques clients et prospects. Les explications autour de cette restructuration que traverse la jeune pousse.
Avec l'arrivée de son nouveau CEO, William Le Ferrand, Wyca Robotics avance désormais avec un nouveau business modèle pour ses robots autonomes indoor à vocation industrielle.
Avec l'arrivée de son nouveau CEO, William Le Ferrand, Wyca Robotics avance désormais avec un nouveau business modèle pour ses robots autonomes indoor à vocation industrielle. (Crédits : Joris Gaigne - Wyca)

Née en 2015 dans la Ville rose, Wyca Robotics, spécialisée dans le développement de robots industriels autonomes indoor, ne compte qu'une petite poignée d'engins en circulation. Une situation qui peut sembler inquiétante dans le monde impitoyable de la Tech. Mais après 12 derniers mois mouvementés en interne, la startup semble avoir repris sa marche en avant, contre un gros rafraîchissement de son organisation et de son modèle économique.

« Je suis venu pour faire prendre un virage à la société. C'est un nouveau Wyca qui se présente aujourd'hui sur le marché », confirme William Le Ferrand, le nouveau CEO de l'entreprise tout droit venu des États-Unis. Intronisé au cours de l'été 2022, le nouveau dirigeant a ainsi été approché et débauché de ses anciennes activités par M Capital, actionnaire de Wyca Robotics depuis la levée de fonds de 1,6 million d'euros opérée en 2021.

« Quand j'ai mené mon audit avant d'acter mon arrivée, j'ai constaté une méthode de travail... un peu brouillonne et surtout l'équipe était très jeune. Pour la majeure partie d'entre eux, c'était leur premier job », se remémore William Le Ferrand qui constate par la même occasion le potentiel technologique énorme de Wyca. « Nous avons des robots français plus agiles, plus souples et plus réactifs que la concurrence », promet-il.

Une arrivée qui a provoqué sans surprise le départ du CEO historique de la société, Patrick Dehlinger, qui a présenté sa démission en concomitance avec l'audit mené par celui qui deviendra alors son successeur.

Objectif un million d'euros de chiffre d'affaires en 2023

La transparence et la franchise du nouveau patron de Wyca Robotics sur certains points peuvent parfois surprendre, mais cela fait partie de son management. « Je suis transparent avec tout le monde (...) On avance avec méthode et modestie, et dans le calme », présente-t-il.

La première étape de son plan consiste à valider le « matching » entre les produits commercialisés par l'entreprise et les besoins du marché. « Nous venons de valider cette première étape cruciale », confie-t-il dans la foulée. Pour mémoire, Wyca Robotics propose deux robots : le Shuttle, petit et de forme ronde, qui peut réaliser des opérations de transport de pièces ou marchandises par exemple, et le robot ASTRID, plus imposant et de base rectangulaire, qui s'apparente à un robot d'inventaire.

« Désormais, le coeur de la société c'est le client final et non plus la technologie. Par le passé, Wyca a essayé de décoller en vendant ses robots sous marque blanche à des intégrateurs industriels pour leurs clients finaux. Mais cela n'a pas marché car aucun ne nous a acheté des robots. Cette façon d'approcher le marché a été un échec (...) Tous les projets qui n'entrent pas dans notre nouvelle stratégie ont pris un coup de hache, dont celui avec Décathlon par exemple. En se basant sur les deux robots que nous avons développé, nous allons tout faire pour séduire des clients en développant avec eux leurs cas d'usage. Nous visons à court terme huit usages identifiés, mais Wyca ne va pas s'investir dans le développement d'un cas d'usage s'il n'y pas de client final associé à la démarche. Nous sommes une petite structure, c'est facile de se noyer », présente le CEO, qui refuse de parler de « retour en arrière » pour Wyca Robotics.

Lire aussiWyca veut séduire les intégrateurs industriels avec le robot Elodie

Lire aussiLe robot du Toulousain Wyca séduit Decathlon

Rassurée sur l'intérêt de ses technologies, Wyca Robotics va désormais devoir engranger rapidement ses premières commandes pour confirmer cet intérêt. Objectif ? 500.000 euros de chiffre d'affaires sur l'année 2023 pour chacun des deux robots. Quelques clients sont déjà satisfaits par cette nouvelle approche et ont passé commande comme Safran sur le Shuttle et ID Logistics pour le ASTRID.

« Tout l'enjeu pour nous désormais va être la répétition de ces ventes, avec le souci que nos partenaires constructeurs puissent suivre une éventuelle montée des cadences  » fait savoir William Le Ferrand, qui a aussi entamé un travail avec les deux partenaires tarnais chargés de la production des robots, Occion (carte électronique) et Usitech (usinage). Sur ce volet production, Wyca Robotics, qui vient d'embaucher un technicien, anciennement mécanicien dans l'industrie aéronautique, compte internaliser l'assemblage de ses robots, aujourd'hui confié à Usitech dont ce n'est pas le métier.

Wyca Robotics

Wyca Robotics est engagée dans une réorganisation de ses capacités opérationnelles (Crédits : Joris Gaigne - Wyca).

Une levée de fonds (américaine ?) en préparation

Cette réorganisation de la production entamée récemment dans les rangs de la startup et ses fournisseurs doit permettre à la supply chain d'absorber un volume de commandes bien plus important qu'aujourd'hui, alors que Wycca Robotics compte travailler sur un total de huit cas d'usage d'ici 2024 et autant de clients, dans un premier temps. « Nous voulons avoir de l'impact avant d'avoir du volume », commente le CEO. La startup de la robotique autonome espère par la suite séduire davantage et répondre à plus de demandes avec une structure opérationnelle plus robuste.

Aujourd'hui, la petite entreprise emploie une vingtaine de personnes dont une douzaine en France et quatre ingénieurs de la robotique en Hongrie. Elle prévoit aussi le recrutement d'une équipe américaine d'ici la fin d'année 2023. « Nous voulons doubler la taille de l'équipe au cours de l'année », annonce William Le Ferrand. Le roboticien pourrait ainsi compter près de 40 salariés d'ici début 2024, après avoir vu ses effectifs tomber à cinq personnes au cours de la réorganisation interne.

Pour ce faire, la nouvelle direction travaille sur une levée de fonds d'ici l'été 2023, d'au moins 2,4 millions d'euros. Cette opération, et surtout son montant, conditionneront la capacité opérationnelle future de la startup. L'enjeu est donc de taille et le CEO mise éventuellement sur son réseau américain pour boucler le tour de table. Des discussions sont même déjà engagées avec des investisseurs qui croient beaucoup au potentiel du « nouveau » Wyca Robotics. Preuve de ses atouts, les investisseurs actuels (M Capital et des business angels) ont décidé de remettre au pot à la fin de l'année 2022 pour assurer un an de fonctionnement à l'entreprise hors revenus. Certains seraient même prêts à participer au futur tour de table.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.