C'est une nouvelle étape majeure dans le développement la startup toulousaine Sêmeia. La jeune pousse fondée en 2017 à Paris - puis accompagnée par l'agence Invest In Toulouse pour son déménagement dans la Ville rose en 2019 - vient de boucler une levée de fonds de huit millions d'euros. Une opération bouclée auprès d'Orange Ventures Impact, le fonds MH Innov', la Banque des Territoires et deux business angels (Thierry Alliotte et Erik Boulard).
Positionnée sur la télésurveillance médicale, Sêmeia a mis au point un logiciel et des outils connectés (tensiomètre connecté par exemple) pour les patients atteints de maladies chroniques ou qui durent dans le temps. Leur solution permet ainsi de faire circuler les informations entre les différentes équipes de soin qui s'affairent autour du patient et d'enrichir ces donnés par des graphiques, alertes, suggestions, etc. L'idée est de soulager le patient de cette charge, ainsi que redonner du temps de soin aux médecins et divers personnels soignants en les allégeant de certaines tâches administratives.
« Notre premier marché, le plus important, c'est celui de la greffe et tout particulièrement celui de la greffe rénale, ainsi que le suivi du patient post-opératoire. En France, il y a 4.000 greffes de rein chaque année, c'est la plus répandue », commente Pierre Hornus, le cofondateur et dirigeant de Sêmeia.
La récente levée de fonds de huit millions permet notamment à la startup toulousaine d'asseoir son leadership sur ce segment puisque l'opération lui a permis de racheter son principal concurrent de la télésurveillance médicale sur la greffe rénale, Optim'Care. Sur la dizaine de salariés de cette société installée à Limoges, Sêmeia n'a conservé que quatre salariés et quelques briques technologiques.
Aller vers la médecine de ville
Cette opération de consolidation permet ainsi à la HealthTech de détenir plus de 80% des parts de marché sur le marché de la télésurveillance médicale associée à la greffe rénale. Au-delà de cette pathologie, Sêmeia accompagne également les patients atteints de certains cancers, dont celui du sein. Ce positionnement lui permet aujourd'hui de travailler avec une quarantaine d'hôpitaux en France, principalement des CHU, pour un total de 50 services.
« La levée de fonds va nous permettre de travailler avec davantage d'établissements de santé, notamment en s'ouvrant à d'autres pathologies comme les AVC. Nous voulons aller aussi vers la médecine de ville. Cela demandera davantage d'accompagnement envers les utilisateurs pour notre plateforme mais cela nous permettra aussi de couvrir d'autres maladies comme le diabète, principalement suivi par les médecins libéraux », commente Pierre Hornus.
Une telle ouverture de sa clientèle cible va demander à Sêmeia des ajustements technologiques avec un logiciel plus souple et donc des capacités de déploiement plus importantes. Pour le moment, environ 3.000 patients sont accompagnés par la startup toulousaine qui, elle, est rémunérée par la sécurité sociale. Chaque patient accompagné lui permet de recevoir un montant forfaitaire de la CPAM. Néanmoins, l'entreprise ne souhaite pas communiquer son chiffre d'affaires.
L'enjeu du stockage de la donnée
Par l'essence même de son activité, qui lui permet de collecter de la donnée en masse, Sêmeia souhaite à terme devenir un hub référent en France de la donnée de santé. En 2020, une précédente levée de fonds de trois millions d'euros avait notamment pour objet d'affiner et de sécuriser sa gestion de la data.
Aujourd'hui, les informations collectées par l'entreprise sont stockées sur des serveurs hébergés en France, et plus particulièrement chez OVH Cloud. « Sur ce point, nous avons des audits annuels de la part de nos clients et potentiels futurs clients. L'hébergement en France nous fait gagner des parts de marché », ne cache pas le dirigeant, qui reconnaît un surcoût contre un intérêt en termes de souveraineté.
À titre de comparaison, Optim'Care, qui vient d'être rachetée par Sêmeia ( et qui emploie 30 personnes à Toulouse et 10 à Paris), stockait jusqu'à présent ses données sur les serveurs d'Amazon. « C'est terminé », promet Pierre Hornus.
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