Avec ses électrolytes pour batterie, Solvionic se rêve en grand industriel

Après plusieurs années de R&D, le Toulousain Solvionic a débuté la commercialisation de ses électrolytes innovants, composant essentiel de la batterie électrique. La société, qui vise en premier lieu le marché des mobilités, travaille sur un projet d'usine à l'horizon 2026.
Avec ses électrolytes liquides et solides, Solvionic expose ses grandes ambitions.
Avec ses électrolytes liquides et solides, Solvionic expose ses grandes ambitions. (Crédits : Solvionic)

Après avoir levé quatre millions d'euros en 2019, notamment auprès de Irdi Capital Investissement, le Toulousain Solvionic est parvenu à décrocher des fonds du plan France 2030, pour le développement de ses électrolytes. La maîtrise de cette technologie est devenue essentielle ces dernières années avec l'émergence de la mobilité hybride et électrique.

« Les électrolytes sont présents dans les batteries sous la forme d'un liquide qui se trouve entre les électrodes car ce sont en réalité des sels fondus. Ce liquide remplace les solvants organiques inflammables et volatils. Les électrolytes sont quant à eux produits à base d'un liquide ionique plus performant sur le plan énergétique et non inflammable. Cette technologie facilite aussi le recyclage des batteries », présente Pauline Rullière, la cheffe d'équipe matériaux au sein du département R&D chez Solvionic.

Fondée en 2003, cette société a pivoté au cours des années 2010 pour se recentrer sur le marché des électrolytes à destination de la mobilité. Ainsi, l'industriel de la chimie vise en premier lieu les marchés des drones, confrontés à des besoins d'autonomie importants tout en ayant des batteries de petite taille, ainsi que le secteur aéronautique. À terme, ce sont tous les marchés de la mobilité que souhaite pénétrer Solvionic.

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Des électrolytes solides en développement

Pour ce faire, l'entreprise toulousaine - qui emploie actuellement une quarantaine de personnes dans ses locaux situés non loin de l'Oncopole - travaille sur deux produits phares.

Solvionic a tout d'abord concentré ses efforts de recherche sur la mise au point des électrolytes liquides, qui présentent une densité énergétique bien plus intéressante que les solvants organiques qu'ils suppléent. Ce premier produit fait d'ailleurs déjà l'objet d'une première ligne de production pilote à Toulouse, lauréate de France Relance il y a un peu plus de 18 mois. « Aujourd'hui, nous avons une capacité de production de 1,5 tonne par mois, puis nous allons rapidement monter à trois tonnes », souligne Francois Malbosc, le CEO de Solvionic.

Avec les premières ventes de ses électrolytes liquides, l'entreprise a pu dégager un chiffre d'affaires de 1,4 million d'euros en 2022 et elle vise les trois millions en 2023 puis le cap des 10 millions l'année suivante.

« Trois quarts de nos ventes sont hors de France. Nous vendons le produit à beaucoup d'équipes de R&D et des startups, qui sont le résultat de plusieurs années de collaboration sur la recherche. On exporte aux États-Unis, au Japon, en Corée, à Singapour, en Norvège et en Suède notamment », précise Pauline Rullière.

Pour compléter sa gamme, l'entreprise a par ailleurs lancé 12 mois plus tôt le projet Epsilon, qui consiste à mettre au point des électrolytes polymères solides. Ce projet, prévu sur trois ans, vient d'obtenir 1,4 million d'euros du plan France 2030 sur un total de 2,4 millions.

« Par rapport aux électrolytes liquides, nous allons conserver les propriétés de sécurité, mais nous allons augmenter la densité énergétique. De plus, le fait que ce soit solide permet de s'affranchir de certains composants de la batterie dont le séparateur. C'est un point particulièrement important pour les véhicules électriques, pour lesquels il faudra des batteries plus petites et plus légères mais toujours plus puissantes. Cela pourrait aussi réduire les coûts d'assemblage d'une batterie en supprimant certaines étapes », détaille la cheffe d'équipe.

Une ligne à quatre millions

En travaillant dans un premier temps sur une ligne de production pilote, Solvionic espère commercialiser cette nouvelle gamme d'électrolytes dès 2026. Parallèlement, la société travaille sur un projet d'usine dans le sud-ouest, pour passer à une production de grande échelle.

« Nous venons d'installer les premiers équipements industriels pour travailler sur le dimensionnement de cette future usine. Fin 2024, nous prévoyons d'installer la première ligne de production industrielle, qui aura une capacité de production de 300 tonnes annuelles puis nous la dupliquerons autant que nécessaire. Le but est de monter étape par étape car une ligne de production de la sorte c'est quatre millions d'euros d'investissement », expose Francois Malbosc, le CEO.

Le dirigeant espère aussi fêter l'ouverture de cette usine en 2026, dont il estime l'investissement à environ 20 millions d'euros. Pour la financer, Solvionic mise principalement sur la vente de ses électrolytes et pourquoi pas quelques subventions de l'État, ainsi qu'une levée de fonds.

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