Comment le Toulousain Uwinloc est passé sous pavillon irlandais

Spécialiste des solutions de traçabilité indoor et outdoor, le Toulousain Uwinloc vient d'être repris par le groupe irlandais Paragon. En redressement judiciaire depuis plusieurs mois, et désormais liquidé, c'est un deal financier loupé qui a fragilisé l'entreprise innovante (23 brevets à son actif) fondée en 2015. Peu de salariés sont conservés. Les détails.
Uwinloc vient d'être liquidée par le tribunal de commerce de Toulouse.
Uwinloc vient d'être liquidée par le tribunal de commerce de Toulouse. (Crédits : Uwinloc)

Il y a quelques semaines, La Tribune faisait part du placement en redressement judiciaire de la jeune pousse toulousaine Uwinloc, depuis le milieu d'année 2022. Après plusieurs mois d'une recherche intense d'un nouveau partenaire financier voire d'un repreneur, l'entreprise, anciennement incubée à l'Airbus Bizlab, est enfin fixée sur son sort.

Lire aussiFini le Bizlab et place à Airbus Scale : l'avionneur européen bouscule sa politique d'innovation

En ce début d'année 2023, elle n'existe plus. Le tribunal de commerce de Toulouse vient d'officialiser sa liquidation. Pour autant, elle ne disparaît pas sur le plan technologique. Ses actifs, et les 23 brevets qui vont avec, ont été repris par Paragon ID, l'entité française du groupe irlandais Paragon. Ce dernier est aussi propriétaire de la société RFiD Discovery qui, dans les faits, est l'entreprise qui va exploiter les technologies développées précédemment par Uwinloc.

Selon les informations de La Tribune, des entités américaines et asiatiques étaient aussi sur les rangs, mais le CEO, Eric Cariou, privilégiait une piste européenne. En ce sens, des discussions avec le fonds ACE, l'un des actionnaires d'Uwinloc, ont aussi été engagées sans pour autant aboutir.

Le nouveau propriétaire intéressé par l'absence de batterie

Pour mémoire, Uwinloc, qui a été créée en 2015, s'est faite un nom dans le monde de l'IoT, en mettant au point deux produits de traçabilité indoor et outdoor. Il y a tout d'abord le système dénommé "Félix", qui repose sur des petits tags sans batterie et alimentés en énergie grâce à la captation de signaux radios. Une technologie qui a conquis déjà une trentaine de grands comptes dans une poignée de pays comme Airbus, Alstom, Safran ou Thales, notamment pour la gestion de stocks.

Récemment, l'entreprise a aussi investi un million d'euros dans le cadre d'un consortium avec Michelin, Eramet et Collins Aerospace pour développer MahVis. Ce dernier repose sur l'installation de boitiers étanches sur les chariots élévateurs et tous les engins de manutention que peut compter un site industriel. Ce sont ainsi eux qui rechargent en énergie les tags en extérieur et qui récoltent leurs données, au contraire d'un usage indoor qui repose sur l'installation de petites antennes fixes.

« Cette acquisition va permettre à RFiD Discovery d'élargir son offre industrielle avec un système de géolocalisation en temps réel dépourvu de batteries : une alternative plus écologique et moins onéreuse sans pour autant sacrifier son niveau de précision », commente le nouveau propriétaire des actifs d'Uwinloc dans un communiqué.

RFiD Discovery est connue comme un acteur pour des solutions d'identification dans des secteurs tels que l'eID (Carte d'identité électronique), le transport public, la traçabilité et le paiement.

Une douzaine de salariés laissée sur le carreau

Si la continuité de service est assurée pour la trentaine de clients d'Uwinloc, en revanche cette reprise aura laissé des traces en interne. Bien que les locaux toulousains ont été conservés, les équipes ont quant à elles connu une saignée. Sur les 19 salariés, seulement sept ont été conservés et principalement des profils techniques. Le cofondateur et CEO Eric Cariou, notamment, n'a pas été gardé par le repreneur irlandais pour cette nouvelle aventure.

Après des années d'investissement sur le produit, Uwinloc voyait pourtant son chiffre d'affaires enfin décoller. Après les 400.000 euros de 2021, elle avait franchi le cap des 900.000 euros en 2022 et comptait poursuivre sur cette dynamique en 2023.

Seulement, un loupé sur une levée de fonds de plusieurs millions d'euros entre 2020 et 2021 a fait émerger des difficultés financières en interne, selon La Tribune. Le potentiel actionnaire s'est retiré alors qu'Uwinloc avait déjà engagé des investissements importants, prenant le deal pour acquis. Cette situation avait notamment causé le licenciement économique de quelques salariés dans un passé récent, avant le placement en redressement judiciaire quelques mois plus tard.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.