
C'était un rendez-vous crucial. Le tribunal de commerce de Lyon a étudié lors d'une audience à huis clos, jeudi 8 décembre, les offres des candidats intéressés par une reprise de Scopelec. La société coopérative, spécialisée dans le développement des infrastructures de télécommunications, est en redressement judiciaire depuis le 26 septembre.
"C'était une audience longue, intense et chargée en émotion", confie Vincent Tomasseti, membre du CSE de Setelen, une filiale de Scopelec aussi concernée par le redressement judiciaire.
Finalement, elle connaîtra son destin trois mois après cette décision puisque le tribunal de commerce a mis sa décision en délibéré au 28 décembre. Dans cette dernière ligne droite du dossier Scopelec, les positions des uns et des autres distinguent deux camps qui se font face.
Alsatis se retire
Il y a tout d'abord l'offre New Scope. Celle-ci est portée par l'actuel président du directoire de Scopelec, Carlos Verkaeren, et une partie des 2.200 salariés puisque ce dossier repose sur une reprise du sous-traitant d'Orange sous forme de société coopérative, comme elle existe depuis sa création en 1973. Avant le rendu des offres finales, lundi 5 décembre au soir, le candidat New Scope est parvenu à se mettre d'accord avec Kyntus, qui reprendrait de son côté une partie des activités de Scopelec en Auvergne-Rhône-Alpes, Centre-Val-De-Loire et sur l'Île de la Réunion. Ce consortium permettrait de sauver environ 1.500 emplois.
De l'autre côté, il y a le groupe Circet, détenu depuis peu par le fonds d'investissement britannique ICG. Celui-ci a fait en sorte de déposer une offre complémentaire, avec un autre candidat, qu'est Foliateam. Ensemble, le duo compte reprendre environ 1.100 personnes. Cette offre est également complémentaire avec celle déposée par Solutions 30, intéressée principalement par la filiale Scopelec Sud-Est finalement. Pour mémoire, au départ, son intention était d'opérer une reprise la plus large possible de la société.
Enfin, le Toulousain Alsatis, qui s'était positionné uniquement sur une reprise de la filiale Usages et Services, ainsi qu'une trentaine de salariés, est hors-jeu. Sa direction a décidé de retirer son offre, malgré la très forte impression laissée lors de son audition devant le juge.
"Lors de l'audience de jeudi, tenue à huis clos, les deux administrateurs et les deux mandataires judiciaires, ainsi que le parquet, se sont prononcés en faveur du projet de Circet, a rapporté à l'AFP Ralph Blindauer, avocat du comité économique et social (CSE) de Setelen. L'offre du groupe français Circet appartenant au fonds d'investissement britannique ICG, qui doit permettre de sauver quelque 1.100 emplois, a été jugée plus solide financièrement que celle de Newscope", rapporte l'agence de presse.
Joint par La Tribune, Vincent Tomasseti confirme cette prise de position de la part des organes de la procédure. "Nous, nous sommes le seul CSE qui s'est positionné en faveur de l'offre de Circet, associée à Foliateam. À l'échelle du groupe, l'offre de New Scope est la mieux disante socialement, mais financièrement c'est fragile et il faudra un parfait alignement des planètes pour que cela fonctionne. Sur ce point, l'offre de Circet est plus fiable", poursuit le représentant.
Orange a-t-il fait un cadeau empoisonné à New Scope ?
Cette prise de position des organes de la procédure fait suite à un retournement de situation dans les dernières heures de la part du principal client de Scopelec, à savoir Orange. L'opérateur et partenaire historique de la société coopérative a envoyé un courrier aux organes de la procédure, mercredi 7 décembre. Révélé par La Tribune, le contenu de cette lettre fait clairement état d'une prise de position d'Orange en faveur d'une reprise combinée entre Circet, Foliateam, Solutions 30 et Kyntus, tout en exprimant de vives réserves sur le dossier New Scope.
"Dans le cadre de cette procédure, Orange a émis des avis sur les capacités opérationnelles de chaque candidat pour assurer la poursuite de l'activité et garantir la qualité de service pour nos clients. Ces avis ne reflètent en rien un quelconque soutien", se défend l'opérateur.
Pour Carlos Verkaeren, qui porte l'offre de reprise en société coopérative, cette lettre est "un coup de poignard", alors qu'Orange s'était engagé par écrit à une avance sur facture de 14 millions d'euros en faveur de New Scope pour boucler le financement du projet de reprise.
"Ce courrier a modifié la donne c'est certain. Mais New Scope a donné le poignard pour se le faire planter dans le dos avec cette demande d'avance sur travaux. Cela démontre que le projet n'était pas financé dans sa globalité malgré l'énorme travail qui a été fait (...) Dans le secteur des télécoms, c'est soit vous mangez ou vous vous faîtes manger. Cette fois-ci, c'est à notre tour d'être mangé", constate amèrement Vincent Tomasseti.
Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !