Toulouse s'attaque aux « gros » loueurs sur Airbnb

Face à l'essor à Toulouse du nombre de loueurs de meublés touristiques avec au moins quatre logements, la Métropole a décidé d'encadrer leurs pratiques. Désormais, les plus importants loueurs sur les plateformes du type Airbnb devront compenser chaque logement loué à partir d'un certain nombre de biens, en proposant un logement à la location par bail dans la même zone. Pour ce qui est du calendrier d'application de cette nouvelle mesure, l'arrivée prochaine à Toulouse de la Coupe du monde de rugby n'est pas sans conséquence...
Toulouse veut encadrer un peu plus les pratiques sur les plateformes de location de meublés telles qu'Airbnb.
Toulouse veut encadrer un peu plus les pratiques sur les plateformes de location de meublés telles qu'Airbnb. (Crédits : Rémi Benoit)

Si vous cherchez à louer un appartement meublé sur Toulouse, pour une visite de quelques jours ou une nuit, vous tomberez certainement sur ce Toulousain qui propose avec sa compagne via leur compte sur la plateforme Airbnb pas moins de cinq logements sur la Ville rose pour des locations à la nuitée (deux maisons et trois appartements). Cet exemple est loin d'être isolé, et surtout, ce n'est pas le plus gros loueur de la ville. Par exemple, un autre hôte dispose de 17 logements dans un même immeuble. « Ça, c'est un hôtel déguisé, qui contourne les contraintes d'un établissement qui reçoit du public. Nous ne voulons plus de cela », prévient Toulouse Métropole. D'autres cas sont frappants comme ces deux « investisseurs » pourrait-on dire qui ont respectivement chacun 60 et 200 logements différents à Toulouse proposés à la location via Airbnb et d'autres plateformes de location meublée à des fins touristiques.

« Sur les 3.000 loueurs enregistrés par les services de Toulouse Métropole, une quinzaine ont plus de 10 logements entre leurs mains, et 200 hôtes en ont entre quatre et dix », énumère Jean-Claude Dardelet, le vice-président de la collectivité chargé du tourisme, de l'attractivité, de l'Europe et de l'international.

La Métropole prise de court ?

Devant cette envolée du nombre de néo-professionnels de la location meublée touristique à travers des plateformes de type Airbnb, la quatrième ville de France a décidé de serrer la vis. D'ailleurs, il est à noter que sur ses 3.000 loueurs enregistrés, pas moins de 15% sont des personnes morales, autrement dit des entreprises dédiées à cette activité.

« Nous n'avions pas du tout imaginé que certains en feraient leur métier. Néanmoins, nous avons surveillé attentivement cette courbe du nombre de loueurs enregistrés et la part des personnes morales. Nous commençons à atteindre des seuils de douleurs, il faut donc traiter, mais paisiblement », confie l'élu à La Tribune. Pour ce faire, les élus métropolitains ont adopté de nouvelles mesures contre les plus importants loueurs de logements meublés touristiques qui se résument en un mot : la compensation.

« Ce ne sont pas des mesures contre Airbnb puisqu'elles concernent tous les loueurs de meublés touristiques. Et ce n'est pas anti mais bien pour contenir leurs dérives. Quand il y a une abondance de l'offre, cela génère des nuisances, modifie la sociologie d'un quartier et fait gonfler le prix au mètre carré des logements au détriment des habitants permanents. C'est aussi une concurrence déloyale pour les hôtels », poursuit Jean-Claude Dardelet.

Vigilance pour la coupe du monde de rugby

Concrètement, à compter de trois logements mis à la location sur ces plateformes, chaque nouveau lieu mis en location à la nuitée devra être compensé au mètre carré près, avec la location d'un logement de manière classique avec bail. « La compensation consiste, pour toute demande de changement d'usage d'un local, à transformer dans le même temps un local d'une surface au moins équivalente pour le mettre en location à bail, au sein de la même zone », résume Toulouse Métropole.

Pour cette nouvelle mesure, qui intervient après la demande d'enregistrement à Toulouse à compter de janvier 2019 pour un meublé de tourisme ou une résidence principale, Toulouse a été découpée en trois zones : le centre-ville, les faubourgs et le reste du territoire urbain. « Dans les faits, un propriétaire de plusieurs logements en première zone devra compenser dans la première. S'il ne peut pas, il devra se séparer de ses logements. Pour les loueurs de la seconde zone, ils devront compenser dans la première ou la seconde. Ceux de la troisième pourront compenser dans toute la ville »  , précise Jean-Claude Dardelet.

Jusqu'à présent, la location de meublés de tourisme était limitée à la résidence principale (120 jours par an) et deux résidences secondaires à Toulouse par loueur, mais uniquement pour les personnes physiques. Ce nouveau tour de vis de la collectivité va permettre ainsi d'encadrer les pratiques des entreprises dédiées comme les sociétés civiles immobilières. Néanmoins, ces dernières bénéficient d'un calendrier généreux pour se mettre en règle. « Ce nouveau dispositif entrera en vigueur au 1er novembre 2023 ou à la fin de l'autorisation accordée pour celles qui sont en cours », précise Toulouse Métropole. La raison ? La prochaine coupe du monde de rugby, qui se tiendra en France entre septembre et octobre 2023. Les pouvoirs publics locaux ne veulent pas prendre le risque de limiter l'offre d'hébergements marchands pendant cet événement majeur alors qu'ils vont tenter d'attirer en masse notamment des supporters asiatiques pendant cette compétition majeure.

La Métropole de Toulouse finalise actuellement un nouveau schéma de l'hébergement marchand, autrement dit l'offre hôtelière du territoire. Après avoir acté un moratoire sur tous les projets hôteliers du territoire depuis le début de la crise sanitaire notamment, l'idée à partir de 2023 est notamment d'identifier pour chaque zone les manques et les besoins afin d'avoir une offre complète et homogène à Toulouse. Cette dernière cherche à attirer particulièrement des palaces, auberges de jeunesse et campings.

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Commentaires 2
à écrit le 22/11/2022 à 19:28
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Du communisme purement et simplement. Quand on lit que à 5 logements, vous êtes un gros loueur ... ça donne vraiment envie d'investir dans ce pays !

le 23/11/2022 à 7:59
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Je ne sais ce qu'il y a de plus ridicule. Que vous vous pensiez une seconde être un "investisseur" parce que vous achetez des logements pour louer sur Airbnb ou que vous contestiez la mesure. Vous voulez invoquer le qualificatif d'investisseur, créez...

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