
Dans l'univers de l'industrie 4.0, le domaine de la géolocalisation indoor et outdoor est un marché très concurrentiel. Rien que dans la Ville rose, une poignée d'acteurs se dispute ce marché prometteur, avec des technologies parfois différentes et des approches clientèles complémentaires. Parmi eux, la startup toulousaine Sigscan commence à faire son trou, tout en ayant un rayon d'action uniquement sur la géolocalisation indoor.
"Au départ, nous nous prédestinions à l'industrie aéronautique, où les flux de pièces sont très importants. Mais aujourd'hui, on se diversifie avec, par exemple, un constructeur d'armoires en milieu urbain à Angers", présente Philippe Courtois, le directeur du développement chez Sigscan.
Autre cas d'application, la startup installée au sud de Toulouse accompagne Freyssinet Aéro dans la montée en puissance de sa nouvelle fonderie en titane totalement numérisée avec l'installation de 500 tags. Comme Gardner Aerospace ou Daher pour son nouveau centre de logistique à Cornebarrieu (Haute-Garonne), le sous-traitant aéronautique Sogeclair a également fait appel aux services de Sigscan.
"Chez Sogeclair, nous avons un encours de pièces important, qui peut aller de 5.000 à 6.000 pièces selon les périodes. Au-delà d'une visibilité sur la géolocalisation à l'instant T, les tags nous permettent donc d'avoir un historique de la géolocalisation des pièces et donc d'éradiquer les stocks dormants. Cela a eu un grand impact positif sur notre besoin en fonds de roulement. Maintenant, nous travaillons avec la startup pour y apporter la possibilité de faire des simulations. Concrètement, si nous devons lancer la production d'une pièce en priorité, simuler l'impact qu'elle aura sur l'ensemble de la chaîne de production", témoigne Jean-François Ruggeri, expert manufacturing engineering chez Sogeclair.
Depuis sa création en 2020, Sigscan a noué une quinzaine de collaborations. Et pas seulement des industriels. La jeune société a identifié des besoins similaires dans la santé, où le matériel mobile au sein des établissements de santé est important. La clinique Pasteur de Toulouse a initié cette démarche. La startup compte également dans ses clients, le CHU de Bordeaux et un établissement de l'APHP.
Une géolocalisation moins précise pour un coût plus abordable
À la différence de son concurrent Uwinloc par exemple, les tags de Sigscan (qui peuvent être de différentes tailles selon les cas d'usage) fonctionnent grâce à une batterie, à remplacer tous les cinq à dix ans en fonction de la fréquence de données transmises par le tag, que la société cliente peut remplacer de manière autonome ou que la startup propose sous forme de prestation. Le système est complété par des antennes relais qui renvoient l'information vers le système d'informations de l'entreprise.
"Notre solution est paramétrable et fortement inter-opérable avec tous les systèmes d'informations que nous pouvons avoir dans une société et même des jumeaux numériques. Nous pouvons géolocaliser des pièces, des outils, des caisses, etc... autrement dit tout ce qui peut occasionner de la perte de temps. On supprime à environ 90% cette perte de temps de recherche, qui peut être d'une demi-journée par semaine dans l'industrie voire d'une journée dans les établissements de santé", raconte Philippe Courtois.
Autre point différenciant de la concurrence, Sigscan ne vise pas une géolocalisation au centimètre près. "Techniquement, nous pouvons aller jusqu'à un mètre de précision. Mais la précision de géolocalisation a un impact sur le prix", prévient Philippe Courtois. Voulant par conséquent proposer une solution "ergonomique et abordable", la startup toulousaine a développé récemment des étiquettes numériques qui "décorent" le tag, à l'image de celles apparentes dans les rayons de supermarchés. Elles permettent de véhiculer des informations à l'opérateur sur le terrain et elles ont surtout la capacité de clignoter pour être visibles par le salarié à la recherche de l'objet en question. Avec ce compromis technologique, Sogeclair a rentabilisé son investissement en cinq mois, contre les six prévus initialement.
Déploiement à l'international dans les cartons
Néanmoins, Sigscan a été retenue dans le cadre d'un appel à projet européen sur l'innovation dans l'industrie mené par l'EIT Manufacturing, directement relié à l'Union européenne. "L'objectif de notre projet est d'aller encore plus loin dans la précision sur les derniers mètres", précise le dirigeant de la startup. Un travail qu'elle mènera à partir de janvier 2023 au sein d'un consortium piloté par l'Aerospace Valley, et trois futurs utilisateurs industriels qui sont italien, allemand et roumain. Une aubaine pour la jeune pousse qui veut aller prochainement sur les marchés allemand, américain, belge voire nord africain en priorité. Pour ce faire, Sigscan, qui emploie une dizaine de salariés, compte mener une étude de marché internationale pour organiser sa stratégie de déploiement.
Ce développement à l'étranger devrait s'accompagner d'une levée de fonds en 2023, après une première opération de 200.000 euros en 2022, auprès de business angels. Des montants en cohérence avec son chiffre d'affaires, de 100.000 euros en 2021 puis 400.000 euros en 2022. "Nous voulons doubler tous les ans", se projette Philippe Courtois.
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