Comment Figeac Aéro redresse la barre financièrement

Le sous-traitant aéronautique de rang 1 veut revenir à ses performances économiques d'avant crise sanitaire, soit au-delà des 400 millions d'euros de chiffre d'affaires. Pour ce faire, Figeac Aéro a enclenché le plan "Routes 25", qui, après une restructuration financière, repose principalement sur une maîtrise des coûts importante et des investissements moindres que par le passé. Pour mieux rendre "bankable" la société ?
Figeac Aéro veut retrouver son poids économique d'avant la crise sanitaire.

Après 24 mois d'une période compliquée, causée par la crise sanitaire et secouant toute la filière aéronautique, Figeac Aéro semble retrouver quelques couleurs. Le sous-traitant aéronautique vient de dévoiler ses résultats financiers pour l'exercice 2021-2022  (il clôt son exercice en mars, ndlr) et les voyants tendent vers le vert. "C'est un bon exercice", assure même Jean-Claude Maillard, le PDG de Figeac Aéro, interrogé par La Tribune à la publication de ses résultats.

Le sous-traitant aéronautique boucle son dernier exercice avec un chiffre d'affaires à 281,9 millions d'euros, soit une hausse de +37,8% de cet indicateur en douze mois. En très grande majorité, c'est la division aérostructures qui tire l'activité de Figeac Aéro, pesant pour 83,1% du business de la société et qui a connu une croissance supérieure à 40% sur le dernier bilan comptable.

"C'est bien mieux que l'exercice précédent, mais cela reste encore loin de ce que nous faisions avec la Covid-19 qui est venue mettre fin à dix ans de croissance avec un niveau de +20% chaque année. En mars 2020, nous avions un chiffre d'affaires de 447 millions d'euros", remémore le dirigeant.

Jean-Claude Maillard a en effet transformé Figeac Aéro, qui était une petite PME de la filière aéronautique au début des années 2010, au point d'en faire le premier sous-traitant européen des grands donneurs d'ordre avec comme clients majeurs Airbus et Boeing.

Optimisation et vigilance

Aujourd'hui, l'heure n'est donc plus à la folie des grandeurs mais bien à la reconquête. "Il y a une différence de chiffre d'affaires à récupérer et nous avons l'outil de production pour y parvenir", affirme le patron de Figeac Aéro, qui a lancé quelques mois plus tôt la construction d'une usine en Arabie-Saoudite et qui a récupéré une usine au Mexique après en avoir vendu une autre dans le même pays.

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Pour mener à bien cet objectif, la direction de Figeac Aéro mise avant tout sur la reprise du marché et la remontée des cadences d'une filière qui se réunit à partir de ce jour au salon de Farnborough (Royaume-Uni). "Forte de sa stratégie de conquête, Figeac Aéro poursuit son développement commercial sur les marchés européens et américains. Les derniers gros contrats remportés avec Collins Aerospace, Rolls Royce ou encore Airbus Atlantic (ex-Stelia) sont maintenant complètement industrialisés. Par ailleurs, le groupe participe actuellement à de nombreux appels offres significatifs en termes de charge sur les segments monocouloirs et long-courriers auprès des principaux donneurs d'ordre et qui devraient se déboucler dans les prochaines semaines", précise la société dans son bilan.

Après des coupes inévitables dans les effectifs lotois du siège, le sous-traitant a érigé la stratégie à suivre pour les années à venir dans son plan "Routes 25", dont le premier étage de la fusée a été une réorganisation de la structure financière de la société et l'entrée au capital de Tikehau à hauteur de 27%. Autre point clé, la maîtrise des coûts de fonctionnement et de production.

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"Avant, notre croissance était tellement importante au point que nous devions énormément investir pour tenir la cadence. Mais pour nous, cela a généré des free cash-flows (capacité d'auto-financement obtenue sur une année, ndlr) négatifs et des dettes importantes. Désormais, nous faisons attention à nos besoins en fonds de roulement et nous souhaitons garder pendant plusieurs années des free cash-flows positifs pour réduire notre dette. Nous allons continuer à investir mais bien moins qu'avant, une trentaine de millions d'euros sur chaque exercice. L'ambition est d'assurer une croissance d'activité, au-delà de 2025, avec une progression de 5 à 10% chaque année", expose le patron lotois.

Pour la première année de ce plan "Routes 25", l'examen de passage de l'année est donc plutôt bon sur ces nombreux points. Après une réduction des coûts de près de 31 millions d'euros, l'Ebitda atteint les 32,3 millions d'euros sur l'exercice tout juste clôturé. Par ailleurs, les free cash-flows sont positifs à fin mars 2022 à hauteur de 5,4 millions d'euros. De quoi lancer la réduction de la dette de Figeac Aéro, qui dépasse les 300 millions d'euros.

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"À partir de 2025-2026, nous verrons"

Mais comme le stipule le plan de remise en route du sous-traitant aéronautique de rang 1, celui-ci ne court "que" jusqu'en 2025, et après ? Quel sera son avenir ? Plusieurs scénarios se dégagent pour cette société.

Tout d'abord, Figeac Aéro pourrait rester indépendante et grandir seule sur son marché. Mais ce scénario semble peu probable, surtout après l'entrée au capital de Tikehau, à la manoeuvre à travers le fonds ACE Aéro Partenaires pour soutenir les sous-traitants aéronautiques en difficulté mais surtout consolider la supply chain comme le souhaite les grands donneurs d'ordre. Autre hypothèse, la société pourrait également acquérir une ou des sociétés pour devenir ce mastodonte solide prêt à faire face à de nouvelles turbulences, mais cela implique que son renouveau financier soit très efficace en trois ans pour lui permettre d'être en position de force. Dernier scénario, la fusion, et particulièrement avec le duo WeAre et Mecachrome qui viennent de s'unir pour former un géant à 450 millions d'euros de chiffre d'affaires.

"Je veux retrouver le chiffre d'affaires d'avant Covid-19 et nous devrions y arriver en mars 2026. Avec ce chiffre d'affaires, nous étions aussi gros que WeAre et Mecachrome réunis. Aujourd'hui, je reste donc focaliser sur cet objectif. À partir de 2025-2026, nous verrons. Si le géant évoqué veut racheter Figeac Aéro, il lui faudra beaucoup d'argent", conclut Jean-Claude Maillard.

Autonome ou avec d'autres, l'ambition de Figeac Aéro est annoncée : devenir le numéro un mondial de la sous-traitance de pièces aéronautiques métalliques.

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