Space Forum : découvrez les six lauréats de la 5ème édition

Innovation, recherche, souveraineté, exploration, personnalité de l'année et prix spécial du jury... Voici les six personnalités et entreprises qui ont été distinguées par le jury à l'occasion de la cinquième édition du Space Forum organisé par La Tribune, jeudi 19 mai à La Cité de l'Espace.
Antoine de Chassy, le fondateur et dirigeant de la startup franco-américaine Loft Orbital a été décoré personnalité de l'année lors du Space Forum 2022, organisé par La Tribune.
Antoine de Chassy, le fondateur et dirigeant de la startup franco-américaine Loft Orbital a été décoré personnalité de l'année lors du Space Forum 2022, organisé par La Tribune. (Crédits : Rémi Benoit)

Pendant près de trois heures, il a été question d'innovation, de souveraineté, d'exploration spatiale, de coopération ou encore de New Space... Réunit par La Tribune, jeudi 19 mai à la Cité de l'Espace à Toulouse, l'écosystème du spatial avec l'appui d'un jury a tenu à mettre en lumière six personnalités ou entreprises à l'occasion du cinquième Space Forum.

Catégorie Innovation

Opposée à Imagine Optic, ISP System et Ternwaves, c'est la société Venture Orbital Systems qui a été décorée dans cette catégorie. Basée à Reims, cette startup qui emploie 40 personnes développe des micro-lanceurs, ou nanolanceurs, pour envoyer dans l'espace des nano-satellites. Si la jeune entreprise née en 2019 projette un premier vol commercial fin 2024, son innovation permettrait ainsi de garantir un accès à l'espace à moindres coûts, pour un entrepreneur comme un pays en voie de développement. La startup, dirigée par Stanislas Maximin, travaille déjà sur des partenariats avec l'Inde et vise sur le plan commercial le continent africain, mais aussi la zone sud-américaine.

Venture Orbital Systems

Remis par BNP Paribas, le prix a été reçu par Florian Marmuse, Responsable Stratégie & Développement de Venture Orbital System (à gauche) (Crédits : Rémi Benoit).

La société dispose ainsi d'une usine de 1.700 m2 pour développer "Zephyr", le premier nano-lanceur de VOS, d'une hauteur de 15 mètres, avec la particularité d'avoir un modèle totalement imprimé à l'aide d'une imprimante 3D. Ce petit lanceur aura la capacité de transporter jusqu'à 70 kilos de charges selon les chiffres communiqués. Si le jury a ainsi décidé de récompenser Venture Orbital Systems, c'est en partie pour sa promesse de faire rattraper à la France et à l'Europe son retard sur ce marché et surtout cette offre de micro-lanceur, afin d'être complémentaire à Ariane 6 notamment.

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Catégorie Recherche

Lors de son second voyage à bord de la station spatiale internationale (ISS), l'astronaute Thomas Pesquet avait encore quatre blob dans ses valises, dans le cadre d'expériences conduites par le CNRS. Après des années de recherche, la scientifique Audrey Dussutour a démontré que cet organisme unicellulaire, ni animal, ni végétal, ni champignon, est capable de se régénérer et d'apprendre sans cerveau. Nommée dans cette catégorie la Française a néanmoins était devancé par Olivier Berné pour ce prix.

Olivier Berné est astrophysicien au CNRS et chercheur à l'institut de recherche en astrophysique et planétologie de Toulouse (Irap). Il est responsable d'un des programme d'observation "Early Release Science" sur le télescope spatial James Webb. Celui-ci est le plus grand  plus puissant engin d'observation jamais lancé dans l'espace. Il fait 6,5 mètres de diamètre alors qu'Hubble, le précédent télescope envoyé dans l'espace faisait deux mètres. Olivier Berné fait partie des premiers scientifiques au monde à utiliser le télescope pour observer Orion et mieux comprendre la naissance de notre système solaire.

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Olivier Berné

Olivier Berné (à gauche) a reçu sa décoration aux côtés d'Expleo, parrain de la catégorie (Crédits : Rémi Benoit)

Catégorie souveraineté

Face notamment à l'innovation d'une communication optique à partir d'un laser de Cailabs, ou encore Mersen Boostec qui développe des pièces pour l'optique spatiale à partir du carbure de silicium, c'est la société Share My Space qui a remporté la mise. À l'origine de la création de la société en 2017 ? Le constat d'un vide sur la sécurité spatiale avec un risque de collisions en orbite, de collisions en chaine et par conséquent une perte d'accès à l'espace pour les hommes. Share my Space se positionne ainsi sur la surveillance de l'espace et la sécurité des opérations spatiales.

Pour ce faire, la jeune entreprise de 13 salariés installée à Cergy-Pontoise, et qui prépare son déménagement à Toulouse, propose deux services : des stations d'observation optique au sol, ainsi qu'un logiciel de traitement des données. Sur ce marché longtemps laissé aux Américains, Share My Space calcule des probabilités de collision entre l'ensemble des objets spatiaux et propose des recommandations de manœuvre. Elle permet de cartographier la situation spatiale de manière indépendante avec des mises à jour quotidiennes pour anticiper des collisions et fournir les moyens aux gouvernements de détecter les menaces. Pour assurer la poursuite de son développement, la société qui dispose déjà d'une poignée d'agences spatiales comme clients prépare une levée de fonds.

Share My Space

Jean-Claude Dardelet, élu à Toulouse Métropole a remis en mains propres le trophée Romain Lucken, le DG et co-fondateur de Share my Space (Crédits : Rémi Benoit).

Catégorie Exploration

Nommé aux côtés de Rémi Canton qui pilote le projet Cadmos du CNES et qui a notamment supervisé les missions de Thomas Pesquet en micropesanteur, ou encore le consortium de l'imageur infrarouge Mirim qui a équipé le télescope James Webb, c'est la société The Exploration Company dirigée par Hélène Huby qui a obtenu la distinction. Le jury a souhaité mettre en lumière le potentiel de cette jeune entreprise à travers ce prix.

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The Exploration Company

L'ISAE-Supaero, représentée par son enseignante Stéphanie Lisy-Destret, a remis le prix à Victor Ertl, Lead Business Development chez The Exploration Company (Crédits : Rémi Benoit).

Première entreprise en Europe qui fait de l'exploration spatiale tout en ayant un business model privé, The Exploration Company réalise des vaisseaux spatiaux depuis juillet 2021, avec pour objectif qu'ils puissent être multi-missions, ravitaillés en orbite et réutilisables. Son ambition est de fournir à l'Europe des vaisseaux spatiaux qui rivalisent avec ceux des autres continents d'ici à la fin de la décennie. L'entreprise a d'ailleurs déjà été sélectionnée par l'ESA pour réaliser un premier vol de démonstration à l'occasion du lancement d'Ariane 6. En concurrence frontale avec SpaceX, la société franco-allemande dit avoir reçu des lettres d'intention signées pour des pré-réservations.

Catégorie personnalité de l'année

Face à l'entrepreneur américain Greg Wyler qui vient de lever 50 millions de dollars pour créer sa constellation de satellites depuis Toulouse, ou encore Jean-Luc Maria qui vient de lancer avec son entreprise Exotrail son projet de "Space Van", c'est le fondateur de Loft Orbital, Antoine De Chassy, qui a été désigné personnalité de l'année par ses pairs. Fondée en Californie, la société qui est aussi installée depuis deux ans à Toulouse vient de boucler une levée de fonds de 125 millions d'euros.

Antoine de Chassy

Antoine de Chassy a reçu des mains de la Région Occitanie le prix de Personnalité de l'année (Crédits : Rémi Benoit).

À la différence des acteurs traditionnels de la filière spatiale, Loft Orbital n'est pas un fabricant de satellites qui programme le lancement d'une charge utile pour un client. La jeune pousse achète un satellite standard et bas-coût auprès d'acteurs du New Space et se charge ensuite des technologies logicielles qui permettent l'interface entre les charges utiles des clients (caméras, capteurs) et la plateforme satellitaire. Une fois le satellite lancé, les clients de Loft Orbital peuvent prendre le contrôle de leur charge utile et accéder à leurs données. En résumé, la société franco-américaine propose une sorte de covoiturage spatiale à ses clients. Après avoir lancé ses premiers satellites partagés, la société a également engrangé un contrat portant sur le lancement de 10 satellites d'ici 2024 pour des missions d'observation de la Terre.

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Catégorie prix spécial du jury

L'optique prenant une importance majeure au fil des années, aussi bien sur le plan de la souveraineté que des avancées technologiques et scientifiques qu'elle permet, le jury a souhaité délivrer une distinction spéciale à l'un de ses acteurs, en l'occurence Imagine Optic. Créée en 1996, cette société basée à Orsay emploie aujourd'hui 85 personnes.

Imagine Optic

Le Club Galaxie a remis son prix à Guillaume Dovillaire, CTO d'Imagine Optic (à gauche) (Crédits : Rémi Benoit).

En mêlant la technique de la mesure 3D avec celle du Shack-Hartmann (qui est un composant de l'optique adaptative), les dirigeants d'Imagine Optic sont arrivés à analyser en temps réel le mouvement de l'atmosphère à travers le faisceau lumineux et ainsi être en capacité de corriger les défauts optiques si besoin. Le cœur de métier de l'entreprise est donc l'optique dédiée à la précision de mesure.

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