Le Toulousain Hector le Collector crée de l’énergie verte avec les biodéchets des professionnels

Fondée en 2020, l’entreprise toulousaine propose aux entreprises et restaurateurs de récupérer leurs déchets organiques pour les transformer en biogaz et engrais naturel. Chaque semaine, Hector le Collector collecte près de deux tonnes de biodéchets auprès de sa cinquantaine de clients. À l’avenir, la startup souhaite proposer sa solution de collecte urbaine des déchets alimentaires au-delà de la Ville rose.
(Crédits : ©shutterstock)

Selon l'association Zero Waste Toulouse, chaque Toulousain·e produit en moyenne 139 kilos de biodéchets par an. Aujourd'hui, seuls les déchets verts sont compostés. Les déchets alimentaires eux sont incinérés. Face à ce constat et afin de valoriser l'ensemble de ces biodéchets, Quentin Saieb a fondé Hector le Collector, une solution de collecte des déchets alimentaires en milieu urbain. La startup toulousaine propose aux restaurants, entreprises et commerces alimentaires une solution logistique pour transformer leur déchets organiques en énergie verte.

"J'ai grandi avec un compositeur au fond du jardin où j'avais pour habitude d'apporter les déchets alimentaires. Quand je suis arrivé en centre ville pour finir mes études, j'ai gardé ce réflexe de tri, mais je me suis aperçu qu'il n'y avait pas de solution pour valoriser ces déchets. Après quelques recherches, j'ai découvert qu'il existait des possibilités pour transformer ces déchets en biogaz par méthanisation et que ma problématique de déchets en tant qu'urbain ne m'était pas propre, mais globale", raconte le fondateur d'Hector le Collector, créée en 2020.

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Créer du biogaz grâce à la méthanisation

Comment fonctionne la solution Hector le Collector ? La startup installe des bacs, conteneurs de collecte chez les professionnels qui souhaitent valoriser leur biodéchets. Ensuite, au moins une fois par semaine, l'équipe d'Hector le Collector collecte ces déchets en véhicule électrique. Ces biodéchets sont rapatriés à l'extérieur du centre ville de Toulouse, à l'Union dans un entrepôt de stockage. Ils sont ensuite envoyés, deux fois par semaine, vers une usine de méthanisation, à 40 kilomètres de Toulouse, où ils seront transformé en énergie verte. Grâce à une méthode de fermentation, ces derniers vont libérer du biogaz et du méthane. La matière restante est quant à elle utilisée par les agriculteurs comme engrais naturel.

"En incinération et enfouissement, les déchets alimentaires vont créer de la pollution et très mal brûler puisqu'ils sont composés à 80 % d'eau. Dans un contexte où l'on parle beaucoup de dépendance énergétique au gaz, la méthanisation est une façon de créer du gaz sans l'extraire du sol ou de l'importer de l'extérieur. Nous éliminons totalement le déchet et profitons à la fois de son rendement énergétique et de son rendement agricole", explique le président de la startup.

Cette solution s'adresse aux professionnels de l'alimentation, aux restaurateurs et commerces de bouche mais également aux entreprises qui souhaitent proposer à leurs collaborateurs un outil pour valorise le marc de café ou les restes du déjeuner par exemple. Aujourd'hui, près d'une cinquantaine de professionnels de la région toulousaine font appel à Hector le Collector pour valoriser leurs biodéchets. Parmi eux, le restaurant La Braisière, le groupe Pierre Fabre, le fournisseur d'énergie verte Ilek ou encore la Cité des startups. Le service Hector le Collector est facturé, selon la typologie du client. Il est fixé à 40 euros hors taxe la collecte pour les entreprises. Les restaurants et commerces de bouche eux, doivent débourser 20 euros hors taxe par collecte.

"Nous effectuons minium une collecte par semaine car les déchets alimentaires ne peuvent pas rester stockés longtemps sur place pour éviter toute nuisance. Chez les restaurants, il y a un besoin de performance et d'évacuer les déchets régulièrement trois à quatre fois par semaine", précise le jeune entrepreneur.

La jeune entreprise collecte près de deux tonnes de biodéchets par semaine auprès de ses clients.

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Une législation favorable au développement

À moyen terme, Hector le Collector a pour ambition d'essaimer sa solution plus largement au-delà de la Ville rose. La startup souhaite débuter son développement à l'échelle régionale, en Occitanie, par Montpellier, Montauban et Albi d'où elle a déjà reçu des sollicitations.

"Les problématiques de collecte en milieu urbain sont communes à plusieurs villes. Les acteurs traditionnels ont beaucoup de mal à venir collecter les biodéchets en centre-ville, ils ont de gros camions qui ne sont pas du tout adaptés aux ruelles et rues. De plus, les zones à faibles émissions, adoptées par de plus en plus de métropoles, empêchent tous les véhicules diesel trop anciens de réaliser des collectes. Ces derniers ne sont d'ailleurs pas adaptés pour un restaurant de 80 couverts par exemple. Nous sommes un maillon manquant. Nous avons réussi à récupérer des déchets qui ne peuvent pas l'être par les acteurs traditionnels."

La législation devrait favoriser le développement de la jeune société. En effet, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) rendra le tri des déchets de table ou biodéchets obligatoire pour tous au 1er janvier 2024. À compter du 31 décembre 2023, la loi AGEC rend obligatoire le tri à la source des biodéchets pour tous les producteurs. Pour rappel, les producteurs non ménagers de plus de 10 tonnes de biodéchets par an sont déjà soumis à l'obligation de tri à la source de leurs biodéchets.

"C'est un atout, c'est une loi qui va le bon sens, à la fois pour nous et pour l'environnement et la planète. Pour le moment, nous nous apercevons qu'auprès des professionnels de la gestion de la restauration, la loi n'est pas forcément bien connue. Il y a un gros travail d'information, de sensibilisation à ces enjeux là", constate Quentin Saieb.

Une future usine de traitement

Installée au sein de la pépinière d'entreprises du Min, la jeune pousse compte deux employés, Quentin Saieb, le fondateur et Valentin Famose, son associé. D'ici la fin de l'année 2022, ils souhaitent embaucher deux personnes sur la partie commerciale et un agent de collecte.

En 2021, l'entreprise a enregistré un chiffre d'affaires de 51.000 euros dans un contexte sanitaire difficile. Elle prévoit d'atteindre les 190.000 euros de chiffre d'affaires pour l'exercice en cours. Afin d'y parvenir elle a pour objectif de compter 120 à 130 clients d'ici fin 2022. À terme, Hector le Collector veut traiter elle même ses déchet et ne plus faire appel à une usine pour valoriser les déchets qu'elle collectera en énergie.

"Avec le gaz que l'on crée, nous pouvons réaliser du carburant et faire rouler nos véhicules. Il y a une logique d'économie circulaire à mettre en place", conclut-il.

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