C'est un dossier sur lequel sont braqués tous les projecteurs ces derniers jours. Le sous-traitant aéronautique toulousain de rang 1, Derichebourg Aeronautics, est confronté à une baisse de son activité en raison de la réduction des cadences de production de 33% du côté d'Airbus, son principal client. Par conséquent, l'entreprise qui emploie 1 500 salariés, doit mécaniquement gérer un surplus du côté de sa masse salariale.
"Notre client principal prévoit a minima une baisse d'un tiers de son activité entrainant mécaniquement une baisse de plus de 50% de notre chiffre d'affaires. Nous avons échangé sur ce sujet à diverses reprises lors de nos réunions avec le CSE. Cette situation inédite nous impose d'agir vite afin d'assurer la pérennité de l'entreprise. Plusieurs alternatives sont à l'étude et discutées avec nos partenaires sociaux (...) Des réunions de négociations se sont tenues avec l'ensemble des partenaires sociaux les 29 mai, 2 et 4 juin et se poursuivront avec une clôture des négociations prévue dans les jours prochains", explique Pascal Lannette, le président de Derichebourg Aeronautics, dans une lettre adressée aux salariés et que La Tribune s'est procurée.
Au-delà de ce courrier, qui semble au premier abord alarmiste, c'est surtout le timing d'envoi qui interpelle en interne. Celui-ci a été envoyé aux salariés de l'entreprise peu avant 20 heures, vendredi 5 juin. La veille au soir, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, alors invité de l'émission politique "Vous avez la parole", a demandé publiquement à la direction de Derichebourg Aeronautics "d'attendre" avant de prendre de telles décisions. Cette lettre ressemble donc fortement à une fin de non-recevoir à cette demande ministérielle, car de l'aveu même de certains salariés : "nous n'apprenons strictement rien dans cette lettre".
Voici la lettre envoyée aux salariés de Derichebourg Aeronautics par Pascal Lannette, le président de la société.
La CFE-CGC surprise d'être associée à cette démarche
Pour mémoire, la direction demande aux représentants du personnel la signature d'un accord de performance collective (APC), en l'échange d'un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) de faible ampleur. Mais en cas de refus, c'est un PSE concernant jusqu'à 700 salariés qui pourrait être décidé par Derichebourg Aeronautics. Pour éviter d'en arriver à pareille situation, l'APC prévoit la suppression du 13ème mois pour les salaires supérieurs à 2,5 fois le SMIC et la suppression de l'indemnité journalière concernant les repas et les frais de déplacement, afin de soulager les finances de l'entreprise.
"Avec cet APC, nous craignons une fuite de nos compétences vers nos concurrents en mettant à mal nos acquis sociaux, comme le prévoit la première version de cet accord. Cette indemnité journalière a été le principal argument d'embauche pour la majorité des salariés. Alors, nous demandons que cet effort soit borné dans le temps et surtout un retour à bonne fortune quand l'entreprise ira mieux. Il faut trouver un terrain d'entente gagnant-gagnant", lance Carine Adam, déléguée au sein de la CFE-CGC chez Derichebourg Aeronautics.
Par ailleurs, ce syndicat a été surpris d'être cité vendredi soir comme partenaire actif des négociations sociales engagées en interne : "la solution de l'accord de performance collective (APC) est privilégiée par les organisations syndicales FO DAA et CFE CGC afin d'assurer la préservation du plus grand nombre d'emplois", écrit notamment le président de l'entreprise.
"Dès que cette lettre a été envoyée aux salariés, nous avons demandé un droit de réponse pour rappeler notre position. Il est hors de question que nous entrons dans les négociations tant que nous n'avons pas toutes les données, comme les détails du plan de soutien gouvernemental à l'aéronautique. Pour le moment, nous serons observateurs dans ces réunions de négociations plutôt qu'acteurs", prévient Carine Adam.
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