"Avec l'inauguration que nous réalisons aujourd'hui, la ligne Cachou Lajaunie se rapproche du Capitole de 11 km", lance Louis Cazaban, responsable d'exploitation du site Mondelēz International Toulouse. Vendredi 15 février, le groupe agroalimentaire américain Mondelēz International a inauguré l'intégration de sa ligne de production de l'iconique Cachou Lajaunie au sein de son site de production basé à Toulouse, rue Jacques Gamelin.

La marque de bonbons, qui était jusqu'à présent installée à quelques kilomètres de là, dans la zone industrielle Thibaud, rejoint les activités de panification (avec des gammes de produits Heudebert et Pelletier) et de barres céréalières (Grany).

"Parmi les neuf usines que possède Mondelēz International en France, celle de Toulouse est la seule à être multi-catégories", souligne Mathias Dosne, directeur général de Mondelēz International France.

700 000 euros pour rapatrier les bonbons Cachou

Cette réunification a été possible grâce à un investissement de 1,5 million d'euros réalisé en 2018, dont 700 000 euros consacrés à l'installation de l'atelier de confiserie Cachou. Ainsi, le site toulousain ambitionne de devenir de plus en plus attractif et d'accroître la production des produits qu'elle fabrique déjà.

"Nous avons décidé d'investir pour donner une certaine dynamique à la marque Cachou Lajaunie, créer des synergies entre les autres lignes et ainsi lui donner un certain niveau de compétitivité. Nous sommes en train de créer les conditions pour devenir de plus en plus compétitifs, ce qui va logiquement nous permettre d'être plus en plus attractifs", explique Gianpietro Barbugian, directeur de l'usine Mondelēz International de Toulouse.

Ce rapprochement va également permettre de réaliser des économies, puisque l'intégration d'un site déjà existant "donne la possibilité d'utiliser par exemple l'électricité, le gaz, la maintenance, etc."

"Demain, cette ligne de Cachou Lajaunie peut croître parce qu'elle est dans un environnement déjà intégré en terme de structure et avec de la main d'œuvre, ce qui n'était pas le cas lorsqu'elle était isolée", ajoute Louis Cazaban.

Une recette et un procédé inchangés depuis 140 ans

Si les locaux sont aujourd'hui différents, ni la recette, ni la boîte n'ont changé en presque 140 ans d'existence.

 La pâte est aplatie en plaques et pré-marquée en forme de graines de cachou./ (Crédits : Israa Lizati).

Nés en 1880 à Toulouse, les bonbons Cachou sont l'invention du pharmacien Léon Lajaunie et d'un horloger, M. Caire, qui a imaginé et fabriqué la mythique boîte jaune et noir, conçue pour être facilement glissée dans la poche. Destinée à soulager de nombreux maux, comme la toux ou la mauvaise haleine, la pastille était vendue en pharmacie jusqu'en 1950.

Par la suite, elle est devenue un produit accessible au plus grand nombre dans les bureaux de tabac et les grandes et moyennes surfaces. Elle est composée de réglisse pure originaire d'Israël, de sucre, de poudre de cachou, de nombreuses résines végétales, ainsi que d'extraits naturels de menthe.

La mise en boîte se fait automatiquement grâce à une machine de dosage "spécialement fabriquée pour le Cachou Lajaunie"/ (Crédits : Israa Lizati).

Le procédé de fabrication reste lui aussi le même et est suivi scrupuleusement par les quatre employés de la ligne de confiserie. Il dure sept jours, du traitement de la matière première jusqu'à la mise en boîte, et comprend quatre étapes : cuisson, mise en forme, pressage et vernissage et conditionnement. Lors de la première étape, les matières premières sont mélangées à la main, dans des cuves, et cuites durant 30 heures à 86 C°.

(Crédits : Israa Lizati).

À l'issue, la production de la pâte à cachou démarre, puis la pâte est laissée un à deux jours au repos avant l'étape du façonnage où elle est aplatie en plaques et pré-marquée en forme de graines de cachou. Les plaques sont ensuite séchées, cassées en graines et triées par des machines. Les grains passent par l'étape du cirage où ils sont enduits de résine végétale et de poudre de cachou. La mise en boîte se fait automatiquement grâce à une machine de dosage "spécialement fabriquée pour le Cachou Lajaunie" qui remplit les fameuses boîtes jaunes en métal de six grammes de cachous.

En 2018, 18 000 tonnes de pastilles sont sorties de l'atelier toulousain./ (Crédits : Israa Lizati).

Trois millions de boîtes vendues par an

La marque Cachou Lajaunie a connu plusieurs propriétaires dont les Américains Parke Davis, Kraft Foods et Cadbury, avant d'être rachetée par Mondelēz International en 2010.

En 2018, 18 000 tonnes de pastilles sont sorties de l'atelier toulousain. Chaque année, ce sont trois millions de boîtes jaunes qui sont vendues "principalement en France". "Les ventes sont plutôt stables d'année en année. Nous avons des consommateurs extrêmement fidèles", précise Mathias Dosne. Cependant, la petite boite jaune et noir fait face à plusieurs défis.

"Il y a deux grands enjeux pour ce type de produits qu'on dit d'impulsion et qui ne font pas forcément partie des listes de courses. Le premier est que les gens qui attendent à la caisse dans les grandes surfaces ne regardent pas forcément les produits affichés, parmi lesquels le Cachou, mais scrollent sur leurs smartphones. Le second est qu'il y a de moins en moins de caisses, le marché a perdu 20 km de caisses en cinq ans. Pour nous, cela signifie qu'on doit repenser la connexion avec le consommateur", explique le directeur général de Mondelēz International France.

Fin 2017, le groupe Mondelēz International, dont le siège est basé dans l'Illinois aux États-Unis, a tout de même réalisé un chiffre d'affaires de 26 milliards de dollars, soit près de 23 milliards d'euros. Il dispose d'un effectif de 80 000 salariés dans le monde, dont 3 000 en France et 82 à Toulouse (quatre parmi l'équipe Cachou Lajaunie).

Classé cinquième acteur de l'agro-alimentaire en France juste derrière Danone, Mondelēz est en train de mettre en place une stratégie afin de "réconcilier le snacking et le bien manger". Pour poursuivre la croissance de ses activités, le groupe prévoit d'investir 1,2 million d'euros dans son usine toulousaine en 2019.