En France, la pénurie de talents est à son apogée dans le secteur du numérique. En effet, il manquerait près de 10 000 ingénieurs par an, tandis que, paradoxalement, 5 à 15% des salariés en ESN (entreprises de services du numérique) sont en inter-contrat, et donc disponibles (source Syntec).

Afin d'y remédier, Bastien Vialade et Joël Alaux, deux ingénieurs en développement logiciel, ont mis au point Staffman, une plateforme collaborative qui propose aux entreprises en pénurie de candidats de trouver rapidement des ingénieurs. Elle les met en relation des ingénieurs à la recherche d'un emploi ou d'une mission, en freelance, ou des salariés en poste qui peuvent travailler temporairement en sous-traitance.

Créé en 2017, l'outil est disponible à Toulouse et Paris. L'inscription y est gratuite pour les ingénieurs. Les ESN elles, paient un abonnement de près de 300 euros par mois.

Première levée de fonds

Afin d'étendre son offre à "100% de la France et expérimenter sa solution dans d'autres pays de la zone euro", la startup toulousaine a levé 600 000 euros de fonds, fin décembre 2018. Ce premier financement a été rendu possible grâce à l'entrée au capital de la société d'HelloWork, groupe français à la tête de sites de recrutement tels que RegionsJob, Cadreo ou encore Parisjob.

"Il ne s'agit pas seulement d'une approche financière puisque l'objectif était de trouver un investisseur qui puisse également apporter son expertise. HelloWork a beaucoup d'années d'avance sur nous et nous avons beaucoup à apprendre d'eux", explique Bastien Vialade, président et co-fondateur de Staffman.

L'expansion géographique de la plateforme au niveau national devrait commencer par Nantes et Lyon durant le premier semestre de l'année en cours. En Europe, la Belgique, dans les zones "où sont implantées plusieurs entreprises françaises", serait la première destination sur laquelle Staffman va se positionner.

"Les lieux que l'on choisit sont aussi les lieux où nos clients nous emmènent. Par exemple, des entreprises internationales comme Sopra Steria ont des enjeux de recrutement qui vont au-delà de la France. Naturellement, on se tourne vers des pays européens frontaliers de la France. L'Allemagne et l'Espagne sont des territoires que nous visons", confie Bastien Vialade.

"Monter en puissance"

Les fonds devraient également financer des recrutements. Staffman, qui compte aujourd'hui six collaborateurs, prévoit 10 embauches supplémentaires en CDI en 2019. Les profils recherchés sont des business développeurs et des profils marketing.

"Nous nous sommes aperçus que pour couvrir la France et plus, il fallait monter en puissance pour tenir la cadence, garantir la qualité, le support client et le développement commercial et donc rapidement constituer une équipe plus importante", conclut Bastien Vialade.

Staffman revendique, à ce jour, plus de 6 000 utilisateurs, 500 entreprises inscrites et pas moins de 10 000 ingénieurs référencés sur la plateforme dont 1 500 "qui sont disponibles dès lundi", selon la formule de Bastien Vialade. En 2019, la jeune pousse a pour objectif de multiplier ces chiffres par 10.

Avec un chiffre d'affaires de 150 000 euros en 2018, Staffman a multiplié ce résultat par dix par rapport à sa première année d'activité (2017). Pour 2019, elle souhaite rester sur cette lancée et ainsi passer la barre du million d'euros.