Comment améliorer la capacité d'arrivée des aéroports aux heures de forte affluence ? C'est la question à laquelle a tenté de répondre la Nasa. Pour ce faire, l'agence spatiale américaine a mené le projet "Air Traffic Management Technology Demonstration 1 (ATD-1)", où a été testé l'innovation FIM (Flight Deck Interval Management), un outil de gestion automatique des espacements entre les avions en vol. Elle a formé une équipe industrielle composée des entreprises américaines Boeing Research, Honeywell, Jeppesen, United Airlines et... de la PME toulousaine spécialisée dans la communication par satellites appliquée à l'aviation, Atmosphère.

"L'objectif de ce projet était de réduire les marges de sécurité que l'on prend entre les avions, pour ainsi fluidifier et augmenter la capacité des flux", explique Jean-Marc Gaubert, fondateur d'Atmosphère, basée à Ramonville (31).

L'expérimentation, démarrée en 2017, a duré près de trois mois et nécessité trois avions. Quelques 350 heures de vol ont été effectuées dans un aéroport situé près "du terrain de jeu de Boeing dans l'État de Washington".

Un système d'échanges en temps réel

"En 2016, notre partenaire Honeywell a eu un projet avec la Nasa à qui il a proposé d'utiliser notre système de gestion pour mener à bien l'expérimentation. Nous avons alors signé le contrat pour ce projet la même année", raconte le dirigeant.

Issu de son programme Planet, Atmosphère développe ce système de gestion depuis 2012. Il s'agit d'un système d'informations connecté, utilisant des réseaux terrestres et satellites, qui permet d'échanger en temps réel entre les équipes au sol et dans les airs sur le suivi de vol, la télémétrie, les informations météorologiques et aéronautiques afin de mieux gérer un vol. Il offre également des services collaboratifs tels qu'un chat multicanal ou un outil de transfert de fichiers.

Pour la campagne de tests ATD-1, le programme Planet a été adapté. Il a permis d'échanger en temps réel toutes les informations entre les trois avions, le centre de mission et les autorités de contrôle aérien et de synchroniser les trajectoires.

"Nous avons également fourni un service météo en temps réel. Notre plateforme de gestion de mission a été un élément important pour la coordination entre les différents avions", se félicite le directeur d'Atmosphère.

L'expérimentation a été un succès. La technologie toulousaine FIM a été transférée par la Nasa à la Federal Aviation Administration (FAA), l'agence gouvernementale chargée des réglementations et des contrôles pour l'aviation civile aux États-Unis. Les suites éventuelles du système seront gérées par cette dernière.

"La technologie développée dans ce projet permettra à terme une meilleure gestion des flux et une réduction de l'impact de l'aviation sur l'environnement, ce qui devient essentiel pour faire face à la croissance du trafic aérien."

Une récompense inattendue

À la suite de ces tests, Atmosphère s'est vu décerner le prix "Group Achievement  Award 2018" par la Nasa. Une distinction prestigieuse qui pourrait avoir un impact positif sur cette entreprise qui emploie une dizaine de salariés.

"Ce prix a été une surprise. Cela offre de la visibilité à l'entreprise et conforte nos clients, qui utilisent le système, dans leur choix. Par exemple, les gens qui sont en utilisation ponctuelle du service pourraient potentiellement passer en utilisation permanente", se projette Jean-Marc Gaubert.

Cette PME, créée en 2008, travaille avec de grands noms de la filière aéro tels que Safire, Thales, DLR ou encore Airbus. Elle est même membre du pôle de compétitivité Aerospace Valley.

Une nouvelle collaboration avec la Nasa à venir

Cette attractivité nouvelle devrait permettre d'augmenter un chiffre d'affaires qui est de  750 000 euros sur l'année 2018. À lui seul, Planet, produit phare de la société, en représente la moitié. Pour développer son activité, l'objectif d'Atmosphère à court terme est "d'accroître le nombre de clients". Présente actuellement dans quatre pays (France, Allemagne, États-Unis, Canada), elle souhaite notamment asseoir sa présence à l'étranger.

"L'objectif à terme est d'être présent dans une vingtaine de pays. On discute depuis pas mal de temps avec des entreprises japonaises et nous en avons identifié en Corée également."

En attendant, Atmosphère est "en discussion" avec l'entreprise américaine de communications par satellite, Iridium. Elle ambitionne d'intégrer les nouveaux services fournis par leur toute dernière génération de satellites conçus pour la constellation LEO qui est la plus grande constellation commerciale au monde avec 66 satellites nommés Iridium NEXT.

Par ailleurs, Atmosphère devrait de nouveau collaborer avec la Nasa lors d'une nouvelle expérimentation et ce, dès janvier 2019.

"Il y a un projet qui est en cours, via notre client Honeywell, afin de faire atterrir deux avions en même temps où la Nasa devrait réutiliser notre technologie", conclut Jean-Marc Gaubert.