Comment le Min de Toulouse compte se féminiser

Le Marché d’intérêt national de Toulouse, déclinaison locale du marché de Rungis, regroupe un millier de salariés sur place, à forte majorité masculine. Avec actuellement plus de 200 emplois à pourvoir, les différentes entreprises qui y opèrent veulent attirer davantage de femmes. Pour cela, des initiatives en partenariat avec le Pôle Emploi sont mises en place pour tenter de féminiser le Min de Toulouse. Reportage.
Une vingtaine de demandeuses d'emplois ont visité le Min dans l'optique de postuler à certaines offres.
Une vingtaine de demandeuses d'emplois ont visité le Min dans l'optique de postuler à certaines offres. (Crédits : Pierrick Merlet)

Il est à peine six heures du matin en cette fin du mois d'octobre et le froid commence à prendre le pas sur les douceurs matinales de l'été. Et pourtant, les 60 000 m2 du Marché d'intérêt national de Toulouse (le Min) situé au nord de la Ville rose grouillent comme une fourmilière en ce vendredi. Ce jour-là, la déclinaison toulousaine du célèbre marché de Rungis accueille de très nombreux commerçants et visiteurs venus réaliser leurs emplettes de fruits, de légumes, de viandes ou autre produit alimentaire avant le week-end.

La plupart de ces visiteurs sont reconnaissables grâce aux gilets jaunes qu'ils portent, semblables à ceux imposés dans les véhicules automobiles pour des questions de sécurité. Mais en ce vendredi d'automne, une délégation de visiteurs se distingue plus particulièrement que les autres... Celle-ci est composée uniquement de femmes. En effet, elles sont dix-sept, toutes demandeuses d'emplois issues des quartiers prioritaires de la politique de la ville, comme le Mirail, à être présentes ce matin pour visiter le Min.

Envoyées par les agences toulousaines du Pôle Emploi, elles sont accompagnées par les différents chefs d'agences de Toulouse et son agglomération. La visite à travers les allées de ce qui est surnommé "le ventre de Toulouse" est menée par la directrice générale du Min en personne, Maguelone Pontier, en poste depuis la fin d'année 2017.

230 postes à pourvoir

La composition de cette assemblée qui traverse le carreau des producteurs, puis le secteur des fleurs, avant de se rendre dans le quartier des grossistes, attire tout particulièrement les regards. Et pour cause, le Min est un lieu fortement masculinisé, dans lequel très peu de femmes occupent un poste, et c'est tout l'enjeu de cette visite que l'on pourrait apparenter à un coup de pied dans une fourmilière, afin de changer la donne.

"Au marché de Rungis, nous dénombrons 30 % de femmes au total parmi tous les effectifs des entreprises. Mais à Toulouse, même sans donnée chiffrée exacte, nous savons que les femmes représentent une part très minoritaire sur les 1 000 personnes qui travaillent ici", admet Maguelone Pontier, à la tête d'un marché qui réalise un chiffre d'affaires cumulé de 333 millions d'euros par an grâce aux 148 entreprises qui y sont présentes.

Ainsi, l'objectif de cette visite est de donner envie à cette vingtaine de femmes de candidater aux 230 postes actuellement vacants au sein des entreprises de ce marché. Une initiative inédite organisée main dans la main entre la direction du Min et le Pôle Emploi qui ont noué un partenariat il y a deux ans pour tenter de changer l'image de ce lieu symbolique et ô combien important pour la filière agroalimentaire de la région.

"Le Min de Toulouse est un vecteur d'ascension sociale, où l'âge, l'origine et le niveau de qualification ne sont pas importants. Si vous êtes une personne motivée, avec le désir de travailler, vous monterez rapidement dans les échelons. Ici, beaucoup de chefs d'entreprises sont partis de rien et surtout, aucun travail n'est pas réalisable par une femme", promet la dirigeante en s'adressant à son assemblée féminisée qui l'écoute attentivement, malgré le bruit permanent engendré par les activités au sein des bâtiments.

Un conseiller du Pôle Emploi rattaché au Min

Pour expliquer le manque de candidatures féminines, Maguelone Pontier avance "un phénomène d'autocensure" de la part des femmes. Par ailleurs, le Min de Toulouse, malgré son poids économique important, est reste peu connu de la part des demandeurs d'emplois. Enfin, la pénibilité du travail avec des horaires atypiques n'est pas à négliger.

"Le transport est également l'une des conséquences de ces horaires décalées. Quand vous avez des journées de travail qui commencent à trois heures du matin et d'autres qui se terminent bien après minuit, la station de métro située à proximité (La Vache, ndlr) est fermée généralement", ajoute David Esperno, le directeur logistique de TerreAzur, qui recherche deux préparateurs de commandes et un chauffeur-livreur poids lourds, de préférence des femmes pour équilibrer ses effectifs au Min.

Afin d'aider ces entreprises, le Pôle Emploi mène plusieurs actions au sein du Min. Tout d'abord, une permanence hebdomadaire avec un bureau a été aménagée sur place, pour un conseiller qui travaille spécialement avec les entreprises qui ont une activité dans cette "ville dans la ville", comme aime illustrer Maguelone Pontier.

"À travers notre partenariat, nous avons organisé également deux job dating au sein du Min, dont le dernier s'est déroulé à la mi-octobre. Le jour même, 15 embauches ont eu lieu en CDI, dont quatre femmes. Il y a des postes disponibles de jour, comme de nuit, dans l'administratif, la préparation de commandes, l'entretien, ou encore la logistique", assure Anne Moyen, la directrice d'agence du Pôle Emploi de Toulouse-La Cépière, qui gère notamment le quartier du Mirail.

À l'issue de la visite matinale, plusieurs femmes ont assuré vouloir postuler pour intégrer la structure, et si l'opération s'avère être un succès, nul doute qu'elle sera reconduite.

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