En matière de cybersécurité, la Toulousaine ITrust joue dans la cour des grands. Créée en 2007 dans la Ville rose par Jean-Nicolas Piotrowski, la société qui dispose aussi d'un bureau à Paris veut désormais intensifier son développement. 30 nouveaux postes dont les deux tiers seront basés à Toulouse et le dernier tiers dans la capitale sont ouverts. Parmi eux, des profils techniques de développeurs ou encore de data scientists mais aussi d'autres plus commerciaux. Un recrutement important pour cette société de 50 personnes et qui s'explique par sa très bonne santé. Car si ITrust reste discrète sur son chiffre d'affaires, elle donne le ton sur l'état de ses commandes : 1,5 million d'euros en 2017, trois millions d'euros pour le seul premier trimestre 2018.

La raison de cette croissance : Reveelium et Ikare, du nom des programmes de détections de virus informatiques aux signaux faibles qu'elle a développé.

"Nous détectons les failles de sécurité en amont pour les corriger. Quand Airbus a été piraté cela a duré 20 mois. Nous, nous avions détecté la faille un jour avant et nous aurions pu résoudre cette attaque en quelques heures. Nous sommes seulement cinq sociétés à faire ça dans le monde, la seule en Europe", explique Jean-Nicolas Piotrowski.

Ces solutions de détections de failles de sécurité, ITrust les vend désormais outre-Atlantique. Dans l'optique de s'implanter aux États-Unis, la société avait il y a deux ans levé deux millions d'euros auprès du fonds fintech de NewAlpha. Si dans un premier temps, ITrust a vendu directement ses programmes, elle met aujourd'hui en oeuvre un modèle de partenariat, notamment avec la multinationale CGI pour solidifier ce développement à l'international.

"Les États-Unis marchaient bien mais nous avons fait évoluer notre stratégie en passant de la vente directe à la vente indirecte. Depuis un an, nous travaillons avec nos partenaires pour revendre nos solutions dans ce pays. C'est un modèle qui s'apparente à la franchise et qui en sécurité n'existait pas. C'est intéressant car il y a un vrai transfert de compétences tout en garantissant notre expertise s'il y a besoin", note le PDG.

Un centre de recherches régional ?

Via ses franchises, ITrust s'est déployé à Montréal, New-York, au Brésil, en Côte d'Ivoire, au Maroc, au Rwanda, en Afrique du Sud, au Luxembourg, en Suisse et au Liban. Si elle souhaite s'implanter en Asie, l'entreprise doit pour le moment mettre ce continent de côté en raison des réticences du gouvernement chinois. Ce dernier exige qu'ITrust fournisse le code source de son logiciel si elle souhaite accéder à son marché.  En attendant, la société a le regard tourné vers la France et notamment la Région Occitanie. Celle qui ambitionne de devenir le leader européen de la cybersécurité souhaite y développer son centre de recherches.

"Carole Delga est convaincue que l'intelligence artificielle c'est l'avenir. Mais il y a plusieurs paramètres à prendre en compte. Un centre de recherche, cela passe par des partenaires comme la Région, la BPI aussi. Aux États-Unis, un groupe nous offre un pont d'or pour créer notre laboratoire d'intelligence artificielle. Aujourd'hui nous attendons de voir si la Région, Paris ou Londres nous soutient. Ce sont des questions auxquels nous devrons répondre rapidement", conclut Jean-Nicolas Piotrowski.