La success story des cinémas Utopia

En 40 ans, le réseau de salles de cinéma indépendant Utopia s'est fait une place solide parmi les grands groupes d'exploitation de films. Présent dans plusieurs villes du sud de la France et en région parisienne, le réseau continue de se déployer. L'an prochain, le quartier Borderouge de Toulouse verra s'ouvrir un cinéma Utopia. Un succès dû à un modèle économique très singulier.
Le cinéma Utopia de Tournefeuille a ouvert ses portes au public en 2001.
Le cinéma Utopia de Tournefeuille a ouvert ses portes au public en 2001. (Crédits : Rémi Benoit)

Ce sont des cinémas où l'on ne trouve pas de pop-corn, ni de films de super-héros taillés pour faire des millions d'entrées. À la place, une décoration un brin rétro et surtout la fameuse "gazette", un journal gratuit qui présente la programmation du moment et propose des critiques pointues. Ce réseau d'une quarantaine de salariés estampillé "art et essai" et qui compte plusieurs cinémas dans le Sud de la France (Avignon, Montpellier, Bordeaux et Tournefeuille en banlieue toulousaine) et un en région parisienne (Saint-Ouen) va s'agrandir et revenir dans la Ville rose. Haut lieu culturel du centre-ville depuis 1993, l'Utopia de la rue Montardy avait cessé d'exister sous cette appellation. Devenu l'American Cosmograph - son tout premier nom - le cinéma est devenu en 2016, la propriété des salariés du lieu et n'appartient plus au réseau.

Mais l'an prochain, s'érigera dans le quartier de Borderouge à Toulouse, le sixième cinéma Utopia, plus de 40 ans après le premier. La pose de la première pierre de ce nouveau lieu culturel toulousain a eu lieu le 24 mars dernier en présence notamment du maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc.

JLM Utopia

Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse pose la première pierre du cinéma Utopia du quartier Borderouge (Crédits : Utopia).

Il était une fois...

Tout commence au début des années 70 à Aix-en-Provence. Anne-Marie Faucon, jeune infirmière en psychiatrie et Michel Malacarnet, étudiant, tous deux passionnés de cinéma, se font prêter une salle équipée pour visionner des films et qui appartient à l'évêché de la ville. Ils ne veulent pas seulement y projeter des bandes mais aussi en faire un lieu de rencontres et de débats. Les clercs sont séduits par l'enthousiasme des jeunes, moins par leurs idées politiques. La salle devient très vite un repaire de militants de gauche, pour l'avortement, contre la discrimination raciale et une lutte judiciaire s'engage avec les ecclésiastiques pour mettre fin à leurs activités.

En 1976, le directeur de l'institut américain d'Avignon qui connaît leurs opinions politiques propose de leur louer à un prix modique une salle dans le centre-ville d'Avignon. C'est alors que naît le premier cinéma Utopia, dans la cité des Papes.

"Nous n'avions aucune formation économique, nous savions seulement qu'on aimait le cinéma mais pas la vie qu'on avait" explique Anne-Marie Faucon.

Cet accès avantageux au foncier est l'une des raisons qui explique le développement de la marque Utopia. Ainsi, quand la mairie de Tournefeuille leur propose de s'installer sur la commune, le duo de créateurs accepte à condition d'avoir un loyer très bas. En 2001, le cinéma ouvre avec son bail emphytéotique de 99 ans.

Cinéma Utopia

L'entrée atypique de l'Utopia de Tournefeuille attire les cinéphiles (Crédits : Rémi Benoit).

Fonds de soutien et Scop

Pour survivre économiquement, il ne suffit pas de disposer d'un terrain ou d'un ancien bâtiment à loyer modéré, il faut aussi avoir de l'argent pour s'équiper. En 1947, l'État français avait développé un système de soutien au cinéma français. L'idée : prélever une taxe de 11% en moyenne sur chaque billet acheté pour financer la création ou la rénovation de salles de cinéma. Ce dispositif, conditionné au nombre d'entrées, pousse les propriétaires à regrouper tous les cinémas Utopia sous une même entité.

"C'est ce fond de soutien qui nous a permis d'exister. Dès lors, cela a été plus facile d'aller voir des banques pour emprunter de l'argent", commente Anne-Marie Faucon.

Et si la créatrice accompagnée de Michel Malacarnet, son partenaire de toujours et de Patrick Troudet, chargé de la programmation des Utopia, a monté Félicité Films pour gérer les salles du réseau, elle veut insister sur l'indépendance de chaque cinéma.

"L'Utopia de Tournefeuille est en train de devenir une Scop - société coopérative et participative -, celui de Bordeaux l'est déjà. A terme, Félicité Films va devenir une SAS. C'est elle qui gérera l'immobilier et le fonds de soutien et chaque SCOP aura un représentant dans cette SAS", explique celle qui depuis 10 ans n'est plus salariée d'un réseau qui se porte bien.

En 2016, les cinémas Utopia totalisaient un peu plus d'un million d'entrées.

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Commentaire 1
à écrit le 09/05/2018 à 12:13
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Une excellente nouvelle d'autant que au final ils ont voulu nous imposer leur 3D mais elle est floue, elle fait mal à la tête et les lunettes sont insupportables du coup au final il y a autant de gens à demander du 2D classique que du 3D, cela n'a pa...

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