Toulouse, des centaines d'emplois menacés et une rentrée économique à hauts risques

Les prochaines semaines s'annoncent rudes sur le front de l'emploi. Après la fermeture de Freescale cet été, plusieurs entreprises sont menacées. Alors que les salariés de Sanofi mènent des actions tous les jeudis depuis plusieurs semaines, ceux de Thales vont manifester ce mercredi 29 août devant le site du groupe à Toulouse.
Le "haka" des salariés de Sanofi qui manifestent tous les jeudis

Mobilisés depuis près d'un an contre le projet de cession de la division Business Solutions à l'entreprise GFI Informatique, les salariés de Thales Services vont à nouveau se rassembler ce mercredi 29 août à 10 h devant le site toulousain du groupe, avenue du général Eisenhower. Ils protestent contre ce plan général de cession qui menace selon eux « 550 emplois sur 3600 dont 130 sur l'antenne toulousaine ». Ils en appellent notamment au soutien des élus.

Des élus qui ont déjà fait entendre leur voix sur plusieurs dossiers à l'image de Pierre Izard concernant Freescale. Le président du Conseil général de la Haute-Garonne a dénoncé « une décision inadmissible qui représente un gâchis industriel et un drame humain insupportables ». L'usine toulousaine de Freescale a en effet fermé ses portes fin juillet en toute discrétion, avant la date prévue du 10 août. Environ 530 personnes se sont retrouvées sans emploi selon la CGT. Un arrêt de la production qui ne surprend personne : la fin de l'atelier de fabrication de galettes de silicium est annoncée depuis 2009. Parallèlement, La Pyrénéenne a été placée en liquidation judiciaire le 17 juillet dernier. L'entreprise de BTP de Villeneuve-Lès-Bouloc (31) employait 85 personnes.

Sanofi, 614 emplois dans la balance
Les regards se tournent également vers Sanofi, qui emploie 614 personnes sur le site de l'Oncopole. Le 5 juillet, la direction a affirmé que « toutes les options [étaient] étudiées pour l'avenir du site ». Quelques jours plus tard, une délégation syndicale revenait d'un comité d'entreprise avec de mauvaises nouvelles : Sanofi aurait confirmé sa volonté de se désengager de Toulouse. « Sanofi veut continuer à vendre du médicament mais ne veut plus financer la recherche », dénonce Pascal Delmas, du syndicat CFDT. « Nous manifestons depuis le début de l'été, une façon pour nous de nous exprimer contre une décision traumatisante », explique Pascal Delmas, rappelant que Sanofi a fait 4 milliards de bénéfices au premier semestre 2012.

Septembre apportera sans doute des réponses. Mais déjà, les élus sont là encore montés au créneau. « Les décisions du groupe Sanofi et Freescale, au-delà de Midi-Pyrénées, doivent amener à une prise de conscience nationale face à des groupes qui licencient alors qu'ils génèrent des bénéfices », estime Martin Malvy, président de la région Midi-Pyrénées. Jean-Louis Chauzy, président du Ceser Midi-Pyrénées, juge lui que « le groupe Sanofi porterait atteinte à l'avenir de l'Oncopole et à sa vocation mondiale en retirant progressivement ses activités de Toulouse ». Un avis contrebalancé par Jean-Jacques Romatet, directeur du CHU de Toulouse qui affirme que les activités de Sanofi à Toulouse ne sont pas orientées « cancer » et n'ont donc pas d'impact sur l'avenir de l'Oncopole «même si c'est un drame pour la ville». (Interview de Jean-Jacques Romatet).

Les salariés de Sanofi seront ce jeudi 30 août au rond-point du docteur Maurice Dide, route d'Espagne, devant l'accès à l'Oncopole pour un nouveau «jeudi de la colère». Une grande journée de mobilisation européenne de défense de la recherche devrait être organisée mi-septembre.

Les autres secteurs menacés
Pas de licenciement en vue pour Air France mais un plan de départ volontaire qui concerne toute la France. Objectif : supprimer 5 122 postes au total et augmenter la productivité de 20 %. La compagnie a ouvert une base régionale à Toulouse en avril mais la Ville rose ne devrait pas échapper à des coupes sombres. Pas de répit non plus du côté du voyagiste Fram, qui prépare un plan social pour sortir des difficultés financières. 70 postes seraient menacés à Toulouse mais rien n'a filtré des réunions du comité d'entreprise tenues en juillet.

L'immobilier toulousain est lui aussi rattrapé par la crise. Au 1er trimestre 2012, la commercialisation des logements neufs a reculé de 59 %. En Midi-Pyrénées, les mises en chantier ont baissé de 44 %. La situation est plus alarmante dans le BTP. D'après la Fédération régionale des travaux publics (FRTP), « 89 % des entreprises de la région ont un carnet de commande inférieur à six mois, dont 47 % inférieur à trois mois. » (lire: Inquiétude persistante dans les entreprises du BTP) Le secteur, en Midi-Pyrénées, déplore « la perte de 2 000 emplois en cinq ans. Sans compter les 1 000 emplois impactés par les défaillances des entreprises. Si nos perspectives d'activité pour 2012 estimées à - 3 % se confirment, ce seront 500 emplois de plus qui seront directement détruits. »

Paul Périé et Sophie Arutunian

© photo Rémi Benoit

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