L'ancien joueur de rugby Laurent Spanghero reprend l'ex-entreprise familiale

Le tribunal de commerce de Carcassonne vient d'"homologue(r) le plan de cession de la SAS Spanghero au profit de Laurent Spanghero", seule offre de reprise encore en lice menée conjointement par le fondateur de l'entreprise agroalimentaire, le promoteur immobilier Jacques Blanc et le cabinet de conseil Investeam. À la clé, 90 emplois sauvegardés sur les quelques 230 que compte l'entreprise, laquelle devrait être rebaptisée "Les saveurs occitanes". Entretien avec Laurent Spanghero.


La décision du tribunal de commerce de Carcassonne rendue, c'est l'épilogue de cinq mois de polémique ?
L'heure est maintenant au nouveau départ. Il faut que l'on tourne la page et reparte sur des bases nouvelles. La décision du tribunal de commerce de Carcassonne est un véritable soulagement car si le plan de reprise avait été rejeté, l'entreprise aurait fermé, et ça ce n'était guère acceptable. Reste maintenant à se battre, car ce n'est qu'une étape vers le redressement de l'entreprise.

Quelles sont les modalités du plan de reprise ?

Avec mes partenaires, nous nous sommes engagés à maintenir 90 emplois sur le site avec pour objectif d'ici un an que l'entreprise affiche 150 salariés. Ce sera difficile assurément, mais nous allons nous y atteler dès lundi. L'objectif premier est de sauvegarder l'emploi et de relancer l'entreprise. D'ailleurs, nous nous sommes engagés à réembaucher les anciens salariés pendant 24 mois en fonction de la santé économique de la société. Ils auront la priorité.

Comment allez-vous vous y prendre ?
Nous allons apporter 5,5 M€ à la société, ce qui est bien suffisant pour faire redémarrer l'activité, laquelle s'est arrêtée il y a une semaine faute de clients et de contrats renouvelés. Parallèlement, l'un des chantiers primordial reste la reconquête de la confiance aussi bien auprès de nos partenaires, que de nos clients. Ces longs mois de polémique ont fatalement terni l'image de l'entreprise, et il est nécessaire désormais de montrer notre volonté de repartir sur des bases saines. D'ici un an, nous avons comme objectif d'atteindre un CA de 30M€.

Quels sont les moyens que vous allez mobiliser pour faire renaître cette confiance ?
Notre expertise et notre professionnalisme seront des atouts non négligeables dans cette reconquête. Également, un meilleur travail de référencement et de traçage sera nécessaire à mettre en place. Dernièrement, notre ancrage régional reste un avantage non négligeable tant avoir des fournisseurs du Sud Ouest peut s'avérer avantageux pour les entreprises du coin.

En 2009, vous avez cédé l'entreprise pour un euro symbolique en raison d'une situation d'endettement inquiétante. Pour quelles raisons allez-vous réussir votre pari aujourd'hui ?
Les contextes sont totalement différents. En 2009, la conjonction de nombreuses tendances a eu raison de nous telles les 35h, la crise de 2008 ou encore la politique de modernisation entreprise par notre société. Aujourd'hui, nous allons mieux maîtriser notre gouvernance et la politique suivie par l'entreprise.

Quelles ont été vos relations avec les acteurs publics ?
Inexistantes. Nous n'avons bénéficié d'aucune assistance des pouvoirs publics, si ce n'est celle du Conseil régional via son mécanisme d'accompagnement envers les licenciements.

Spanghero change de nom pour les « Saveurs occitanes ». Pourquoi une telle décision ?

Dans notre stratégie de renouveau, il est important de montrer à nos partenaires, clients et employés que la structure se réinvente. Pendant des mois, l'entreprise a vu son nom traîné dans la boue, et il s'est vite avéré indispensable de changer son nom, encore trop relié aux événements du passés.

Propos recueillis par Jérémy Lacoste
Photo© Reuters

En savoir plus

Co-fondateur avec son frère Claude de l'entreprise agroalimentaire A la table de Spanghero en 1970, il cède l'entreprise familiale fortement endettée pour 1€ symbolique en 2009 "afin de sauver 450 emplois" se justifie-t-il.

Ancien rugbyman de 74 ans du RC Narbonne, Laurent Spanghero est par ailleurs membre du conseil des sages de la grande confrérie du cassoulet de Castelnaudary.

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