Sanofi : le rapport Saintouil préconise le maintien du site pour 5 ans, Arnaud Montebourg se réjouit

Le ministre du redressement productif était en déplacement à Toulouse aujourd'hui pour dévoiler les propositions du rapport Saintouil sur le site toulousain de Sanofi qui emploie 612 chercheurs et cadres administratifs. Annonçant un "compromis ", Arnaud Montebourg a expliqué que Sanofi resterait à Toulouse pendant 5 ans, sans aucune garantie pour la suite. "L'emploi est préservé" annonce le président du groupe Christian Lajoux. Les syndicats évoquent "un CDD de 5 ans" non satisfaisant.
Arnaud Montebourg ce matin à la préfecture de Toulouse, interpellé par les salariés de Sanofi


"Un accord gagnant gagnant" pour Arnaud Montebourg, "une feuille de route à suivre" pour Christian Lajoux, et "un rapport basé sur les volontés de la direction" pour les syndicats : les différentes parties au conflit qui agite Sanofi ont des interprétations différentes du rapport de 41 pages rédigé par Jean-Pierre Saintouil. Le directeur du pôle santé de Toulouse Tech Transfer, accompagné de François Amalric, professeur émérite à l'Université de Toulouse, a présenté aujourd'hui à Toulouse ses préconisations à la direction, et aux salariés de Sanofi. Il liste plusieurs propositions pour éviter toute perte d'emploi : "Sur les 612 emplois actuels, environ 500 seraient maintenus sur le site réorganisé, 80 départs anticipés à la retraite sont estimés et différents employés rejoindraient les sites dédiés du groupe (Lyon, Vitry...)", précise le rapport dont ressortent 4 propositions principales. "C'est un compromis entre la volonté de certains de ne rien changer, et la volonté d'autres de faire tout disparaitre" se félicite le ministre. Arnaud Montebourg avait annoncé le 10 octobre dernier, que le site toulousain de Sanofi serait épargné. "Il n'est plus dans le plan de restructuration du groupe pharmaceutique" avait-il alors assuré.

Créer un centre d'Open Innovation

La principale mesure du rapport Santouil est le maintien de la bannière Sanofi à Toulouse pendant 5 ans, avec 250 salariés (sur 612). Il s'agit de transformer le site en créant un centre d'Open Innovation pour "identifier et valider de nouveaux candidats médicaments et pour valider des molécules avant la signature de contrats de licences ou de co-développement". "C'est là que seront développés les médicaments de demain" explique l'auteur du rapport. Pourquoi 5 ans ? "C'est le temps qu'il faut pour la renaissance d'un éco-système de recherche, le temps qu'il faut pour convaincre Sanofi de rester" estime Arnaud Montebourg. Le président du groupe pharmaceutique Christian Lajoux, ne donne aucune indication sur "l'après" mais laisse ouverte la possibilité de se désengager dans 5 ans. Il fait également appel au financement de la Région Midi-Pyrénées pour soutenir ce centre.

Naissance d'une spin-off

Le rapport préconise l'implantation et l'accueil d'entreprises innovantes sur le site de la route d'Espagne ainsi que la création d'une spin-off ( scission d'entreprise, où une nouvelle entreprise est créée à partir d'une organisation plus grande) qui emploierait 80 personnes en oncologie : une unité de recherche déjà existante dont le groupe souhaite se séparer. Là aussi, Sanofi supportera pendant 5 ans cette entreprise "qui se développera ensuite par ses propres moyens" précise Arnaud Montebourg. 5 start-up pourraient être crées par les salariés de Sanofi et accueillis dans les locaux du groupe Sanofi, "ce qui permettrait de sauver 20 emplois de plus" selon le ministre. "C'est le début du désengagement" dénonce de son côté Laurence Millet, représentante de l'intersyndicale.

Structures communes avec le monde académique
20 à 30 emplois pourraient être maintenus grâce à des laboratoires communs avec le monde universitaire dans différents domaines (tuberculose, nanotechnologies, biochimie, biotechnologies, etc.). Le rapport évoque "un laboratoire de recherche partenariale entre l'Université Paul Sabatier et les chercheurs du groupe de l'Unité Exploratoire de Sanofi" mais conditionne la réussite du projet "à l'engagement de Sanofi à maintenir ses chercheurs impliqués dans ses laboratoires communs pendant au moins 5 ans". Là encore, des financements de la Région sont envisagés.

Fonctions support
Enfin, 140 emplois seraient maintenus via les fonctions support : 60 personnes sur leurs postes actuels, et 80 grâce à la mise en place d'une plateforme "Services support mutualisés" qui pourrait proposer ses services "à l'éco-système régional et à l'ensemble de l'Oncopole" peut-on lire dans le rapport.

Le rapport, nouvelle "feuille de route" de la direction
Arnaud Montebourg a annoncé que le rapport Saintouil a été accepté par la direction de Sanofi (qui en a pris connaissance le jour-même). Christian Lajoux, président du groupe pharmaceutique parle lui d'une "feuille de route qui peut évoluer. Il s'agit avant tout d'un état d'esprit, d'une philosophie". Une nuance qui n'a pas échappé à Laurence Millet de l'intersyndicale : "Une feuille de route, c'est vague, ils peuvent changer des choses" se méfie-telle. Christian Lajoux affirme tout de même qu'il s'agit "de la fin du statu quo pour Toulouse" et Arnaud Montebourg se félicite de la "reprise du dialogue social". Certains éléments de ce rapport, cependant, devraient difficilement passer auprès des salariés, comme le transfert vers Lyon de l'unité infectiologie, et 80 départs anticipés à la retraite. "Ce rapport a pris pour base les volontés de la direction, il est donc orienté" dénonce la syndicaliste.

Arnaud Montebourg affirme quant à lui que "le gouvernement considère comme nécessaire qu'une entreprise puisse se réorganiser, s'adapter, évoluer, rien ne doit être maintenu dans le formol". Il parle d'un accord gagnant-gagnant "pour le territoire, pour les salariés, pour Sanofi".
Les discussions entre la direction et les syndicats doivent débuter mardi 21 mai.

Sophie Arutunian
©photo Frédéric Marie

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Réactions:

Pierre Izard, président PS du Conseil général de Haute-Garonne, et le sénateur Bertrand Auban ont réagi par communiqué: "Comme nous le soutenons depuis des mois, la mission d'expertise mandatée par le ministre Arnaud Montebourg propose des voies d'avenir qu'aujourd'hui les dirigeants de Sanofi ont accepté de mettre en œuvre. Cette reconnaissance officielle ouvre à présent le temps de la concertation pour que, comme le préconise le rapport, les emplois du site toulousain soient effectivement pérennisés. La vigilance et la mobilisation demeurent donc toujours de rigueur pour aboutir, dans le respect du droit social des salariés, aux objectifs d'excellence scientifique dont leur savoir-faire est plus que jamais porteur."

Jean-Luc Moudenc, député UMP: Depuis 10 mois maintenant, dans une vaste Union politique, nous dénonçons le projet de la direction : ce rapport prouve que nous avons raison ! Le site est viable, la fermeture ne s'inscrirait donc pas dans un projet industriel mais dans la ligne du capitalisme financier le plus débridé, que je combattrai toujours. Je formule un regret. Depuis le début, je soutiens les salariés de Sanofi et je me suis impliqué dans les différentes initiatives. Malgré cela, je n'ai pas été convié ce matin à la Préfecture pour la réunion avec le Ministre Montebourg. Afin que je sois écarté, le Maire sortant de Toulouse a demandé, et obtenu, que seul le Député de la circonscription où le site est implanté soit présent. Comme si l'avenir de Sanofi Toulouse ne concernait que la 9è circonscription!

Martin Malvy, président PS de la Région Midi-Pyrénées: "Il y a six mois, c'était la suppression pure et simple du site de Toulouse. La démarche volontaire d'Arnaud Montebourg et la mission Saintouil - Amalric ont permis de sortir de l'impasse. C'est un résultat appréciable. Conçue par les deux experts et approuvée par le ministre, la feuille de route que la direction de Sanofi a déclaré ce matin prendre à son compte va maintenant servir de base aux négociations. J'espère qu'elles aboutiront positivement".

Pierre Cohen, maire PS de Toulouse: "Je me réjouis que les dirigeants du groupe pharmaceutique aient accepté les propositions de ce rapport qui préconisent le maintien du site toulousain, sans licenciement. Je salue tout particulièrement la méthode appliquée par Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, qui a permis de recréer le dialogue entre les organisations syndicales, la direction, les élus locaux et le gouvernement. C'est le succès d'un dialogue social que j'appelle de mes vœux depuis le début du conflit. Ce rapport d'expertise est une reconnaissance de la valeur des chercheurs du site toulousain et de l'écosystème que nous développons sur l'Oncopole. Aujourd'hui, ces conclusions, partagées par tous, constituent une avancée significative. Elles sont à l'image de ce qu'est Toulouse, un pôle d'innovation tourné vers l'extérieur. Elles conforteront l'avenir et le succès de Toulouse et de l' Oncopole dans les domaines de la recherche et le développement de nouveaux médicaments".

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