À Toulouse, il y a de plus en plus d'habitants (+ 16% entre 1999 et 2008), donc de plus en plus de salariés (+ 30% sur les dix dernières années), mais aussi de plus en plus de chômeurs (+8 % en 2011). Et ce, alors que les entreprises du bassin indiquent avoir des difficultés à recruter certains profils : c'est le paradoxe toulousain.

Une croissance régulière
Le bassin de Toulouse représente la moitié des effectifs salariés de la région. Une activité davantage centrée sur le tertiaire (3 salariés sur 4) autour des secteurs scientifique et technique, des services administratifs, de l'enseignement, de la santé et de l'action sociale. L'aéronautique, bien sûr, est fortement implantée dans la Ville rose et ce secteur porte l'industrie de toute la région. Airbus, Thales, Astrium et Continental Automotive France sont les principaux employeurs à Toulouse (plus de 16.000 salariés rien que chez Airbus). Les chiffres de Pôle Emploi sont confortés par Robert Vitra, vice-président de l'UIMM qui affirmait la semaine dernière que « dans une période difficile pour l'industrie au niveau national, Midi-Pyrénées fait figure d'exception avec un niveau d'activité élevé, porté par l'aéronautique et le spatial. La métallurgie représente 30 % des entreprises industrielles de la région, et plus de 50 % des emplois. »

Le bassin toulousain progresse à un rythme supérieur à la moyenne régionale, malgré une baisse de l'activité BTP-construction. Sur dix ans, le taux de croissance annuel moyen de l'emploi s'élève à +2,7% contre +1,7% en Midi-Pyrénées. Une croissance due à la forte attractivité de Toulouse selon Pierre Brossier, responsable statistique- études-évaluation à Pôle Emploi Midi-Pyrénées. « Toulouse est le premier bassin de France en termes d'intention d'embauches. »

Problèmes de recrutement
Néanmoins, Pôle Emploi a enregistré 72.135 offres d'emploi dans le bassin entre mai 2011 et avril 2012. Sur un an, on note 12,1% de contrats durables supplémentaires (CDD de plus 6 mois, ou CDI). À l'échelle régionale, c'est +8,4%. Les CDI représentent 43% des offres. « Cela est dû aux types de postes proposés. Les services domestiques, premier secteur à employer, sont des emplois durables » précise Pierre Brossier. « Il y a moins d'agriculture à Toulouse, donc moins d'emplois saisonniers », ajoute-t-il.

Malgré cela, le recrutement peut s'avérer plus ou moins aisé selon le profil recherché par l'entreprise et les conditions de travail. Parmi les métiers où il y a le moins d'offres, on trouve donc les banques et assurances, la santé et la maintenance. Les métiers qui recrutent le plus sont les services à la personne, le commerce et le support à l'entreprise. « Il faut que l'hôtellerie restauration ou le BTP continuent de faire des efforts sur la gestion de leur image pour embaucher. Les horaires décalés, les rémunérations, les conditions de travail ne sont pas incitatives », selon le spécialiste de Pôle Emploi.

On note que le nombre de demandeurs d'emplois augmente dans le bassin toulousain au même rythme qu'au niveau régional : environ + 8% entre 2011 et 2012. Les séniors sont particulièrement touchés même s'ils le sont moins à Toulouse qu'en Midi-Pyrénées (+ 15% sur un an sur le bassin, contre +17,3% en région).
En revanche les demandeurs d'emploi cadres sont surreprésentés dans le bassin (8% contre 5% en Midi-Pyrénées), de même que les techniciens.

Fin juillet, le bassin d'emploi de Toulouse comptait 87 900 chômeurs, c'est 10 % de plus que l'année dernière à la même période.

Sophie Arutunian
© photo Rémi Benoit