Emploi des jeunes : « il n’y a pas de génération sacrifiée » (Étienne Guyot, préfet de région)

À l’occasion du quarantième anniversaire des Missions Locales, ces structures publiques chargées d’accompagner les jeunes de moins de 26 ans vers l’emploi, Étienne Guyot fait un point dans les colonnes de La Tribune sur l’emploi de ces jeunes en Occitanie. Selon lui, la mobilisation à leur égard atteint des records. Entretien avec le préfet de Haute-Garonne et de la région Occitanie.
Dans les colonnes de La Tribune, Etienne Guyot revient sur l'emploi des jeunes en Occitanie à l'occasion des 40 ans des Missions Locales.
Dans les colonnes de La Tribune, Etienne Guyot revient sur l'emploi des jeunes en Occitanie à l'occasion des 40 ans des Missions Locales. (Crédits : Rémi Benoit)

La Tribune - Dans une région de France où le taux de chômage est le second plus élevé, devancée seulement par la Corse, comment se porte l'emploi des jeunes en Occitanie ?

Étienne Guyot - À la fin de l'année 2021, nous avions 12,1% de demandeurs d'emplois en Occitanie de moins de 25 ans. Il est intéressant de regarder comment cela a évolué. Si nous comparons aux chiffres de 2020, leur nombre en 2021 est inférieur de -9,9% et par rapport à 2019 nous sommes à - 4%.

Pour ce qui est de 2022, nous avions à fin août 19.500 demandeurs d'emplois de moins de 26 ans rien que sur la Haute-Garonne. Ils représentent 15% des demandeurs d'emplois du département mais ce chiffre est également sur une tendance à la baisse. Donc contrairement à ce que nous avons pu craindre un moment, il n'y a pas de génération sacrifiée par la crise sanitaire. Au contraire, ces chiffres témoignent d'une montée en puissance des dispositifs à ce sujet.

De quel maillage pour les Missions Locales dispose la région Occitanie ? Par rapport à d'autres régions est-elle mieux ou moins bien lotie ?

Il faut se rappeler que les Missions Locales ont été créées il y a 40 ans et si à leur création elles comportaient le mot « mission » dans leur dénomination c'est qu'elles devaient être provisoire. On pensait alors résorber le chômage des jeunes en 18 mois et finalement, ces structures publiques sont aujourd'hui pérennes et bien identifiées de tous.

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Actuellement, l'Occitanie accueille 26 Missions Locales, dont 12 rien que sur la Haute-Garonne, étant donné que c'est le département le plus peuplé de la région. Parmi elles, cinq se situent à Toulouse. Nous sommes plutôt une région qui est bien maillée en l'état actuel des choses.

Ce sont elles notamment qui gèrent les CEJ, les Contrats d'Engagement Jeune souhaités par Emmanuel Macron en réponse en partie aux collectivités locales qui réclamaient l'instauration d'un revenu universel jeune comme le conseil départemental de Haute-Garonne. Quel bilan tirez-vous de cette initiative quelques mois après les premiers contrats signés sur le département ?

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Le CEJ, c'est le contrat qui s'inscrit dans la continuité du Plan « Un Jeune Une solution » porté par l'ancien Premier ministre Jean Castex, et pour lequel beaucoup d'argent avait été mis sur la table. Depuis le 1er mars 2022, il remplace la Garantie Jeune. Le CEJ offre un suivi personnalité par les services publics de l'emploi de 6 à 12 mois, à raison de 15 à 20 heures par semaine et ce de manière intensive pour l'accompagner vers un projet professionnel durable. En l'échange de cet investissement, le jeune accompagné peut recevoir jusqu'à 520 euros mensuels.

Au 10 juillet, nous avions signé 7.885 Contrats d'Engagement Jeune en Occitanie, dont 1.680 en Haute-Garonne. Mais il faut que nous allions beaucoup plus loin et beaucoup plus fort. Ce dispositif doit monter en puissance.

Au-delà de ce nouveau dispositif national, quels indicateurs peuvent nous permettre de juger l'action des Missions Locales en Occitanie ?

Selon l'Insee, en 2021, l'Occitanie avait signé 38.600 contrats aidés, contre 27.800 en 2019. Cette amélioration est aussi observée sur les contrats en alternance toujours selon les chiffres de l'Insee. En 2021, la région a signé 73.800 contrats de la sorte, contre 46.150 (à noter que le gouvernement a mis en œuvre des incitations financières pour les entreprises sur la signature de contrats en apprentissage à la sortie de la crise sanitaire, ndlr). Par ailleurs, en 2021, près de 52.500 jeunes ont fait l'objet d'un Parcours contractualisé d'accompagnement vers l'emploi et l'autonomie (PCAEA). Ils n'étaient que 37.600 en 2019.

C'est la mobilisation la plus importante de France. Au total, les Missions Locales d'Occitanie ont délivré plus de 112.000 aides à l'emploi sur l'ensemble de l'année 2021, contre près de 74.000 en 2019. Le nombre de bénéficiaires de ces aides en Occitanie a augmenté de +44% contre 37% au niveau national. Ce n'est pas forcément parce que le chômage des jeunes est plus important qu'ailleurs, mais c'est surtout en raison du fait que nous accueillons chaque année entre 50.000 et 60.000 nouveaux habitants et par son dynamisme la région attire surtout des jeunes.

La situation est paradoxale en Occitanie avec un taux de chômage important et un nombre important d'offres non pourvues dans l'industrie aéronautique, le BTP, les services, etc... Par exemple, l'industrie aéronautique a des actions très ciblées à destination des femmes. Comment les Missions Locales peuvent-elles toucher davantage les jeunes et aller vers eux ?

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Nous avons de plus en plus des opérations communes Pôle Emploi - Missions Locales afin de lutter contre les tensions observées sur le recrutement. De plus en plus de jeunes accompagnés par les Missions Locales participent aux divers forums sur l'emploi organisés par Pole Emploi. Les Missions Locales préparent les jeunes à passer ces entretiens et notamment ces job dating, qui sont organisés à travers des opérations extrêmement ponctuelles et extrêmement territorialisées. Pour cela, nous fonctionnons par appel à projets principalement.

Parmi les projets retenus et en cours, nous avons « Rémo-jeunes » de la Mission Locale Haute-Garonne en consortium avec les Villes de Colomiers, St Jean, le Sicoval, la chambre des métiers et de l'artisanat du département et Face Grand Toulouse. Ce projet consiste à aller vers plus de 900 jeunes pour les remobiliser. Ainsi, 500 jeunes ont déjà été accompagnés notamment par le financement de formation, avec le soutien d'un million d'euros de l'État. Nous avons aussi le projet Social-Numéris de la Mission Locale de Toulouse qui consiste là aussi à aller vers les jeunes avec des simulateurs visuels de présentation des métiers, en se rendant sur des festivals notamment. Déjà 39 actions ont été menées, pour 752 premiers contacts dont 113 jeunes mobilisés, grâce en partie à un soutien de l'État à hauteur de 290.000 euros. Cela marche plutôt pas mal !

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