Emploi : Derichebourg Aeronautics recrute 250 personnes à Toulouse après un APC polémique

Le sous-traitant aéronautique de rang 1, qui emploie 1.100 personnes à Toulouse, lance une opération spéciale visant à recruter 300 personnes à court terme. Le tout dans un contexte de pénurie de main-d'oeuvre dans l'industrie aéronautique, alors que la société s'est faite remarquer durant la crise sanitaire avec un APC polémique.
Derichebourg Aeronautics Services recrute 250 personnes à Toulouse.
Derichebourg Aeronautics Services recrute 250 personnes à Toulouse. (Crédits : Rémi Benoit)

Airbus, CS Group, Liebherr Aerospace, Sabena Technics... Ces derniers jours, nombreuses sont les entreprises de la filière aéronautique, installées à Toulouse, à annoncer des recrutements sans plus tarder. Après 24 mois compliqués pour le secteur,  ce listing semble démonter qu'il reprend de l'allant et de l'optimisme.

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Récemment, le groupe Derichebourg Aeronautics Services est venu le compléter, avec l'annonce sans délai d'un recrutement de 300 personnes en France, dont 250 à Toulouse. Ce sous-traitant aéronautique de rang 1 recherche des profils sur plusieurs métiers.

"Nous avons de gros besoins notamment sur des inspecteurs qualité, de l'ingénierie, mais nous recherchons également des compagnons sur des profils de techniciens aéronautiques, mécaniciens, câbleurs, électriciens et intégrateurs cabine. Aussi, nous espérons recruter des analystes en gestion et navigabilité pour nos compagnies aériennes clientes", détaille Karine Alibert, responsable du pôle talents et compétences au sein de Derichebourg Aeronautics Services.

Pour mener à bien cette vaste opération de recrutement, la société qui travaille principalement pour Airbus organise un job dating, mercredi 9 février de 16 heures à 20 heures, au musée Aeroscopia de Blagnac. Le concept ? Les intéressés n'ont qu'à s'inscrire en amont afin de réserver un rendez-vous de quelques minutes avec un recruteur de l'entreprise. "Nous avons déjà plus de 350 inscrits, à plus d'une semaine de l'événement. Les gens répondent présent !", fait savoir la dirigeante, légèrement surprise par l'emballement autour de l'opération.

Tenter de pallier les difficultés de recrutement

Néanmoins, elle admet que si les chiffres continuent de grimper de la sorte, un premier écrémage sera réalisé par ses équipes afin de n'avoir en entretien que des profils correspondant à leurs attentes.

"Nous recherchons des personnes qui ont déjà un diplôme au moins ou un CQPM (Certificat de Qualification Paritaire de la Métallurgie, ndlr). L'idée est de les intégrer très rapidement sur le terrain après un parcours de formation en interne. Donc, dès que les recrues seront disponibles, elles seront intégrées", fait savoir Karine Alibert.

Dans l'idéal, Derichebourg Aeronautics aimerait pouvoir compter sur l'ensemble de ses nouveaux collaborateurs dès le mois de mars car l'activité reprend fortement. "Ce job dating est un signal très positif. Les cadences remontent et la société a obtenu quelques contrats importants", commente Jean-Marc Moreau, le délégué syndical FO, majoritaire au sein de Derichebourg Aeronautics. Notamment, le groupe toulousain bénéficie de la montée en puissance de la FAL (chaîne d'assemblage final) sur l'Airbus A321. "Mais cela reste très tendu en interne, nous avons des difficultés de recrutement, comme beaucoup d'autres entreprises de l'aéronautique", ajoute le représentant du personnel.

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De l'aveu même de la responsable du recrutement, "le marché est très sec (en profils)", avec une difficulté pour Derichebourg Aeronautics de recevoir des candidatures. "Aujourd'hui le marché de l'emploi est très tendu, les gens changent beaucoup de secteur d'activité. Nous avons besoin d'organiser des événements un peu marketing pour montrer que ça repart et que nous sommes là comme nos concurrents. Depuis la rentrée dernière, nous resserrons tous nos partenariats, notamment avec les écoles", explique Karine Alibert. En dehors du job dating, la société qui emploie 1.100 personnes à Toulouse prévoit aussi le recrutement de 50 alternants et d'autant de stagiaires en 2022. Une manière de préparer les professionnels de demain de la filière et de soulager les équipes actuelles.

Un APC aux braises encore chaudes

Bien qu'enclin aujourd'hui à accueillir de nouveaux collaborateurs, Derichebourg Aeronautics sort d'une période de fortes tensions sociales... Pour mémoire, deux ans en arrière, l'entreprise était la première de la filière aéronautique française à prendre des mesures sociales en réponse à la crise sanitaire. L'entité a demandé à ses salariés un effort financier sous forme d'un accord de performance collective (APC), sous peine dans le cas contraire de devoir procéder à un PSE.

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"L'APC a été fait pour éviter un PSE. Ce n'était peut-être pas une bonne solution mais c'était la moins pire pour maintenir l'emploi. Certains criaient que faire l'APC ne servirait à rien et qu'il y aurait un PSE quoi qu'il arrive, je crois que nous sommes bien loin de tout cela maintenant...", témoigne Jean-Marc Moreau qui a du faire face à l'opposition de certains syndicats sur la signature de l'APC comme l'UNSA.

Pour mémoire, les indemnités journalières repas et transport ont été supprimées puis remplacées - en partie - par des tickets restaurants dans le cadre de cet APC, tout comme il a engendré la suppression du 13ème mois pour les salaires supérieurs à 2,5 SMIC. Ce qui représente en moyenne un effort mensuel de 170 euros nets par salarié et que certains n'ont pas accepté, provoquant dès lors des dizaines de départs chez Derichebourg Aeronautics. "À la suite de l'APC, nous avons eu en interne 185 départs. Parmi eux, 130 sont partis pour lancer leur propre activité ou en ont profité pour se reconvertir, une trentaine sont partis en pré-retraite et 25 ont quitté la société car ils n'étaient pas en adéquation avec l'APC. Dans tous les cas, ce sont des personnes que nous n'aurions pas réussi à conserver", tient à faire savoir la direction de la société qui emploie au total 1.300 personnes en France. Derrière cette opération massive de recrutement, un enjeu d'image est clairement présent dans les rangs de Derichebourg Aeronautics.

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Commentaire 1
à écrit le 02/02/2022 à 10:50
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Ils vont être embauché en CHP ? car la grande majorité de employé la bas le sont encore .

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