Face aux difficultés de recrutement constatées dans l'industrie, la filière aéronautique innove pour trouver preneur à ses offres d'emploi. Alors que SII Sud-Ouest compte faire passer des entretiens d'embauche dans un décor de cockpit d'avion pour trouver 200 nouveaux collaborateurs, c'est au tour du groupe spécialisé dans la maintenance aéronautique, Sabena Technics, d'innover pour tenter de signer une quarantaine de peintres aéronautiques en CDI, en seulement quelques heures.

"Ces difficultés sont un risque pour la filière aéronautique. Si les acteurs ne trouvent pas les ressources, comment vont-ils tenir les cadences de production demandées ? Les emplois industriels, dont ceux de l'aéronautique, n'attirent plus comme avant, notamment chez les jeunes. On leur fait viser les études supérieures en faisant croire qu'une filière technique et/ou technologique ce n'est pas terrible. Pourtant, ce sont de beaux métiers, parfois sophistiqués, qui allient souvent plusieurs savoir-faire. Sans parler du fait que l'aéronautique est attaquée par des allégations écologiques totalement erronées. Face à tout cela, nous avons essayé d'être créatifs et innovants en changeant nos habitudes pour recruter", analyse Philippe Rochet, le CEO du groupe Sabena Technics.

C'est ainsi que le dirigeant compte ouvrir les portes de son atelier de peinture aéronautique, à proximité immédiate de l'aéroport Toulouse-Blagnac, située sur la commune de Cornebarrieu (Haute-Garonne), pour un événement pas comme les autres. Ouvert en 2015, cette base a fait l'objet d'un important investissement de 20 millions d'euros avant la crise sanitaire pour faire sortir de terre un quatrième atelier de mise en peinture dédié aux avions longs-courriers.

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Importante campagne de communication

C'est donc ce site de plusieurs de milliers de mètres carrés qui va accueillir le dispositif "Un rendez-vous, un CDI" de la société Sabena Technics, face au constat que "les modes de recrutement classiques ne sont plus suffisamment efficaces", selon Philippe Rochet. Les demandeurs d'emplois, les personnes en recherche de reconversion professionnelle, les jeunes, les néo-diplômés, etc. sont ainsi invités à se rendre sur place (entre 9 heures et 17 heures, avenue Latécoère à Cornebarrieu), pour rencontrer les équipes du groupe et, si affinité il y a, signer une promesse d'embauche.

Le groupe Sabena Technics est installé à Toulouse depuis 2015 (Crédits : Rémi Benoit).

"Nous proposons aux gens de venir nous voir, rencontrer les salariés, découvrir notre environnement de travail, etc. Nous ne cherchons aucun profil type, ou expérience professionnelle particulière. Nous voulons simplement des personnes intéressées par le métier et motivées. Voir ces personnes nous permettra de réellement évaluer leur motivation, tout ne peut pas se faire derrière un écran", justifie le dirigeant.

Pour attirer la foule jusqu'à Sabena Technics, cette dernière n'a pas hésité à mettre les moyens en s'offrant des campagnes de communication sur le site Le Bon Coin, les réseaux sociaux ou encore Youtube, sans parler des campagnes d'affichage dans la ville de Toulouse et dans l'ouest toulousain. Le groupe espère ainsi attirer une centaine de personnes, mais Philippe Rochet le répète, "le véritable objectif ce sont les 40 CDI signés le 2 décembre au soir".

Une fois sélectionné, les candidats se verront offrir une formation qualifiante de peintre professionnel en aéronautique, avant de pouvoir prendre pleinement leur poste sur le site de Toulouse de l'entreprise, là où tout aura commencé pour eux et où déjà 120 personnes s'affairent chaque jour. Si jamais, cette "expérimentation", comme le CEO aime définir cet événement, est un succès, elle pourrait être dupliquée ailleurs en France sur d'autres sites de Sabena Technics.

Des inquiétudes face à la cinquième vague de la Covid-19

Aujourd'hui, le groupe emploie 3.000 personnes dans le monde, dont 80% en France, et est parvenu à traverser la crise sanitaire sans licenciement contraint ni réduction de ses effectifs. Désormais, l'heure est à la reprise, et les recrutements sur le site de Toulouse sont réalisés dans cette optique.

"Nous sommes dans une phase de reprise, tout particulièrement sur l'activité aéronautique civile (Toulouse dispose de trois ateliers de mise en peinture pour les mono-couloirs, ndlr). Mais nous nous interrogeons quand même, face à cette cinquième vague, avec de plus en plus de salariés cas contact ou cas positif. Est-ce-que cela ne va pas compromettre la reprise qu'on voyait sur les courts et moyens courriers ?", se questionne Philippe Rochet.

Selon ce dernier, la visibilité sur le carnet de commandes est de l'ordre du trimestre depuis le début de la crise sanitaire, alors qu'auparavant celle-ci était de 12 mois. Ce qui n'empêchera pourtant pas à Sabena Technics d'atteindre le cap des 500 millions d'euros de chiffre d'affaires, après un trou d'air inférieur à 450 millions en 2020.