Aéronautique : coup d'arrêt sur l'emploi et recours massif à l'activité partielle en 2020

En pleine croissance avant la crise, la filière aéronautique a connu un net coup d'arrêt en 2020. Au total, ce sont 6.000 ruptures de contrats de travail qui ont été envisagées au cours de l'année dans le cadre des 29 PSE recensés dans le secteur en France par la Dares. Et les pertes d'emplois auraient pu être plus importantes si les industriels n'avaient pas eu recours massivement à l'activité partielle.
L'aéronautique a fait appel massivement à l'activité partielle depuis le début de la crise.
L'aéronautique a fait appel massivement à l'activité partielle depuis le début de la crise. (Crédits : Rémi Benoit)

2020 restera gravée comme une année noire pour la filière aéronautique. "L'activité dans l'aéronautique et le spatial s'est brusquement arrêtée au début de la crise sanitaire", remarque la Dares, le service statistique du ministère du Travail, dans une étude parue le 11 mai dernier.

Près de la moitié des salariés en activité partielle en mai 2020

Si le constat n'est guère surprenant, le document a le mérite de mettre en lumière l'ampleur du recours à l'activité partielle dans l'aéronautique depuis un an.

"Alors que la pratique était quasi inexistante avant 2020, près de la moitié des salariés du secteur sont placés pour au moins une heure en activité partielle au mois de mai 2020", révèle la Dares. 

Durant l'été, le recours à l'activité partielle "reste bien plus élevé que dans le reste de l'industrie fin octobre (16 % contre 5 %)". En fin d'année, beaucoup ont basculé sur le dispositif d'activité partielle de longue durée (APLD) qui peut être mis en place pendant deux années. "Sur les trois derniers mois de l'année 2020, environ la moitié des effectifs en activité partielle (soit 24.000 personnes) le sont au titre de l'APLD", note la Dares.

Un recours massif à l'activité partielle qui a permis de limiter les pertes d'emplois. D'après le service statistique du ministère du Travail, 29 plans de sauvegarde de l'emploi (PSE) ont été initiés en 2020 dans l'aéronautique, pour 52 établissements et environ 6.000 ruptures de contrats envisagées, ce qui représente 8 % des ruptures de contrat envisagées dans l'ensemble des PSE à cette période en France. Des chiffres qui ne prennent pas en compte les suppressions de postes en dehors des PSE. Pour rappel, au début de la crise, le Gifas craignait 60.000 destructions d'emplois.

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Pour autant, la pandémie signe un net retournement de tendance. En 2019, aucun plan social n'avait été recensé dans le secteur aéronautique par la Dares. Au contraire, la filière était en pleine expansion. "Elle avait créée 5.500 emplois dans le Grand Sud-Ouest en 2019 et 4.600 en 2018. La crise a donc quasiment éliminé les 10.000 créations d'emploi de ces deux dernières années", soulignait début avril Lionel Doisneau, chef de la division économie de l'Insee Occitanie. L'institut de statistiques a estimé que le secteur a perdu 8.800 salariés en Occitanie et en Nouvelle-Aquitaine sur un an.

Lire aussi : Aéronautique : le Sud-Ouest perd près de 9.000 emplois en un an

Effondrement des embauches et des contrats courts

De son côté, la Dares estime que le niveau des embauches s'est effondré de 41% en un an (avec un pic à -70% en avril 2020). Les emplois temporaires (CDD et intérim) sont durablement touchés par le ralentissement de l'activité. Alors que l'impact sur les contrats courts s'est atténué dans le reste de l'industrie dès l'été, le niveau dans l'aéronautique reste inférieur de moitié à celui d'octobre 2019.

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Et le choc de la crise sur la filière aéronautique n'est pas terminé. Car une partie des entreprises ayant contracté des PGE (prêts garantis par l'État) sont confrontées à un mur de la dette. "Beaucoup d'entreprises ont différé les PSE", faisait remarquer en début d'année Philippe Robardey, le président de la CCI de Toulouse. "En 2020, dans une situation très particulière, l'État a su faire preuve de mansuétude en demandant à ses services de ne pas assigner les entreprises qui étaient en difficulté. Ce qui explique une forte baisse des procédures collectives (- 40% en Haute-Garonne). Mais en réalité, on a juste retardé l'échéance. Nous avons augmenté le stock des entreprises qui auraient dû passer en liquidation et qui vont donc se retrouver inévitablement dans cette situation", analysait le chef d'entreprise. L'aéronautique n'est pas encore à l'abri de turbulences dans les mois à venir.

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