Toulouse craint "une recrudescence" des plans sociaux en 2021

La litanie des plans sociaux devrait s'accentuer en 2021 dans la Ville rose, ce qui inquiète la CCI de Toulouse. Beaucoup d'entreprises ont différé ces annonces dans l'espoir d'une reprise rapide et les mesures de soutien de l'État ont pu sauver temporairement certaines entreprises. Outre l'aéronautique, où la baisse de charge culmine jusqu'à 80 % dans l'ingénierie, les secteurs de l'événementiel et de l'hôtellerie-restauration sont particulièrement menacés.
De nouveaux plans sociaux dans l'aéronautique sont à craindre en 2021.
De nouveaux plans sociaux dans l'aéronautique sont à craindre en 2021. (Crédits : Rémi Benoit)

L'avalanche de plans sociaux dans la région toulousaine n'est pas près de s'arrêter. Alors que la menace de licenciements s'éloigne chez Airbus, la situation est très préoccupante chez les sous-traitants  : d'après le décompte réalisé par La Tribune mi-décembre, 4.500 emplois sont menacés autour de Toulouse rien que dans la filière aéronautique. Ces annonces ne sont malheureusement que la partie immergée de l'iceberg.

Une baisse en trompe l'oeil des liquidations

"Beaucoup d'entreprises ont différé les PSE", a fait remarquer Philippe Robardey, le président de la CCI de Toulouse lors de ses voeux à la presse jeudi 14 janvier, qu'il analyse comme un excès d'optimisme. "Le chef d'entreprise commet toujours le même type d'erreurs. La première est de se dire 'demain, il fera soleil'. Beaucoup ont pensé au mois de mars, qu'il ne fallait pas s'inquiéter, qu'au mois de septembre, tout irait mieux. Par conséquent, beaucoup de sociétés ont retardé les décisions relatives à des PSE dans certaines activités", observe-t-il.

Paradoxalement, les procédures collectives ont connu une chute de 40% en Haute-Garonne sur l'année 2020. Cette baisse en trompe l'oeil s'explique par les mesures de soutien exceptionnelles prises par l'État et qui ont pu sauver temporairement des entreprises en grandes difficultés.

"Souvent, les entreprises en difficulté ne paient pas les charges sociales, les cotisations Urssaf, les impôts et taxes. La direction des finances publiques assigne les entreprises pour qu'elles paient. L'an dernier, dans une situation très particulière, l'État a su faire preuve de mansuétude en demandant à ses services de ne pas assigner les entreprises qui étaient en difficulté. Ce qui explique une forte baisse des procédures collectives. Mais en réalité, on a juste retardé l'échéance. Nous avons augmenté le stock des entreprises qui auraient dû passer en liquidation et qui vont donc se retrouver inévitablement dans cette situation", analyse Philippe Robardey.

Le président de la CCI toulousaine ajoute :

"Nous nous attendons à une recrudescence des procédures collectives pour l'année 2021. Nous ne savons pas exactement à quel moment - tout le monde joue de sa boule de cristal- mais cela devrait être au premier semestre."

Par ailleurs, comme au niveau national, en Haute-Garonne, 20% des entreprises déclarent qu'elles vont avoir de grandes difficultés, voire l'incapacité à rembourser leur PGE (prêt garanti par l'Etat). À ce sujet, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a annoncé le 14 janvier que les entreprises pourraient bénéficier d'une année supplémentaire avant de commencer à le rembourser.

Lire aussi : Pour aider les entreprises fragilisées, les banques réactivent les moratoires de crédit

En Haute-Garonne, le taux de chômage est en hausse d'un point sur un an et culmine à 8,9% de la population active, proche du niveau national situé à 9% (France métropolitaine) et inférieur à l'échelle de l'Occitanie (10,5%). Un autre chiffre illustre le véritable retournement de tendance dans la région toulousaine qui connaissait un développement économique prospère ces dernières années. Le département a perdu 1/400 emplois alors qu'il en avait créé 13.000 en 2019. "Un décrochage brutal" de l'économie a pointé Philippe Robardey.

Jusqu'à 80% de baisse d'activité dans l'ingénierie

Sans surprise, l'aéronautique est en première ligne de ce coup d'arrêt de l'activité. Le président de la CCI de Toulouse, également à la tête de la société d'ingénierie Sogeclair (qui a annoncé un PSE au mois de juin) constate :

"Les activités d'ingénierie ont été fortement réduites avec des rapatriements de travaux chez les avionneurs. Pour donner quelques chiffres sur l'aviation commerciale, qui est quand même la base de l'économie de notre région, La baisse est l'activité sur l'ingénierie se situe en 66% et 80%."

À noter que la publication annuelle des comptes des entreprises masquera une partie des difficultés puisque les trois premiers mois de l'année ont connu tout de même une tendance favorable. Outre l'ingénierie, le dirigeant note "une surcapacité dans l'usinage" qui devrait toucher l'Occitanie. Par ailleurs, comme dans le reste de la France, les secteurs de l'hôtellerie-restauration, de la communication et de l'événementiel sont "particulièrement fragilisés".

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