Aéronautique : "un emploi chez un donneur d'ordres engendre 5 emplois dans la sous-traitance"

En 2019, la région Occitanie concentrait pas moins de 10 % des intentions d'embauche en France. Cependant, certains métiers peinent à trouver preneurs. Comment expliquer ces difficultés de recrutement ? Quels sont les profils les plus prisés par les entreprises ? Thierry Abad, directeur régional Sud-Ouest du groupe Synergie, spécialisé dans le recrutement, la formation, l'intérim et le conseil RH, fait le point sur l’emploi en Occitanie. Interview.
L'emploi aéronautique attire dans la région Occitanie.
L'emploi aéronautique attire dans la région Occitanie. (Crédits : Rémi Benoit)

La Tribune : Dans une région qui concentre un nombre important d'intentions d'embauche selon Pôle Emploi, quels sont les secteurs d'activité qui recrutent le plus en Occitanie ?

Thierry Abad : Sur l'ensemble de la région, toute la catégorie cadre est dynamique en matière de recrutement. Je pense notamment aux managers sur des fonctions commerciales mais également aux cadres en informatique, où l'offre est quasiment supérieure à la demande. Les métiers de l'informatique vont être en forte tension demain et après-demain au travers des évolutions technologiques. Sur l'Occitanie et sur le bassin toulousain plus particulièrement, il y a également une forte demande pour les ingénieurs en aéronautique. Tout comme il y a une pénurie de profils dans l'ensemble des métiers du secteur tels que les ajusteurs monteurs, les tourneurs, etc.

Lire aussi : Comment se porte l'emploi en Occitanie ?

La Tribune : Concrètement, pouvez-vous illustrer ces tensions qui concernent les recrutements dans ces secteurs en particulier ?

T.A. : Un ingénieur diplômé avec une à deux années d'expérience ne reste pas plus de deux mois sur le marché du travail sans avoir de proposition d'emploi. Par exemple, les ingénieurs aéronautique sont très prisés par des donneurs d'ordres tels que Airbus, mais également les sous-traitants et les startups. L'industrie aéronautique représente plus de 120 000 salariés au niveau national sachant que l'épicentre de ce secteur d'activité est le bassin toulousain. En 2018, il a embauché 15 000 personnes, idem pour l'année qui vient de s'achever. L'UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie) estime qu'un recrutement sur deux est compliqué et cela l'est même encore plus sur les profils d'ingénieurs ou cadres techniques. Il y a une telle tension sur le marché que certaines formations qualifiantes livrent presque l'emploi avec le diplôme.

La Tribune : Comment expliquez-vous ce phénomène de l'offre plus forte que la demande dans la catégorie cadres et certaines professions intermédiaires citées auparavant ?

T.A. : Il y a plusieurs éléments d'explication. Aujourd'hui, il y a une telle pénurie sur les métiers d'ingénieurs que lorsqu'un jeune poursuit un cursus de formation en bac +2, il est aspiré par les écoles d'ingénieurs pour poursuivre sur du bac +5. Cet appel d'air crée un grand vide sur la population intermédiaire, les techniciens par exemple, où nous avons de grandes difficultés de recrutement.

Ensuite, il y a un paradoxe où les offres d'emplois sont très importantes dans des métiers parfois pas très attractifs tels que le service à la personne, l'hôtellerie, la restauration, le BTP... mais où les offres de formation ne sont pas à la hauteur des attentes des entreprises qui recrutent. Si les métiers qui recrutent sont en tension cela signifie que l'offre de formation est nettement insuffisante. Il y a un grand décalage entre l'offre en sortie de formation et les demandes des entreprises et ce, sur l'ensemble des métiers en Occitanie.

Lire aussi : Les intentions d'embauche explosent en Occitanie

La Tribune : Malgré cette situation, le taux de chômage de la région Occitanie est l'un des plus importants des régions françaises ? Comment expliquez-vous cela dans l'une des régions qui créent le plus d'emplois ?

T.A. : En Occitanie, le taux de chômage est de 10 %, ce qui est plus élevé que la moyenne nationale, même s'il recule dans les mêmes proportions. Ce taux est très impacté par les départements côtiers puisque parmi les cinq départements ayant le taux de chômage le plus élevé en France, figurent les Pyrénées-Orientales, le Gard, l'Aude et l'Hérault. Inversement, il y a des départements qui se portent très bien comme la Haute-Garonne qui est en dessous de la moyenne nationale. La Lozère, le Gers et l'Aveyron sont dans le top 10 des départements ayant le plus faible taux de chômage.

Lire aussi : Gilets jaunes : le chômage partiel explose dans les commerces d'Occitanie

Lire aussi : L'Occitanie Fintech se dit prête à créer au moins 100 emplois par an

La Tribune : Quelles sont vos prévisions pour l'emploi des cadres dans la région Occitanie en 2020 ?

T.A. : Elles sont très fortes car aujourd'hui nous avons des offres d'emploi qui sont plus importantes en nombre que la demande. Dire qu'il y a deux fois plus de postes à pourvoir que de candidats est correct. C'est la raison pour laquelle nous avons décidé d'ouvrir il y a un an le cabinet de recrutement S&you, à Toulouse, spécialisé sur les experts et les cadres. L'approche que nous avons souhaité mettre en place sur cette population là, c'est de trouver non seulement la compétence mais également la bonne entreprise pour le bon collaborateur.

Lire aussi : Le recrutement des cadres au plus haut depuis 10 ans en Occitanie

La Tribune : Dans un secteur très porteur dans la région comme l'industrie aéronautique, combien recense-t-on d'offres d'emploi ? Pour quelle répartition entre donneurs d'ordres et sous traitants ?

T.A. : Dire que deux à trois milles postes sont à pourvoir sur le bassin toulousain dans les secteurs de l'aéronautique et de l'informatique qui sont étroitement liés n'est pas utopique. Le 24 septembre dernier, nous avons tenu le salon Synergie Aéro durant lequel plus de 1 000 emplois dans l'industrie aéronautique étaient à pourvoir. À l'issue de cette journée, nous avons reçu plus de 3 700 candidatures. Près de la moitié de ces personnes étaient déjà en poste. La demande est tellement forte qu'il est très facile pour quelqu'un de qualifié, d'expérimenté voire de diplômé de changer d'entreprise.

Pour ce qui est de la répartition entre donneurs d'ordres et supply chain, on parle d'un pour cinq quasiment. C'est-à-dire que lorsque vous avez une embauche chez des donneurs d'ordres comme Airbus, ATR et Thalès, souvent, cela correspond à cinq postes chez les sous-traitants.

Lire aussi : Airbus prévoit 1 200 recrutements à Toulouse en 2019

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 06/02/2020 à 6:01
Signaler
Moi je suis sur Montauban j’ai envoyé des cv dans toute les Boîtes aéronautique et aucune nouvelle donc si ils ont du mal à recruter,il faudrait peut-être répondre au candidature

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.